Informer et consulter le CSE : quelles sont les différences ?

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Instauré par les ordonnances Macron, le Comité social et économique (CSE) se substitue aux anciennes instances représentatives du personnel (les délégués du personnel, le Comité d’entreprise et le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).

La fusion des instances préexistantes en une instance unique, le Comité social et économique, implique une centralisation des missions autrefois dévolues aux instances préalablement existantes.

Le ComitĂ© social et Ă©conomique dispose de prĂ©rogatives indispensables Ă  l’exercice de ses missions. La consultation est l’une des principales prĂ©rogatives du ComitĂ© social et Ă©conomique. Cette procĂ©dure, qui rĂ©pond Ă  des règles prĂ©cises Ă©dictĂ©es par le Code du travail, permet au CSE de reprĂ©senter l’intĂ©rĂŞt collectif des salariĂ©s au regard de la situation de l’entreprise. 

Ainsi, de nombreuses situations imposent Ă  l’employeur d’informer et de consulter prĂ©alablement le ComitĂ© social et Ă©conomique sur les sujets les plus significatifs, afin que ce dernier Ă©mette un avis. Toutefois, il est essentiel de distinguer la notion de « consultation Â» et d’« information Â».

Ces deux notions, d’apparence similaires, présentent des distinctions : l’une implique, pour l’employeur, de recueillir l’avis motivé des élus du CSE avant toute prise de décision, tandis que l’autre nécessite uniquement la transmission d’informations relatives à l’évolution de l’entreprise.  

Quelle est la différence entre consultation et information du CSE ?

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L’employeur est tenu, dans de nombreuses situations, d’informer ou de consulter le ComitĂ© social et Ă©conomique avant de prendre une dĂ©cision. 

Ces deux notions ne doivent pas être confondues. En effet, la consultation nécessite, pour le CSE, d’émettre un avis motivé. A l’inverse, la simple information ne requiert pas d’avis émanant du Comité social et économique.

L’information du CSE

Ainsi, l’obligation d’information signifie que l’employeur est tenu d’informer le ComitĂ© social et Ă©conomique, en lui transmettant tous les renseignements nĂ©cessaires.

Ces informations permettent aux reprĂ©sentants du personnel de suivre l’évolution de l’entreprise Ă  travers plusieurs indicateurs : le chiffre d’affaires de la sociĂ©tĂ©, l’effectif…

Le ComitĂ© social et Ă©conomique n’a pas Ă  Ă©mettre d’avis, il est seulement informĂ© de la situation de l’entreprise.

La consultation du CSE

A l’inverse, lorsque l’employeur consulte le ComitĂ© social et Ă©conomique, celui-ci est tenu d’émettre un avis motivĂ©. Les dĂ©cisions prises par l’employeur doivent donc faire l’objet d’une consultation prĂ©alable du ComitĂ© social et Ă©conomique.

L’employeur est alors tenu de recueillir l’avis argumenté des élus du Comité social et économique, lorsque celui-ci doit être consulté.

Cependant, la loi ne contraint pas l’employeur à prendre en compte l’avis motivé du CSE. En effet, l’employeur peut prendre une décision contraire à l’avis du CSE, sauf si l’avis conforme de ce dernier est obligatoire.

L’objectif de cette procédure est d’échanger sur le projet présenté par l’employeur et d’en mesurer les incidences sur l’entreprise et les salariés.

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Quels sont les sujets nécessitant la consultation du CSE ?

Le Comité social et économique doit obligatoirement être consulté sur certaines thématiques relatives aux aspects économiques et financiers de l’entreprise.

Cela implique de distinguer les consultations rĂ©currentes des consultations ponctuelles. 

Quelles sont les consultations et informations récurrentes ?

