Licenciement d’un fonctionnaire : ce qu’il est déjà possible de faire
En droit de la fonction publique, la notion de « licenciement » englobe diverses modalités par lesquelles l’administration peut mettre fin à la carrière d’un fonctionnaire, bien que ce terme n’ait pas exactement le même sens que dans le secteur privé.
L’article L553-1 du Code général de la fonction publique précise que le licenciement peut survenir pour plusieurs raisons telles que l’abandon de poste, le refus de postes après une période de disponibilité, ou encore pour insuffisance professionnelle.
La révocation, équivalent du licenciement pour faute grave dans le privé, est réservée aux fautes disciplinaires sévères comme les violences ou les manquements graves à l’éthique. Ce type de licenciement est réglementé et nécessite une procédure disciplinaire rigoureuse avant d’être effectif. Il est important de noter que la révocation a des conséquences significatives, y compris la perte de la qualité de fonctionnaire.
Le licenciement pour insuffisance professionnelle est également bien encadré. Il se distingue de la révocation car il ne repose pas sur une faute, mais plutôt sur une incapacité à atteindre les standards professionnels attendus par l’administration. Ce type de licenciement implique un processus qui peut inclure l’évaluation par un conseil de discipline, donnant à l’agent la possibilité de consulter son dossier et de répondre aux allégations avant que toute décision ne soit prise.
En cas d’abandon de poste, caractérisé par une absence prolongée et non justifiée, l’administration peut procéder au licenciement sans une procédure disciplinaire complète. Cependant, une mise en demeure est généralement envoyée à l’agent, lui demandant de reprendre le travail. Si cette demande n’est pas respectée, l’article L553-1 prévoit que le licenciement peut alors être prononcé.
Ces différentes formes de licenciement montrent que le statut de fonctionnaire, bien qu’offrant une certaine sécurité d’emploi, n’exclut pas la possibilité de licenciement en cas de non-conformité avec les obligations professionnelles ou les attentes de performance. Cette réalité met en lumière l’équilibre entre la protection des droits des fonctionnaires et la nécessité pour l’administration de maintenir un service public efficace et responsable.
Ainsi, bien que le cadre juridique offre des protections, il impose aussi des exigences claires aux fonctionnaires, et les divers articles du Code général de la fonction publique sont là pour rappeler que les obligations et les performances sont à prendre au sérieux dans la fonction publique.
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Licenciement de fonctionnaires : ce que veut changer le gouvernement en 2024
En 2024, le gouvernement semble envisager de réformer le cadre des licenciements dans la fonction publique, notamment pour clarifier et potentiellement élargir les critères d’insuffisance professionnelle.
Actuellement, cette cause de licenciement, bien que légalement reconnue, souffre d’un manque de définition précise et est peu utilisée. En 2022, parmi environ 2,5 millions d’agents, seulement 13 ont été licenciés pour insuffisance professionnelle, et 222 pour des motifs disciplinaires, selon les données de la Direction générale de l’administration et de la fonction publique (DGAFP).
Le ministre en charge, Stanislas Guerini, souligne que l’insuffisance professionnelle doit être mieux définie pour permettre une évaluation plus juste de la performance des fonctionnaires. Il argue que l’incompétence d’un seul membre dans un collectif de travail peut impacter négativement l’ensemble du groupe, créant un environnement de travail démoralisant pour les autres.
Le gouvernement souhaite donc mettre en place un système plus rigoureux pour identifier et gérer ces cas, encourageant ainsi une fonction publique plus efficace et méritocratique.
Cette réforme s’inscrit dans une vision plus large de modernisation de la fonction publique, visant à accroître la mobilité et la reconnaissance des performances. Elle s’accompagnerait de mesures permettant une plus grande transparence dans les procédures de licenciement et une meilleure évaluation des compétences, dans l’optique de rendre l’administration publique aussi dynamique et réactive que le secteur privé, tout en conservant les spécificités et les protections du statut de fonctionnaire.
Les syndicats ont réagi vigoureusement à la proposition de réforme du licenciement dans la fonction publique, la percevant comme une menace pour la sécurité de l’emploi. La CGT, par exemple, a critiqué l’initiative, la considérant comme une ouverture potentielle à des licenciements injustifiés. D’autres, comme l’UNSA, demandent une concertation plus approfondie, soulignant la nécessité de discuter des changements avec les représentants des travailleurs pour préserver le climat social et les droits dans la fonction publique.
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