Une baisse des accidents du travail qui masque une réalité plus complexe
Des chercheurs de l’INRS ont récemment publié un article intitulé “Facteurs psychosociaux et accidents du travail, que dit la littérature ?” Basée sur une centaine d’études de la littérature internationale, cette analyse vient interroger les liens entre RPS et Accidents du Travail (AT) et plaide pour une prévention adaptée.
Selon l’étude, depuis 70 ans, le nombre annuel moyen d’Accidents du Travail (AT) pour 1 000 salariés a connu globalement une forte baisse suivie d’un ralentissement depuis le début des années 2000 (118 en 1955, 40 en 2000, 38 en 2008 et 33,5 en 2019).
L’Assurance maladie – Risques professionnels a ajouté qu’en 2021, que l’on dénombrait 604 565 accidents du travail soit une baisse de 7,8 % par rapport à 2019 (655 715). L’indice de fréquence (31 accidents pour 1 000 salariés) a donc à nouveau baissé et se situe à un niveau exceptionnellement bas.
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Des AT plus graves et des femmes plus touchées
Cependant, en novembre 2022, le ministère du travail a publié une étude statistique sur les AT recensant 783 600 accidents du travail en 2019, soit plus de 2 500 accidents du travail par jour ouvrable. Et 780 salariés en sont morts.
Ce qui donne un ratio de 3,5 accidents mortels pour 100 000 salariés. En comparant aux résultats des autres pays européens, la France dépasse du double la moyenne européenne (1,7) (le taux d’incidence est par exemple de 0,5 aux Pays-Bas, de 0,7 en Suède et de 0,8 en Allemagne). La France est alors le pays européen ayant le plus fort ratio de décès du travail d’Europe.
Selon l’analyse de l’INRS, la baisse de la fréquence des Accidents du Travail (AT) est réelle, mais elle s’est malheureusement accompagnée d’une augmentation de leur gravité avec un nombre d’incapacités permanentes des suites d’un AT qui n’a cessé d’augmenter depuis 2014.
De plus, un rapport de l’Anact sur “Sinistralité au travail en France : une évolution différenciée entre les femmes et les hommes entre 2001 et 2019” démontre bien que la baisse globale des accidents de travail avec arrêt depuis 2001 en France masque en fait la hausse des accidents du travail pour les femmes.
De l’importance des facteurs psychosociaux sur les Accidents du Travail (AT)
Au-delà du rôle majeur des facteurs physiques dans la survenue d’un AT, l’analyse de l’INRS souligne l’importance du rôle des facteurs psychosociaux dans les AT.
D’après les diverses études examinées par les chercheurs, l’exposition à une forte charge mentale dans le cadre de l’activité des travailleurs augmente le risque d’AT.
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Je télécharge le guideAinsi, le collège d’expertise sur le suivi statistique des risques psychosociaux en France a catégorisé les facteurs psychosociaux en six grandes familles :
- Intensité du travail et temps de travail.
- Exigences émotionnelles.
- Autonomie.
- Rapports sociaux au travail.
- Conflits de valeurs.
- Insécurité de la situation de travail.
Comme expliqué également par l’article dédié sur Tissot Editions, les difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle peuvent être envisagées également comme des facteurs aggravants de risque d’AT, tout comme les contraintes professionnelles suivantes :
- Absence de jours de repos consécutifs.
- Manque de souplesse dans l’organisation des horaires de travail, changements ou irrégularités des horaires.
- Le fait de devoir fréquemment interrompre ses tâches.
- Absence de contrôle sur le rythme de travail.
La solution avancée par l’analyse est de travailler conjointement en entreprise sur la sécurité, les facteurs physiques, mais aussi la QVT et ses aspects psycho-sociaux.
Les entrepreneurs et DRH, comme les managers, se doivent alors d’être particulièrement attentifs aux RPS. Car les dimensions psychosociales les plus en lien avec les accidents de travail semblent être les rapports sociaux dégradés au travail et l’intensité du travail. Puis, dans une moindre mesure, l’autonomie et les exigences émotionnelles.
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