La gestion administrative du personnel consiste en lāapplication des textes et des normes rĆ©gissant la vie professionnelle des employĆ©s aux diffĆ©rentes Ć©tapes de leur carriĆØre. ConcrĆØtement, cāest le respect de procĆ©dures juridiques applicables aux travailleurs et aux employeurs.
En ce sens, le droit social va sāimposer Ć travers ses deux composantes : le droit du travail et le droit de la sĆ©curitĆ© sociale.
Les sources lƩgales du droit social
Avant dāĆŖtre intĆ©grĆ© dans le droit franƧais, le droit social trouve ses origines Ć des niveaux bien supĆ©rieurs :
- Organisation Internationale du Travail (encore appelƩe OIT).
- TraitƩs internationaux.
- Droit europĆ©en, avec ses rĆØglements et directives qui doivent ĆŖtre transposĆ©s dans le droit franƧais pour pouvoir sāappliquer en tant que loi.
Au niveau national, on va retrouver :
- la Constitution de la 5ĆØme RĆ©publique (qui Ć©nonce des principes et attribue des droits).
- Les lois franƧaises (Ć travers notamment le Code du Travail).
- La jurisprudence.
Focus sur le Code du travail
Il rassemble lāensemble des obligations lĆ©gales en vigueur. Ces obligations imposent, par la loi, Ć une personne (salariĆ©/employeur) de faire ou ne pas faire quelque chose. Elles sont regroupĆ©es en 8 catĆ©gories :
- Affichage obligatoire.
- Gestion des risques (santƩ et sƩcuritƩ au travail).
- Organisation du temps de travail et contrats de travail.
- ReprƩsentation du personnel et nƩgociations obligatoires.
- Formation professionnelle.
- Entretiens RH obligatoires.
- ConformitƩ des paies / dƩclarations sociales.
- RĆØglementation RGPD liĆ©es aux informations du personnel.
Il est bon de noter que ces obligations varient en fonction de divers seuils dāeffectifs.
Tout manquement aux conformitĆ©s lĆ©gales attendues peut faire encourir un risque dāemprisonnement et une amende pĆ©cuniaire pour le dirigeant dāentreprise. Ce manquement peut ĆŖtre constatĆ© par un salariĆ© (membre dāune instance reprĆ©sentative du personnel ou non) ou par un organisme externe (Inspection du Travail, litige Prud’homalesā¦).
Focus sur la jurisprudence
La jurisprudence dĆ©signe l’ensemble des dĆ©cisions de justice rendues par les tribunaux. Lorsqu’un employeur et un salariĆ© n’ont pas rĆ©ussi Ć se mettre d’accord Ć l’amiable sur un sujet donnĆ©, ils saisissent les tribunaux. Les deux parties demandent Ć ces derniers de trancher le litige.
Les dĆ©cisions de ces tribunaux vont influencer le droit. Finalement, la jurisprudence permet de prĆ©ciser lāapplication pratique de la loi.
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Les sources conventionnelles du droit social
Les sources conventionnelles sont le rĆ©sultat des nĆ©gociations entre employeurs et salariĆ©s au niveau individuel ou collectif. Elles permettent dāadapter la loi aux particularitĆ©s des mĆ©tiers et des entreprises.
Ces sources sont au nombre de 3 :
- Les conventions collectives et accords de branches.
- Les accords dāentreprise.
- Le contrat de travail.
Focus sur la convention collective et les accords de branche
Les reprĆ©sentants dāune branche dāactivitĆ© nĆ©gocient et signent ces accords, comme un accord de volontĆ© avec les organisations patronales. Ils couvrent un grand nombre de domaines et ont de plus en plus dāimportance dans le droit social.
Ce sont des accords conclus entre des organisations patronales et des organisations syndicales reprĆ©sentatives dans un secteur professionnel donnĆ© (chimie, coiffureā¦) et/ou une zone gĆ©ographique dĆ©finie. On trouve Ć©galement des variantes en fonction de certaines catĆ©gories socio-professionnelles Ć©galement.
La convention collective contient un texte de base, ainsi que des textes attachĆ©s (annexes et avenants). On trouve Ć©galement les textes liĆ©s Ć la rĆ©munĆ©ration (avec notamment les nĆ©gociations sur les rĆ©munĆ©rations minimales).
Focus sur les accords dāentreprise
Un accord dāentreprise est un texte nĆ©gociĆ© et signĆ© entre la direction de lāentreprise et les reprĆ©sentants locaux des salariĆ©s. On va pouvoir en trouver sur de nombreuses thĆ©matiques (Ć©galitĆ© homme-femme, temps de travail, intĆ©ressementā¦).
Ils fixent des rĆØgles spĆ©cifiques Ć lāentreprise (rĆØglement intĆ©rieur, chartesā¦).
