Comme son nom l’indique, l’absentéisme se traduit par une incapacité physique à être au travail. Néanmoins, toute absence ne relève pas de l’absentéisme, tel que le congé maternité ou la dispense de formation.
La définition de l’absentéisme est indissociable de ses causes, puisqu’il est toujours le fruit d’un manquement de l’entreprise. Des manquements qui trouvent leurs sources tantôt dans des relations humaines dégradées, tantôt dans un rapport médiocre au management, tantôt dans le contenu du travail lui-même.
Nous pouvons, en somme, affirmer que l’absentéisme, contrairement à d’autres absences (comme un accident de travail), peut toujours être évité ; évité par la sensibilisation, la prévention de l’entreprise envers tous ses acteurs.
L’absentéisme est mesurable, chiffrable et son taux peut dès lors être impacté. Plus il est faible et plus l’entreprise est en bonne santé.
En France, 4 grandes familles d’absentéisme se distinguent :
- L’absentéisme pour causes de maladies passagères dites « ordinaires ». Souvent justifiées par un médecin, elles sont néanmoins temporaires à savoir moins de dix jours. Elles peuvent plus au moins affecter le fonctionnement de l’entreprise. Plus l’entreprise est petite et plus son impact est fort.
- Les maladies liées au travail dites « professionnelles », sont des arrêts maladies longs, liés aux conditions de travail difficiles durant de longues années et ayant causées des traumatismes physiques, comme un contact avec des substances dangereuses ou des postures physiques contraignantes aux séquelles irréversibles (mal de dos, troubles musculosquelettiques).
- Les accidents du travail, qui sont la signature fréquente des métiers industriels, comme ceux du bâtiment, du transport. Ces accidents pouvant être graves, ils sont encadrés par la loi, notamment sous le joug des instances sociales comme la CSSCT et désormais le CSE.
- Les absences injustifiées : révélatrices d’un climat social médiocre, ces absences n’ont pas de réels motifs contraignants. Elles sont néanmoins à prendre en compte car coûteuses pour l’entreprise et son fonctionnement.
Quel est le taux d’absentéisme moyen en France ?
Si le taux d’absentéisme est élevé en France, à savoir 5% dans le privé et 8% dans le public, ses conséquences sont d’autant plus significatives pour les petites et moyennes entreprises.
L’enjeu est donc de s’y intéresser afin de saisir ses fondements, ses causes et trouver des solutions concrètes.
Nous allons, dans cet article, vous donner quelques pistes.
Quelles sont les causes de l’absentéisme au travail ?
1 – Les conditions de travail
Les conditions de travail est l’une des raisons de l’absentéisme. Ces conditions ne concernent naturellement pas les considérations esthétiques du lieu de travail mais véritablement l’accès au matériel pour la bonne réalisation du travail.
Il s’agit par exemple d’assister un ouvrier chargé de déchargement répétitif d’un camion ou encore la fourniture d’équipements adéquats (chaussures, vestes) pour travailler convenablement l’hiver.
Au-delà de la douleur physique qui s’installe peu à peu dans ces efforts, il faut ajouter le stress que des mauvaises conditions de travail peuvent créer. Se rendre au travail s’accompagne ainsi d’un stress lié à une crainte manifeste de danger pour soi et ses collègues.
C’est pourquoi, comme nous l’écrivions tantôt, l’absentéisme est toute forme d’absence que l’entreprise peut prévenir, sans attendre un accident du travail ou des absences successives pour réagir.
2 – Le contenu travail
Avant le bonheur au travail, avant l’ambiance et les collègues, nous nous rendons au travail avec comme priorité absolue : réaliser la tâche qui est la nôtre. Le problème peut précisément naître ici.
Pour qu’un travail soit bien réalisé, il faut, d’une part, qu’il soit à la portée du salarié et, d’autre part, réalisable dans un temps imparti. Plusieurs erreurs sont à éviter afin de ne pas encourager l’absentéisme :
1 – Fixer des objectifs trop élevés est une source de découragement et d’abandon de son poste. L’employé perd de sa motivation au travail, il se sent incapable et perd confiance en soi. Ce sentiment l’invite à se replier sur lui-même car l’objectif est insurmontable. Ceci peut conduire au burn-out.
2 – Fixer des objectifs trop faibles : le sentiment est inverse, au lieu de se décourager, il se sent mal considéré, mal évalué voire dénigré par la mission confiée. Son travail et ses compétences ne sont pas valorisées, il se sent exclu de l’entreprise par l’entreprise elle-même. L’absentéisme est la conséquence naturelle de cette « mauvaise considération ». Il peut également conduire à un bored-out (l’ennui au travail).
