Psychologie positive en entreprise : 7 idées pour l’intégrer

Dans un monde où la pression professionnelle ne cesse de croître, l’intégration de la psychologie positive en entreprise représente une opportunité inédite pour améliorer le bien-être des collaborateurs, tout en augmentant l’efficience organisationnelle. La psychologie positive repose sur des recherches scientifiques solides qui explorent les facteurs contribuant au bien-être et à l’épanouissement individuel et collectif.

Cet article vous propose d’explorer les fondements de la psychologie positive, les erreurs courantes à éviter pour en réussir sa mise en œuvre et ses applications concrètes en entreprise.

Psychologie positive : de quoi parle-t-on ?

La psychologie positive est un domaine relativement récent de la psychologie, fondé dans les années 1990 par Martin Seligman, professeur à l’Université de Pennsylvanie. Elle étudie les aspects positifs de l’expérience humaine, comme le bonheur, le bien-être, l’épanouissement et les forces individuelles. Elle cherche à comprendre comment les individus et les communautés peuvent prospérer et atteindre leur potentiel maximal.

Pour mieux comprendre ce qu’elle est, voyons avant tout ce que la psychologie positive n’est pas.

La Psychologie positive : ce n’est pas…

Ce n’est pas une approche de simple « pensée positive », comme représentée dans le sketch de Dany Boon « Je vais bien ! Tout va bien !… ». Il ne s’agit pas de s’efforcer désespérément à essayer de se sentir bien, en créant davantage de confusion et de dissonance entre ce qui est réellement ressenti à l’intérieur et montré à l’extérieur.

Ce n’est pas ignorer les problèmes, faire comme si tout allait bien et juste créer un poste de Happiness Manager pour afficher que l’on s’occupe du bien-être des collaborateurs. Occulter l’importance des difficultés existantes, c’est amputer l’entreprise d’une occasion de mieux explorer ses ressources et forces internes pour transformer les défis en opportunité de grandir.

Ce n’est pas une solution universelle au bonheur et au bien-être. Elle propose des outils et des stratégies basés sur la recherche, mais reconnaît que chaque individu est unique et que ce qui fonctionne pour l’un peut ne pas fonctionner pour l’autre.

Les fondements de la psychologie positive

La psychologie positive repose sur 5 principaux piliers :

1. Les émotions agréables qui engendrent un état d’être Positif : Favoriser les émotions telles que la joie, la gratitude, l’émerveillement, l’amour et la sérénité, élargit notre perspective et renforcent notre bien-être physique et psychologique. Ce constat a notamment été démontré dans l’étude menée par Barbara Fredrickson, neuropsychologue qui donne des conférences sur la psychologie positive dans le monde entier.
2. L’Engagement : Trouver des activités dans lesquelles nous pouvons pleinement nous immerger, comme la musique, le dessin, l’art, les loisirs, les relations et même le travail, peut générer ce fameux état de « flow » au cœur duquel l’efficience devient la clef.
3. Les Relations positives : Établir et maintenir des relations sociales solides et enrichissantes entretient la psychologie positive. Marshall Rosenberg, fondateur de la Communication Non Violente (CNV), a mis l’accent sur l’importance de l’écoute active, de l’empathie et de l’expression des émotions pour justement améliorer les relations interpersonnelles.
4. Le sens Moteur : Donner un sens à sa vie en se fixant des objectifs personnels et en se sentant connecté à quelque chose de plus grand que soi est un puissant moteur. Carol Dweck, professeur de psychologie sociale à l’Université Stanford, est une des spécialistes qui a étudié la notion de motivation intrinsèque.
5. L’Accomplissement : Travailler à atteindre des objectifs et des réalisations qui apportent une satisfaction personnelle et un sentiment d’accomplissement nourrit la psychologie positive et la persévérance induite.

Ces piliers sont souvent résumés sous l’acronyme PERMA.

Des liens étroits avec l’Approche Centrée sur la Personne, développée par Carl Ransom Rogers, psychologue américain et l’un des pionniers de la psychologie humaniste, peuvent également être faits.

Cette approche met l’accent sur l’empathie, l’acceptation inconditionnelle et la congruence dans la relation d’aide, et peut être transposée dans la relation managériale pour intégrer davantage la psychologie positive dans les relations en entreprise. Thierry Lechenault, expert en relations humaines depuis plus de 20 ans, superviseur de coachs et de consultants, explique très bien cette approche et comment « l’Autre me réfléchit ».

Après avoir décrit ce qu’est et n’est pas la psychologie positive, soulignons les erreurs à éviter pour en réussir sa mise en œuvre.

Les pièges à éviter pour intégrer la psychologie positive en entreprise

Connaître les écueils souvent observés et qui font obstacle à l’intégration de la psychologie positive permet non seulement un gain de temps, mais aussi d’éviter une aggravation du climat global, parfois tendu, de l’entreprise.

Voici les erreurs les plus souvent soulignées :

Imposer des pratiques : Ne forcez pas les collaborateurs à participer à des initiatives de psychologie positive. La volonté et l’engagement de chacun.e est un fondement indispensable et nécessaire pour une pleine intégration au niveau « cellulaire » de l’organisation.

Minimiser l’effort : Ne vous contentez pas de mesures superficielles ou de gestes symboliques. Comme évoqué plus haut la seule nomination d’un Hapiness Manager, l’installation d’un babyfoot dans la salle de repos et d’une machine à jus d’orange ne suffiront pas à rendre les collaborateurs heureux.