Le Comité social et économique doit impérativement être consulté sur les thèmes relatifs à l’évolution de l’entreprise.
Ainsi, selon les dispositions prĂ©vues Ă  l’article L.2312-17 du Code du travail, le ComitĂ© social et Ă©conomique doit obligatoirement ĂŞtre consultĂ© sur :

  • Les orientations stratĂ©giques de l’entreprise et leurs consĂ©quences sur l’activitĂ©, l’emploi, l’évolution des mĂ©tiers et des compĂ©tences, l’organisation du travail, le recours Ă  la sous-traitance, Ă  l’intĂ©rim, Ă  des contrats temporaires et Ă  des stages. Le CSE Ă©met un avis sur les orientations stratĂ©giques de l’entreprise. 
  • Sa situation Ă©conomique et financière. La consultation sur la situation Ă©conomique et financière de l’entreprise a lieu chaque annĂ©e, conformĂ©ment Ă  l’article L.2312-22 du Code du travail. Cette consultation porte Ă©galement sur la politique de recherche et de dĂ©veloppement technologique de l’entreprise.  
  • Sa politique sociale, les conditions de travail et l’emploi. Cette consultation est annuelle et porte sur l’évolution de l’emploi, les qualifications, le programme pluriannuel de formation, les actions de formation envisagĂ©es par l’employeur, l’apprentissage, les conditions d’accueil en stage, les actions de prĂ©vention en matière de santĂ© et de sĂ©curitĂ©, les conditions de travail, … 

Cependant, le contenu, la pĂ©riodicitĂ© et les modalitĂ©s de ces consultations peuvent ĂŞtre nĂ©gociĂ©s par un accord d’entreprise. En effet, conformĂ©ment Ă  l’article L.2312-19 du Code du travail, un accord d’entreprise conclu entre l’employeur et les reprĂ©sentants du personnel peut dĂ©finir :

  • Le contenu et les modalitĂ©s de consultation rĂ©currente du CSE, ainsi que la liste et le contenu des informations nĂ©cessaires Ă  ces consultations ;
  • La pĂ©riodicitĂ© des consultations, qui ne peut excĂ©der 3 ans ;
  • Le nombre de rĂ©unions annuelles du CSE, qui ne peut ĂŞtre infĂ©rieur Ă  6 ;
  • Les niveaux auxquels les consultations sont conduites et leur articulation ;
  • Les dĂ©lais dont dispose le ComitĂ© social et Ă©conomique pour rendre ses avis.

Dans les entreprises pourvues de dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, l’accord est conclu entre l’employeur et les organisations syndicales reprĂ©sentatives. 

A l’inverse, dans les entreprises dĂ©pourvues de dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, l’accord est conclu entre l’employeur et la majoritĂ© des membres titulaires du ComitĂ© social et Ă©conomique. 

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En vue de la consultation, l’employeur met Ă  la disposition du CSE des informations dans la Base de DonnĂ©es Économiques et Sociales (BDES), selon les dispositions de l’article L.2312-25 du Code du travail. Ces informations portent sur l’activitĂ© et sur la situation Ă©conomique et financière de l’entreprise, ainsi que sur ses perspectives pour l’annĂ©e Ă  venir. 

Néanmoins, les documents relatifs à la gestion prévisionnelle de l’entreprise sont réputés confidentiels.

Le contenu des informations nĂ©cessaires aux consultations est librement dĂ©terminĂ© par l’accord. Toutefois, deux limites sont prĂ©vues :

  • La base de donnĂ©es Ă©conomiques et sociales doit impĂ©rativement comporter des indicateurs relatifs Ă  l’égalitĂ© professionnelle entre les femmes et les hommes ;
  • Les informations de la BDES doivent permettre au CSE d’exercer correctement ses compĂ©tences. 

Quelles sont les consultations et informations ponctuelles ?

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L’employeur est tenu de consulter le CSE de manière ponctuelle sur certains sujets. Ainsi, avant de prendre une décision, la loi impose à l’employeur d’informer et de consulter le Comité social et économique à l’occasion de projets particuliers concernant l’organisation, la gestion et la marche générale de l’entreprise.

Par la suite, le Comité social et économique rend un avis, que l’employeur décide de suivre ou non.

ConformĂ©ment Ă  l’article L.2312-8 du Code du travail, le ComitĂ© social et Ă©conomique des entreprises d’au moins 50 salariĂ©s doit ĂŞtre consultĂ© sur les thèmes suivants :

  • Les mesures de nature Ă  affecter le volume ou la structure des effectifs ;
  • La modification de son organisation Ă©conomique ou juridique ;
  • Les conditions d’emploi, de travail et la formation professionnelle ;
  • L’introduction de nouvelles technologies, tout amĂ©nagement modifiant les conditions de santĂ© et de sĂ©curitĂ© ou les conditions de travail ;
  • Les mesures prises en vue de faciliter la mise, la remise ou le maintien au travail des accidentĂ©s du travail, des invalides de guerre, des travailleurs handicapĂ©s.