3 – Manque de sens : ne pas comprendre l’intérêt de sa tâche au travail, ne pas savoir en quoi il sera utile dans le fonctionnement de l’activité de l’entreprise, ne pas se sentir légitime, sont autant d’effets qui renforcent l’absentéisme.
3 – Rapport au travail : s’engager oui mais combien de temps ?
Le rapport au travail est fluctuant. Dans un premier temps, la bonne volonté est au rendez-vous à la signature du contrat de travail qui engage l’entreprise et l’employé.
L’engagement est de mise, sans que l’action managériale n’intervienne particulièrement. Peu à peu, cette implication varie selon le travail…et le management qui se déploie.
Une faible implication peut s’expliquer pour les raisons citées ci-dessus mais également un déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, une santé psychologique fragile ou encore une lassitude d’un travail jugé répétitif – notamment après de nombreuses années d’ancienneté.
Calcul du taux d’absentéisme en entreprise
Pourquoi calculer le taux d’absentéisme de votre entreprise ?
Calculer le taux d’absentéisme de votre entreprise est la première démarche afin de pouvoir :
- Evaluer votre taux
- L’analyser
- Le réduire
Comment calculer le taux d’absentéisme au travail ?
Un calcul simple pour calculer le ratio que l’on peut appliquer de la sorte :
Méthode de calcul du taux d’absentéisme =
Selon votre secteur d’activité, votre localisation, vous pouvez comparer votre ratio avec celui d’autres entreprises.
Néanmoins, il est plus intéressant pour les TPE / PME de porter une attention particulière à la variation de ce taux plus qu’à son niveau la première année du calcul.
Si la tendance est à la baisse, c’est bon signe, l’inverse est caractéristique d’une mauvaise santé.
Comment analyser le taux d’absentéisme ?
Plusieurs options s’invitent à vous :
1 – Diviser les causes de l’absentéisme afin de savoir si, oui ou non, l’entreprise peut avoir un impact dessus.
2- Déterminer les causes sur lesquelles l’entreprise peut avoir un impact :
- Condition de travail
- Rapport au travail
- Management
- Le travail (en lui-même)
3- Etoffer votre indicateur en ajoutant des critères précis – pertinent si votre entreprise compte plus d’une cinquantaine d’employés :
- Absentéisme par tranche d’âge
- L’ancienneté
- Le nombre de jour d’absence
- La fonction / le métier
- Justificatif / motif
- La durée de chaque absence
- La répétition
- Le genre
Plus votre indicateur est fin et plus vous pourrez définir un plan afin de contrecarrer ce phénomène.
Quel est le coût de l’absentéisme
D’après une étude de l’institut Sapiens, l’absentéisme coute plus de 107 milliards d’euros par an aux entreprises françaises, dont 99% sont le fruit du management et des mauvaises conditions de travail.
Calculer le coût d’un arrêt de travail demande plusieurs variables, elles-mêmes variables selon le salaire, les accords de branche, les cotisations sociales…
Néanmoins, les couts indirects de l’absentéisme car il :
- Dégrade le climat social donc la performance de l’entreprise à long terme
- Perturbe le fonctionnement de l’entreprise soit en affectant un collègue en substitution, soit en embauchant un remplaçant
- Augmente le coût de la formation du remplaçant.
- Augmente le budget la productivité et l’expertise du remplaçant seront, dans un premier temps au moins, moins performantes que le salarié absent.
- Augmente le coût de gestion de l’absentéisme.
9 actions pour diminuer l’absentéisme au travail
Cultiver le bonheur de vos employés !
Des employés heureux sont plus productifs mais également plus loyaux et moins absent. Une étude de l’université d’Harward / MIT de 2018 affirme qu’ils sont 6 fois moins absent !
Pour cultiver le bonheur, soyez reconnaissant du travail bien fait, créez des missions en « mode projet », responsabilisez davantage, demandez si les amplitudes horaires sont adaptées, privilégiez un management bienveillant, conciliant, donnez du sens au travail…
Façonner un bon climat social
Un bon climat social donnera envie à vos employés de se lever le matin ! Outre les mesures du bonheur au travail, avoir un retour sur les conditions de travail est important, plus particulièrement dans les TPE / PME dont l’activité est physiquement contraignante.