Focus sur le contrat de travail
Le contrat de travail existe dĆØs lāinstant oĆ¹ une personne (le salariĆ©) sāengage Ć travailler, moyennant rĆ©munĆ©ration, pour le compte et sous la direction dāune autre personne (lāemployeur). Cāest une convention individuelle, Ć la diffĆ©rence de tous les textes citĆ©s prĆ©cĆ©demment.
LĆ©galement, il prĆ©cise la rĆ©munĆ©ration, la qualification, la durĆ©e du travail et, plus gĆ©nĆ©ralement, les attributions du salariĆ©. Dans les faits, il entraĆ®ne un certain nombre dāobligations, tant pour le salariĆ© que pour lāemployeur.
La hiƩrarchie des sources : principe de faveur et remise en cause
Les sources de droit sont hiĆ©rarchisĆ©es de la maniĆØre suivante :
- Sources internationales (OIT, convention et droit europƩen).
- Sources nationales (lois et rĆØglements, jurisprudenceā¦).
- Sources professionnelles (convention collective, accord dāentrepriseā¦).
Avant 2016, en cas de contradiction entre deux sources, on devait appliquer le principe de faveur. Cela signifiait choisir la source la plus favorable au salariƩ.
Cependant, la loi Travail de 2016 et les Ordonnances Macron de 2017 ont mis Ć mal ce principe.
Voyons comment cela se traduit entre les diffƩrents niveaux.
Code du travail (loi) vs Accord de branche (convention collective)
Par principe, les conventions collectives ne peuvent pas dĆ©roger Ć la loi, dans un sens qui est dĆ©favorable aux salariĆ©s, sauf si la loi lāautorise.
Par ailleurs, les principes fondamentaux comme, par exemple, lāĆ©galitĆ© hommes-femmes ou encore la libertĆ© syndicale ne peuvent pas ĆŖtre contredits dans les textes conventionnels.
En revanche, les conventions collectives peuvent comporter des dispositions plus favorables que la loi pour les salariĆ©s. Dans ce cas, ce sont elles qui doivent ĆŖtre appliquĆ©es.
Lāexemple le plus frĆ©quent pour illustrer cette hiĆ©rarchie est celui des congĆ©s pour Ć©vĆ©nements exceptionnels. La loi autorise 4 jours pour un mariage/PACS, lĆ oĆ¹ certaines conventions sont Ć 5 ou 6 jours.
Accord de branche (convention collective) vs Accord dāentreprise
Les accords dāentreprise ont pour but dāadapter les dispositions de la convention collective aux spĆ©cificitĆ©s de lāentreprise. Ils peuvent toujours comporter des dispositions plus favorables que lāaccord de branche. Mais Ƨa cāĆ©tait avant ā¦
Depuis 2004, la loi permet aux accords dāentreprise de prĆ©voir des dispositions moins favorables que lāaccord de branche, sauf si celui-ci lāinterdit et Ć lāexception de quatre domaines que sont : les salaires minima, les classifications, la prĆ©voyance et la mutualisation des fonds qui permettent de financer les formations.
Depuis 2016, lāaccord dāentreprise prime sur la convention collective (mĆŖme dans un sens moins favorable) en matiĆØre de : durĆ©e du travail, congĆ©s payĆ©s et repos.
Cette situation se prĆ©sente en gĆ©nĆ©ral quand il sāagit de rĆ©pondre aux nĆ©cessitĆ©s liĆ©es au fonctionnement de lāentreprise et quand la prĆ©servation et le dĆ©veloppement de lāemploi sont en jeu.
Accord de branche (convention collective) vs Contrat de travail
Le contrat de travail peut comporter des clauses plus favorables au salariĆ© que la convention collective ou ajouter dāautres avantages. Il ne peut pas, en revanche, contenir des dispositions moins favorables comme une pĆ©riode dāessai plus longue par exemple.
En principe, la convention collective prime sur le contrat de travail, sauf lorsque ce dernier est plus favorable pour le salariƩ (article L. 2254-1 du Code du travail).
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JāaccĆØde au contenuSi une nouvelle convention collective entre en vigueur dans lāentreprise, les clauses plus favorables du contrat de travail restent en vigueur. Lorsque les dispositions contractuelles sont moins favorables, leur application est Ć©cartĆ©e au profit de la nouvelle convention collective.
Cāest une situation Ć surveiller actuellement pour toutes les entreprises de la mĆ©tallurgie, avec lāentrĆ©e en vigueur de la nouvelle convention au 1er janvier 2024.
En rƩsumƩ
Il est trĆØs important pour lāentreprise dāĆŖtre au fait de la hiĆ©rarchisation des sources du droit du travail. En effet, sans cela, impossible pour elle de procĆ©der Ć une gestion du personnel saine.
Lāensemble des textes citĆ©s prĆ©cĆ©demment Ć©tant amenĆ©s Ć Ć©voluer de maniĆØre rĆ©guliĆØre, il devient indispensable de mettre en place une veille juridique ciblĆ©e. Sans cela, lāentreprise risque de voir son taux de contentieux prudāhomaux grimper en flĆØche.
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