La question de l’addiction est une question centrale de la société depuis la nuit des temps. Autrefois réservée à l’usage de produits psychoactifs, la notion d’addiction s’est progressivement étendue à des activités ou des comportements divers tels que l’usage du téléphone ou des réseaux sociaux, l’utilisation des jeux vidéo ou encore le sport.
L’addiction est définie comme une dépendance à une substance ou à une activité, avec des conséquences nuisibles sur la santé. L’addiction en résumé, c’est être privé de la liberté de se passer de quelque chose.
Dans le domaine professionnel, c’est principalement la question de l’addiction aux substances psychoactives qui nous interrogera et qui fera l’objet de cet article, car elle altère la capacité à agir et à réagir que le produit soit légal ou non.
Quelques chiffres
Selon l’INRS, l’alcool et le cannabis sont les deux substances psychoactives les plus consommées par les salariés. En 2022, les médecins du travail rapportent que 8,6% des salariés ont une problématique autour de l’alcool (chiffre stable depuis l’étude de 2009), mais la consommation de cannabis au travail est en augmentation, car on la retrouve aujourd’hui chez 7% des salariés contre 5% en 2009.
Les addictions au travail viennent d’emblée poser la question de la mise en danger du salarié concerné, mais également de ceux qui l’entoure tels que les collègues ou les bénéficiaires et autres usagers en lien direct ou non avec le salarié sous emprise.
L’addiction aux substances est également un facteur déclenchant d’environ 25% des accidents du travail. De plus, le risque routier est la première cause d’accident mortel lié au travail, il est donc aisé de comprendre l’enjeu des effets de la prise de produits sur les trajets professionnels.
Les secteurs concernés
Mon salarié/collègue à t’il des problèmes d’addiction ? Souvent tue dans le milieu professionnel, la question de l’addiction pose une double problématique, d’une part légale : peut-on ou doit-on faire cesser temporairement ou définitivement l’activité d’un salarié sous emprise ? Mais aussi une problématique morale : quel avenir pour ce salarié ?
Bien sûr, quel que soit le secteur ou le poste, un salarié peut être touché par une addiction. Il se dégage néanmoins des profils de postes où l’on retrouvera plus fréquemment une problématique produits.
Premièrement les postes à responsabilités élevées ou postes intermédiaires sont plus touchés par la question des produits. En effet, le stress généré par l’activité et surtout par la pression hiérarchique élevée entraîne plus facilement la consommation de substances. Les postes de nuit et postes isolés sont également plus touchés par la prise de produits. Cela pourrait s’expliquer par la restriction de la vie sociale et l’accroissement des problématiques familiales et parentales du fait des horaires atypiques ainsi que de l’isolement global lié aux contraintes de l’activité.
Les postes de pilotage ou de conduite sont également concernés ainsi que le milieu médical.
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Les facteurs de risques en lien avec le travail
De nombreux facteurs de risques peuvent être responsables de la consommation de substances psychoactives dans le milieu professionnel, que cette consommation soit devenue ou non une addiction, c’est à dire une dépendance au produit.
La culture d’entreprise joue un rôle fondamental dans la consommation de produits. Qu’elle soit liée à une phase d’intégration ou à une appartenance à un groupe, l’adhésion aux soirées alcoolisées avec les collègues reste encore très répandue.
L’accès au produit est également un incitateur implicite, le travail en restauration, le travail de nuit, le milieu médical, rencontrent également des problématiques en lien avec la consommation du fait de l’accessibilité favorisée aux produits.
Enfin, et de façon plus générale, les risques psychosociaux lorsqu’ils viennent impacter la santé psychique du salarié peuvent favoriser la consommation de substances afin de faire face illusoirement à la situation.
La fonction des produits dans l’activité
Nous l’avons vu plus haut, le stress engendré par les risques psychosociaux est susceptible d’augmenter ou de déclencher la consommation de produits psychoactifs. Mais la consommation de produits peut également trouver sa source dans la tentative de domination de sa propre peur en lien avec l’activité (travail en hauteur par exemple) et s’élaborer autour d’une stratégie collective.
Le principe de ces pratiques collectives serait de dénier le danger associé à l’activité et donc de pouvoir continuer à être performant malgré des conditions qui exposent le salarié au danger.
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Je télécharge les 8 fichesLe produit psychoactif le plus consommé est l’alcool. En effet, selon les situations, il permet d’atténuer la peur et les douleurs physiques grâce à son effet calmant, mais également de combattre cette peur grâce à son effet euphorisant et stimulateur.
Obligations légales du dirigeant
L’obligation de résultat en matière de sécurité des salariés ou des dommages que pourraient causer les salariés revient à l’employeur et est encadrée par l’article L. 41-21.1 du Code du travail. Afin de répondre à cette obligation le document unique d’évaluation des risques professionnels doit être à jour et devra répondre aux problématiques spécifiques liées à l’activité des employés. L’employeur peut indiquer dans le règlement intérieur la possibilité, en cas de doute, de faire réaliser à ses salariés un test urinaire afin de détecter des substances psychoactives illégales.
En cas de manquement, l’employeur peut être poursuivi pour faute inexcusable et sa responsabilité pénale pourra être engagée.
Du côté du salarié sous produit
Le salarié sous produit doit, s’il constate son incapacité à rester en poste, se manifester auprès de son supérieur et exercer son droit de retrait. Il a également la possibilité de demander un entretien avec la médecine du travail afin d’anticiper un risque d’inaptitude, dans l’objectif d’engager une démarche de maintien en emploi et de bénéficier d’un accompagnement personnalisé.
Le salarié peut également demander à la médecine du travail de réaliser des examens complémentaires, examens qui, s’ils sont effectués à sa demande, ne pourront pas motiver une sanction de la part de l’employeur. En cas de test positif, le médecin du travail peut déclarer le salarié inapte à l’activité sans avoir pour autant l’obligation de notifier le motif à l’employeur (secret médical).
En cas de présence délibérée du salarié à son poste de travail sous l’emprise de substances, il pourra encourir une sanction disciplinaire et sa responsabilité pénale pourra être engagée.
Vers qui se tourner ?
Le service compétent est celui de la santé au travail. La dénomination exacte est celle du service de prévention et de santé au travail. Il a pour mission de conseiller les différents acteurs de l’entreprise sur la thématique de la santé au travail. Adhérer à un SPST est obligatoire quelle que soit la taille de l’entreprise.
En cas de doute il est fortement recommandé de solliciter le salarié en question afin de s’entretenir avec lui, en lui exposant les craintes que pourraient représenter une addiction au poste qu’il/elle occupe et de contacter le SPST afin de demander un rendez-vous avec la médecine du travail et de réaliser des examens complémentaires.
Pour conclure
Pour conclure, le chef d’entreprise porte la responsabilité de prévenir et de traiter les problématiques existantes autour de la consommation de produits psychoactifs de ses salariés. Mettre en place une politique de prévention et des actions de sensibilisation est essentiel. Il devra se tourner vers la médecine du travail en cas de doute afin d’accompagner son salarié et de protéger les collègues ainsi que les usagers de l’activité de sa société.
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