Si vos métiers relèvent du tertiaire, il faudra également s’assurer du « mal du siècle », à savoir le mal de dos. Un bon climat social se façonne également par des événements inter-entreprise en dehors de l’entreprise, des activités sportives ou tout simplement la célébration d’un anniversaire d’un collègue tous ensemble au restaurant.
Le recrutement
Assurez-vous, lors du recrutement, des motivations des candidats, de leurs compétences professionnelles pour le poste (hard skills) mais également de leurs softs-skills, c’est-à -dire de leurs compétences personnelles et humaines !
N’ayez pas peur également d’impliquer plusieurs collègues afin qu’ils donnent leur avis, voir si « le feeling » est en accord avec les valeurs et la philosophie de l’entreprise.
La formation
La formation donne l’opportunité, d’une part, de briser l’ennui (le bored-out) ainsi que de monter en compétence. Un employé formé sera plus productif, plus alerte dans son domaine d’expertise et également moins absent !
Des formations en lignes peu coûteuses existent sur internet et peuvent être financées par le compte formation. Pensez à vous renseigner !
Améliorer les conditions de travail
Prêter une attention sur les conditions de travail c’est l’assurance d’un absentéisme réduit et d’un turnover décroissant !
Pensez à illuminer vos locaux, végétaliser votre entreprise, concevoir un espace isolé, un espace détente. N’oubliez pas non plus : plus vos employés sont seniors et plus ils auront besoins de confort physique…
Anticiper 2025 : enjeux et recommandations
Quels seront les enjeux clés pour redéfinir les priorités RH en 2025 ? Dans un guide interactif réalisé par notre partenaire Lucca, la DRH de Lucca et 3 experts décryptent les 5 enjeux les plus structurants auxquels les professionnels des ressources humaines devront faire face en 2025 : transparence des salaires, augmentation de l’utilisation des données, optimisation des processus de recrutement... Ils livrent leurs recommandations concrètes pour poser les piliers d’une stratégie RH en adéquation avec les objectifs de votre entreprise.
J’accède au contenuL’idéal serait de devancer leurs requêtes afin de leur signifier de votre vigilance affectueuse et professionnelle à leur égard.
La santé au travail
Le Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail, qui était obligatoire pour les entreprises d’au moins 50 salariés a désormais été réintégré dans le Comité Social et Economique à travers la CSSCT. Cette nouvelle instance conserve en son sein les missions du CHSCT, c’est à dire de prévenir les risques et dangers dans le cadre de l’activité professionnelle.
Néanmoins, relevons que les maladies psychologiques sont plus difficilement détectables. Pour les petites entreprises, c’est aussi la bienveillance, l’écoute, les « petites attentions » qui permettent de prévenir les risques importants.
Le manager ainsi que les RH ont un rôle à jouer dans le cadre de leur exercice au quotidien.
L’accompagnement durant l’absence
La nature de l’absence est capitale dans la définition de son accompagnement.
Pour les causes fortuites comme les accidents ou encore les périodes de maladie, un petit mot de l’équipe, des fleurs, une attention ?
Peu coûteux mais si fort en énergie, les « petits gestes » font de grands rétablissements et fédèrent également l’équipe !
Concilier vie privée – vie professionnelle
Concilier vie professionnelle et vie personnelle est l’une des clefs pour diminuer l’absentéisme en entreprise.
Tout le monde y trouve son compte : l’employé car une fois hors du travail il peut « souffler » et se « requinquer » dans sa vie privée, et l’entreprise car le droit à la déconnection permet aussi de revenir plus engagé et actif au travail !
Démarche participative
Favorisez une démarche participative, via une boite à idée ou un Réseau Social d’Entreprise afin d’avoir un retour du terrain. L’objectif est de signaler tout dysfonctionnement ou toute requête afin de pouvoir y répondre aussitôt.
La réactivité sera une preuve de votre attention et de votre vigilance vis-à -vis de vos employés. Un employé « chouchouté » ne voudra jamais partir !
Luttez contre l’absentéisme, c’est favoriser le bon fonctionnement de l’entreprise !
Contre l’absentéisme, l’étayage des causes est donc nécessaire. On ne traite pas d’un accident de travail comme d’un absentéisme lié au burn-out par exemple.
La première étape est donc d’identifier les causes, puis de voir celles où l’entreprise peut avoir un impact afin ensuite de mettre des actions en route.
Votre taux d’absentéisme est comparable à celui d’autres entreprises de votre secteur mais votre objectif numéro 1 doit être de réduire le vôtre, quel que soit son niveau d’origine.