Finies les 35 heures, bientôt des semaines de 69 heures de travail !

Finies les 35 heures, bientôt des semaines de 69 heures de travail !
Adeline Lajoinie

Alors que certain·es rêvent de la semaine de 4 jours, dans d’autres entreprises, on préconise les 69 heures hebdomadaires. Une augmentation du temps de travail qui a des effets positifs sur la productivité ?

La semaine de 6 jours : pourquoi la mettre en place ? 

Dans un contexte économique exigeant, la flexibilité et l’adaptation sont devenues des impératifs pour les entreprises et les économies nationales. 

Selon France Stratégie, pour dynamiser le marché du travail, il est crucial d’augmenter le taux d’activité, de réduire le chômage et d’améliorer la qualité de l’emploi. Une gestion astucieuse du temps de travail apparaît alors comme une stratégie potentiellement efficace.

Une politique du temps de travail bien conçue peut répondre à des objectifs variés. Pour stimuler l’activité, favoriser le temps partiel ou la combinaison travail-formation semble judicieux. 

Pour lutter contre le chômage, ajuster la durée du travail peut freiner l’augmentation des coûts salariaux unitaires, essentiels pour renforcer la compétitivité. De plus, une approche flexible du temps de travail pourrait s’adapter aux besoins spécifiques des travailleurs et des entreprises, tenant compte de la conjoncture économique et des parcours individuels.

Cependant, augmenter le temps de travail sans ajustement salarial proportionnel peut, à court terme, accentuer le chômage si les entreprises réduisent leur main-d’œuvre pour maintenir leurs coûts. À moyen terme, cela pourrait néanmoins accroître la compétitivité, stimuler la production et potentiellement créer des emplois.

Le cas de Samsung : un exemple controversé

Comment Samsung a augmenté le temps de travail à une semaine de 6 jours ?

Récemment, Samsung a instauré une semaine de six jours pour ses cadres, sans compensation financière, dans le but de “diffuser un sentiment de crise”. Cette décision radicale s’inscrit dans un effort pour redresser les performances déclinantes de ses diverses entités, notamment Samsung Electronics. Le groupe espère que cet effort supplémentaire stimulera la productivité et les résultats financiers.

L’objectif est de réagir rapidement à cette crise en maximisant l’effort des cadres, à raison d’une journée de travail de plus par semaine, le samedi ou le dimanche. Toutefois, cette approche est loin d’être universellement acceptée, surtout dans des régions comme l’Europe, où la tendance est à la réduction du temps de travail.

Le choix de Samsung illustre un dilemme majeur : trouver le juste équilibre entre augmenter les heures de travail pour booster la productivité et maintenir l’engagement et la motivation des employés. Cette stratégie est risquée, car elle peut affecter le moral des employés et, par conséquent, leur efficacité à long terme.

L’augmentation du temps de travail est donc une stratégie qui peut offrir des avantages compétitifs à court terme, mais elle n’est pas sans risques. La clé réside dans l’approche adoptée pour implémenter cette augmentation. 

Opter pour une méthode flexible et négociée, en respectant les souhaits des employés et les conditions du marché, est crucial pour éviter les impacts négatifs. En outre, des exemples comme celui de Samsung montrent que même des décisions drastiques doivent être soigneusement évaluées pour éviter des conséquences à long terme sur la productivité et la satisfaction des employés.

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Augmenter le temps de travail de toute une entreprise : est-ce possible en France ? 

En France, le cadre légal de la durée du travail est bien structuré. 

La semaine de travail standard est de 35 heures, bien que des aménagements soient possibles selon les secteurs et les périodes d’activité. Les entreprises peuvent ajuster les heures de travail sur des cycles allant jusqu’à trois ans, selon les fluctuations de leur activité.

Les ajustements sont généralement encadrés par des accords collectifs, garantissant que toute modification respecte les droits des salariés. Par exemple, en période de forte demande, un salarié peut travailler plus de 35 heures par semaine, compensées par moins d’heures dans les périodes creuses. Ces arrangements nécessitent une communication claire et l’accord des représentants des salariés.

L’année dernière en Corée du Sud, une proposition gouvernementale visant à étendre la semaine de travail légale de 52 à 69 heures a suscité des débats houleux. Actuellement, les travailleurs sud-coréens sont soumis à une semaine de 40 heures, avec la possibilité d’effectuer jusqu’à 12 heures supplémentaires.

Cette mesure, destinée à satisfaire les demandes d’entreprises ayant du mal avec la limite actuelle, a été abandonnée suite aux protestations des jeunes, inquiets des impacts sur leur santé et l’équilibre vie-travail. En 2022, selon l’OCDE, les Sud-Coréens travaillaient déjà 1.915 heures annuelles, bien plus que les 1.791 heures des Américains et les 1.490 heures des Français, reflétant les défis persistants liés à la gestion du temps de travail dans le pays.

En France, une proposition similaire rencontrerait probablement des résistances comparables. La culture du travail en France valorise l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et les changements significatifs dans la durée du travail pourraient provoquer des réactions négatives, tant de la part des syndicats que du grand public.

Est-ce que ce qui s’est passé en Corée peut se passer en France ? Il est peu probable que la France accepte une augmentation aussi drastique du temps de travail sans des compensations claires et une négociation avec les syndicats. La tradition de protection des droits des travailleurs et l’importance accordée à l’équilibre travail-vie personnelle joueraient un rôle clé dans toute discussion à ce sujet.

Et la semaine de 4 jours dans tout ça ? 

quels sont les avantages de la semaine de 4 jours ?

En France, contrairement à la Corée du Sud où l’on discute d’une augmentation de la durée du travail, la tendance est à la réduction des heures travaillées

Plus de trois quarts des Français se disent favorables à une semaine de travail de quatre jours, comme le révèle un sondage d’Odoxa pour BFMBusiness. Cette préférence reflète le désir de mieux équilibrer travail et vie personnelle, en travaillant environ 8 heures et 45 minutes par jour sur quatre jours au lieu des traditionnelles 7 heures réparties sur cinq jours.

Les jeunes sont particulièrement enthousiastes, avec 83% des 25-34 ans favorables à cette idée. La semaine de quatre jours pourrait aussi présenter des avantages économiques, comme l’économie de 20% de carburant pour ceux qui se déplacent en voiture, et un meilleur équilibre pour ceux qui ne bénéficient pas de RTT

Cependant, cette réorganisation pourrait aussi poser des défis, notamment en augmentant la fatigue des employés avec des journées de travail plus longues et en compliquant l’organisation familiale pour les parents. De plus, les employeurs pourraient craindre une baisse de performance avec des journées de travail rallongées. 

Malgré ces risques, l’expérience réussie au Royaume-Uni montre que la semaine de quatre jours peut améliorer le bien-être des employés sans compromettre la productivité, suggérant que les avantages pourraient l’emporter sur les inconvénients.

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Adeline Lajoinie

Journaliste et Rédactrice Web SEO, j'ai promené ma plume dans les colonnes de nombreux journaux. Depuis plus de 10 ans, c'est surtout le digital qui profite de mes mots, pour des rédactions web parfaitement bien référencées, dans tous les domaines.