Consommation d’alcool et de stupéfiants au travail : où en est-on ?

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Certains de vos collaborateurs pourraient être addicts à l’alcool ou aux stupéfiants. Cette consommation, en hausse, s'est normalisée et reste fréquemment invisible, touchant parfois des collectifs entiers. Elle trouve ses racines dans les vulnérabilités du milieu professionnel et expose les limites des approches préventives classiques. Comment l’enrayer ?

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Une explosion des cas positifs qui révèle une réalité préoccupante

Les chiffres sont sans appel : la consommation d’alcool et de substances psychoactives en entreprise a explosé ces dernières années. 

L’étude “Révéler ce qui ne se voit pas” menée par iThylo par APERLI, basée sur l’analyse de 110 884 dépistages inopinés réalisés entre 2017 et avril 2025, révèle une augmentation de 107% des tests positifs à l’alcool ou aux stupéfiants en huit ans. Le taux de positivité est passé de 2,6% en 2017 à 5,3% en 2025.

Plus inquiétant encore, la cocaïne, autrefois considérée comme marginale en entreprise, enregistre une multiplication par 13 des cas positifs en 2025. Cette substance, jadis associée aux milieux festifs ou aux cadres urbains, s’est désormais installée sur les chantiers, dans les entrepôts et les ateliers. 

Le cannabis reste la substance la plus dépistée avec 1,8% des tests positifs, tandis que l’alcool connaît des pics nets en soirée, notamment après 17h et les vendredis.

En parallèle, le Baromètre de la Fondation MMA des Entrepreneurs du Futur et Bpifrance Le Lab nous éclaire sur la situation des dirigeants. Il révèle que 52% d’entre eux consomment de l’alcool au moins une fois par mois, et 23% présentent une consommation à risque. Paradoxalement, seuls 8% de ces dirigeants “à risque” reconnaissent un impact sur leur quotidien professionnel.

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Les vulnérabilités du monde du travail : terreau fertile pour les addictions

L’analyse des données met en lumière des facteurs de risque structurels qui favorisent ces consommations. L’étude iThylo révèle que les travailleurs précaires, notamment les intérimaires, sont particulièrement exposés.

Bien qu’ils ne représentent que 15% de l’échantillon, ils concentrent 31% des cas positifs à la cocaïne et 25% des cas positifs au cannabis. Cette surexposition s’explique par des conditions de travail difficiles : horaires décalés, isolement, logements collectifs temporaires et manque d’accès à l’information.

Les contextes spatio-temporels jouent également un rôle déterminant. Les dépistages réalisés après 17h montrent un taux de positivité à l’alcool multiplié par deux, tandis que certains chantiers de nuit enregistrent jusqu’à 1 salarié sur 5 testé positif.

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Le phénomène touche aussi les dirigeants, avec 82% d’entre eux qui déclarent souffrir de troubles physiques ou psychologiques selon l’étude MMA-Bpifrance.

L’impact de la crise Covid constitue un autre facteur déclencheur. L’étude observe une rupture nette à partir de 2022, avec une hausse de 43% des cas positifs à l’alcool et de 52% aux stupéfiants entre 2022 et 2024. Cette évolution suggère que la crise sanitaire a entraîné un basculement durable des usages, lié à l’accumulation de stress, à la perte de repères collectifs et à l’émergence de formes d’épuisement psychique persistantes.

Alcool et stupéfiants : repenser la prévention pour une approche efficace

Face à cette réalité, les politiques de prévention classiques montrent leurs limites. Trop souvent, la prévention se résume à quelques séances ponctuelles ou à une communication désincarnée. 

L’étude MMA-Bpifrance révèle d’ailleurs que parmi les dirigeants ayant reconnu souffrir d’une addiction, 60% n’ont pas souhaité se faire aider.

Pour être efficace, une politique de prévention des addictions doit être repensée selon plusieurs axes. Elle doit d’abord être inclusive, en intégrant tous les statuts de travailleurs, notamment les intérimaires et sous-traitants souvent laissés pour compte. Elle doit également être contextualisée, adaptée aux réalités du terrain et aux spécificités des secteurs d’activité.

L’accompagnement post-dépistage s’avère crucial. Comme le souligne Jean-Jacques Cado, Président d’iThylo : “Le dépistage n’est pas un piège, ni une stigmatisation. C’est un électrochoc bienveillant qui révèle ce que le collaborateur n’ose pas dire”

L’entreprise doit transformer ce moment en main tendue, avec des dispositifs d’écoute et de suivi professionnalisés. Enfin, la prévention doit s’attaquer aux causes structurelles : organisation du travail, gestion du stress, intégration des équipes précaires, et formation des managers.


Car derrière chaque statistique se cache une vulnérabilité organisationnelle qu’il convient de traiter à la source plutôt que de se contenter de gérer les conséquences.

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