Au contraire, cet effet « poudre aux yeux » peut même créer du mépris et de la colère face à l’incompréhension de ce qui est réellement vécu en chacun.e des collaborateurs. Une intégration réussie nécessite un engagement profond et durable de la part de l’organisation.

Oublier la personnalisation : Ne considérez pas tous les collaborateurs de la même manière. Les besoins et les préférences peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Offrez des options variées et adaptées à chacun.e.

Manquer de soutien en continu : Ne laissez pas les initiatives de psychologie positive être des efforts ponctuels. Il est important d’assurer un soutien continu et de maintenir l’élan sur le long terme.

Déconnecter les valeurs des actions concrètes : Ne proclamez pas des valeurs de bien-être sans les mettre en pratique dans la réalité quotidienne. La cohérence entre les paroles et les actions est cruciale.

Absence de feedback : Ne négligez pas le retour d’information des collaborateurs. Écoutez activement leurs avis et leurs suggestions pour ajuster et améliorer les initiatives de psychologie positive.

La suite après la publicité

Une fois les pièges explicités, explorons ensemble des idées concrètes pour appliquer des mesures de psychologie positive dans l’entreprise et l’intégrer durablement.

A lire également :

• L’adaptive Learning, un nouvel élan pour la formation professionnelle ?
• Responsable QVCT : rôle, missions, salaire, fiche de poste… tout savoir !
• L’équilibre vie privée / vie professionnelle : mythe ou réalité ?

7 idées concrètes pour intégrer la psychologie positive en entreprise

Voici comment il est possible d’intégrer concrètement la psychologie positive dans l’entreprise.

1/ Initiatives de sens et de valeurs partagées

Communiquer clairement la vision, les valeurs et la mission de l’entreprise et mettre en avant comment chaque collaborateur contribue à cette vision partagée lors des entretiens annuels et professionnels.

Impliquer les collaborateurs dans des projets de responsabilité sociale, comme le bénévolat, les actions caritatives ou les initiatives écologiques, en lien avec la vision et les valeurs portées par l’entreprise.

2/ Programmes de reconnaissance et de gratitude

Mettre en place des systèmes de reconnaissance des collaborateurs, loin d’être uniquement pécuniaires, sans créer de concurrence, comme par exemple des remerciements pour des initiatives ou actions menées dans l’intérêt du collectif.  

Mettre en évidence le pourquoi ces initiatives sont importantes et souligner les bénéfices et ressentis agréables qu’ont généré ces actions.

3/ Favoriser l’autonomie et l’engagement

Offrir aux collaborateurs davantage de contrôle sur leurs tâches et leurs horaires, avec des options éventuelles de télétravail et de flexibilité.

Impliquer les collaborateurs dans la prise de décision à différents niveaux de l’entreprise, en organisant des facilitations en codéveloppement professionnel pour leur permettre d’apprendre de leurs expériences et créer des synergies d’entraide au sein du collectif.

4/ Encourager les relations interpersonnelles positives

Créer des espaces de détente et des zones de socialisation où les collaborateurs peuvent interagir librement, de manière informelle.

Organiser des activités de team building, des sessions de jeu du Tao, des sorties d’entreprise ou des animations sur la connaissance de soi avec de la médiation animale pour renforcer la confiance de chacun.e et les liens entre collègues.

5/ Promouvoir un environnement de travail positif

Aménager des espaces de travail ergonomiques et agréables, en intégrant des éléments du vivant comme des végétaux, des minéraux, des couleurs et des odeurs adaptées, ainsi que la possibilité d’écouter des musiques aux fréquences optimisant l’activité cérébrale.

Offrir des pauses bien-être, comme des séances de méditation, de yoga ou de relaxation guidée, accessibles à tous les collaborateurs.

6/ Formation et développement personnel

Proposer des formations régulières sur la psychologie positive, la gestion du stress, l’intelligence émotionnelle, et mettre à disposition des ressources de développement personnel, comme des ateliers, des livres ou des conférences.

Accompagner les managers à intégrer un type de management transformationnel, et les encourager à faire appel à leur intuition.

7/ Feedback constructif et coaching

Mettre en place des processus de feedback constructif et régulier, qui mettent en valeur les points forts des collaborateurs tout en suggérant des axes d’amélioration.

Proposer des séances de coaching individuel et/ou collectif pour aider les collaborateurs à atteindre leurs objectifs personnels et professionnels.

En conclusion

L’intégration de la psychologie positive en entreprise représente une opportunité inestimable pour améliorer à la fois le bien-être des collaborateurs et la performance globale de l’entreprise. En évitant les écueils courants et en mettant en œuvre des stratégies concrètes et éprouvées, les organisations peuvent créer un environnement de travail qui favorise l’épanouissement individuel et collectif.

Les sept idées présentées dans cet article offrent un cadre solide pour commencer cette transformation. En adoptant une approche authentique et réfléchie de la psychologie positive, les entreprises peuvent non seulement fidéliser et motiver leurs talents, mais aussi se démarquer en tant qu’employeurs de choix.

Il est temps de reconnaître que le bien-être au travail n’est pas un luxe, mais une nécessité stratégique pour un succès durable. Alors, prêt.e à passer le pas ensemble ?

A lire également :

• Comment prévenir le burnout chez les professionnel·les des Ressources Humaines
• L’intelligence émotionnelle au service de la cohésion d’équipe
• Diversité et inclusion : quel est le rôle des soft skills ?