Dès lors que l’employeur souhaite prendre une dĂ©cision sur ces sujets, il doit prĂ©alablement en informer le ComitĂ© social et Ă©conomique, et le consulter. Ce dernier devra alors rendre un avis sur le sujet. 

L’employeur est Ă©galement tenu, avant toute prise de dĂ©cision, de consulter ponctuellement le ComitĂ© social et Ă©conomique sur les thĂ©matiques suivantes, selon l’article L.2312-37 du Code du travail : 

L’employeur est donc tenu d’informer et de consulter le CSE avant toute prise de décision relative aux sujets cités précédemment. Si l’employeur ne respecte pas la consultation préalable du CSE, il commet un délit d’entrave et s’expose à une amende de 7 500 euros d’amende.

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Quelle est la procĂ©dure d’information et de consultation ?

L’employeur est tenu de communiquer au ComitĂ© social et Ă©conomique les informations prĂ©cises concernant les dĂ©cisions qu’il souhaite prendre. De plus, la procĂ©dure de consultation est encadrĂ©e par des dĂ©lais spĂ©cifiques. 

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Quelles sont les informations fournies par l’employeur ?

Afin de permettre au ComitĂ© social et Ă©conomique de formuler un avis motivĂ©, ce dernier dispose d’informations prĂ©cises transmises par l’employeur, et de la rĂ©ponse motivĂ©e de l’employeur Ă  ses propres observations. 

Les informations transmises par celui-ci le sont essentiellement par le biais de la BDES. En effet, l’ensemble des informations que l’employeur met Ă  disposition du ComitĂ© social et Ă©conomique, nĂ©cessaires aux consultations rĂ©currentes du CSE, est rassemblĂ© dans une base de donnĂ©es Ă©conomiques et sociales (BDES). Ces informations doivent ĂŞtre prĂ©cieusement conservĂ©es. 

Les Ă©lus du ComitĂ© social et Ă©conomique peuvent formuler des questions ou des observations, s’ils souhaitent obtenir des prĂ©cisions ou des Ă©claircissements concernant les Ă©lĂ©ments transmis par l’employeur. L’employeur doit rĂ©pondre de manière prĂ©cise aux observations Ă©mises par le CSE. 

Par la suite, les Ă©lus du ComitĂ© social et Ă©conomique produisent collectivement un avis, qui doit ĂŞtre une analyse du sujet soumis Ă  la consultation. L’employeur doit y rĂ©pondre et justifier des suites qu’il entendra donner Ă  l’objet de la consultation.

Ainsi, la dĂ©cision de l’employeur doit toujours ĂŞtre prĂ©cĂ©dĂ©e de la consultation du ComitĂ© social et Ă©conomique. Cette procĂ©dure est encadrĂ©e par des dĂ©lais prĂ©vus par le Code du travail.

Quels sont les dĂ©lais d’examens du CSE ?

Lorsque l’employeur consulte le ComitĂ© social et Ă©conomique, il est tenu de lui laisser un dĂ©lai suffisant afin qu’il puisse Ă©tudier le sujet et rendre son avis, conformĂ©ment Ă  l’article L.2312-15 du Code du travailCe dĂ©lai doit lui permettre d’examiner les informations transmises par l’employeur et d’obtenir des rĂ©ponses motivĂ©es Ă  ses observations.

Par principe, ce dĂ©lai est dĂ©fini par accord collectif. Toutefois, Ă  dĂ©faut d’accord, l’article R.2312-6 du Code du travail prĂ©voit que la procĂ©dure de consultation est encadrĂ©e par des dĂ©lais fixĂ©s Ă  :

  • 1 mois pour une consultation « simple » ;
  • 2 mois en cas d’intervention d’un expert ;
  • 3 mois en cas d’intervention d’une ou plusieurs expertises dans le cadre de consultations se dĂ©roulant au niveau du CSE central et d’un ou plusieurs CSE d’établissement.

Ces dĂ©lais commencent Ă  courir Ă  partir de la transmission des informations par l’employeur ou de l’information par l’employeur de leur mise Ă  disposition dans la BDES. 

A l’expiration des délais évoqués, le Comité social et économique est réputé avoir rendu un avis négatif.