Dans le cadre du droit du travail français, les congés constituent des outils essentiels pour la gestion des ressources humaines, chacun présentant des caractéristiques uniques et des conséquences sur le contrat de travail. Parmi ces options, le congé sans solde se distingue comme une alternative flexible, mais souvent mal comprise. Bien que son nom soit familier aux professionnels des ressources humaines et aux salariés, les subtilités de ce dispositif méritent une exploration approfondie.
Découvrez tous les aspects du congé sans solde, en commençant par sa définition précise et les conditions d’éligibilité. Nous examinerons ensuite son fonctionnement, en détaillant les cas dans lesquels il peut être pris, sa durée maximale, et les possibilités de renouvellement ou de réduction.
La procédure de demande sera également abordée, y compris les droits de l’employeur face à une telle requête. Enfin, nous analyserons l’impact du congé sans solde sur le contrat de travail, offrant ainsi une vue d’ensemble complète de ce dispositif.
Qu’est-ce qu’un congé sans solde ?
Congé sans solde, définition !
Le congé sans solde est un congé qui offre aux collaborateurs la possibilité de s’absenter de leur poste, pour des raisons personnelles ou professionnelles et le plus souvent de façon prolongée, sans pour autant mettre un terme à leur contrat de travail.
En effet, le congé sans solde a pour conséquence de suspendre le contrat de travail du collaborateur pour une durée définie. Ainsi, à la fin de ce congé, le collaborateur aura la possibilité de réintégrer son poste, ou un poste équivalent, dans les mêmes conditions qu’avant son départ en congés sans solde.
La suspension du contrat de travail entraîne également celle de la rémunération du collaborateur, ce qui signifie que ce dernier ne percevra plus de salaire de la part de son employeur pendant cette période. Néanmoins, si le dispositif est ouvert au sein de son entreprise, le collaborateur aura la possibilité de financer tout ou partie de ce congé via son compte épargne temps.
Le congé sans solde est-il ouvert à tous les salariés ?
Le congé sans solde se distingue par son absence de réglementation dans le Code du travail. Il découle plutôt d’une entente mutuelle entre l’employé désireux d’en profiter et son employeur.
En théorie, cette option est accessible à l’ensemble des employés, indépendamment de leur type de contrat, de leur temps de travail, de leur ancienneté ou de leur domaine professionnel.
Il est important de souligner que des conventions collectives, des accords de branche ou d’entreprise peuvent établir des règles spécifiques pour ce type de congé. Par conséquent, il est vivement conseillé d’examiner attentivement la convention collective applicable ainsi que les différents accords en vigueur avant d’initier toute discussion concernant un congé sans solde.
Congé sans solde et congé sabbatique, est-ce la même chose ?
S’ils sont souvent assimilés, le congé sans solde et le congé sabbatique ne sont pourtant pas semblables.
En effet, contrairement au congé sans solde, le congé sabbatique est un congé encadré par le Code du travail qui est accordé aux salariés qui en font la demande et qui remplissent les critères d’éligibilité, à savoir : une ancienneté minimale de 36 mois, consécutifs ou non, au sein de son entreprise et étant en activité professionnelle depuis 6 ans au moins.
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Congé sans solde, quel fonctionnement ?
Congé sans solde, dans quel cas peut-il être pris ?
Le congé sans solde est ce que l’on appelle communément un congé pour convenances personnelles, ainsi il peut être pris pour diverses raisons, qu’elles soient personnelles ou professionnelles.
De ce fait, un collaborateur peut faire une demande de congé sans solde pour :
- Réaliser un projet personnel, tel qu’un voyage autour du monde.
- Prendre part à un projet caritatif ou associatif.
- Porter assistance à un membre de sa famille, tel qu’accompagner un proche atteint d’une maladie ou d’un handicap.
- Créer son entreprise.
- Suivre une formation.
- Etc.
Lors de la prise du congé sans solde, il est important de s’assurer que la raison pour laquelle le collaborateur souhaite prendre ce congé ne soit pas couverte par un autre congé, tel que celui de création d’entreprise ou de proche aidant qui peuvent offrir des conditions plus favorables pour le collaborateur, telles que la perception d’une indemnité financière ou le versement d’aides.
Quelle est la durée maximale du congé sans solde ?
En l’absence de réglementation spécifique dans le Code du travail concernant le congé sans solde, aucune limite de durée, qu’elle soit maximale ou minimale, n’est imposée légalement.
Par conséquent, la période du congé doit être déterminée par un accord mutuel entre l’employeur et le salarié. Il est fortement recommandé de définir précisément et dès le début les dates de commencement et de fin du congé, en les consignant par écrit.
Il convient cependant de noter que des dispositions particulières concernant la durée du congé sans solde peuvent être prévues dans une convention collective, un accord de branche ou un accord d’entreprise. Ces accords peuvent établir des limites temporelles spécifiques pour ce type de congé.
Renouvellement du congé sans solde, est-ce possible ?
N’étant pas régi par des dispositions spécifiques, il est tout à fait possible d’envisager le renouvellement du congé sans solde.
Afin d’éviter d’éventuels désaccords lors de ce renouvellement, il est conseillé de prévoir les modalités de ce dernier lors de la demande initiale. Ainsi, vous pouvez spécifier par écrit, les modalités et délais de prévenance en cas de renouvellement du congé sans solde et la durée de ce renouvellement.
Vous pouvez aussi convenir qu’il ne sera accordé aucun renouvellement du congé puisque l’employeur n’est tenu par aucune disposition légale l’obligeant à accorder le renouvellement d’un congé sans solde.
Cependant, des dispositions conventionnelles ou un accord de branche ou d’entreprise peuvent imposer des conditions de forme, de délai et de durée pour un renouvellement ou au contraire l’interdire.
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J’accède au contenuCongé sans solde, peut-on en réduire la durée ?
Si le salarié en fait la demande, l’employeur peut lui accorder une réduction de la durée de son congé sans solde, mais il est également libre de la lui refuser.
En effet, afin de pallier à l’absence du collaborateur en congé sans solde l’employeur peut avoir recours à un contrat temporaire et dans ce cas il se peut qu’il ne puisse assumer la charge de deux salaires. Pour éviter tout litige, il est préconisé de prévoir les cas permettant au collaborateur de réintégrer son poste avant la fin de son congé sans solde : perte de revenu, acquisition d’une résidence principale, etc.
À nouveau, des dispositions conventionnelles ou un éventuel accord peuvent venir imposer des dispositions spécifiques dans ce cas de figure. Il est alors conseillé de les consulter avant de rendre votre décision.
Comment demander un congé sans solde ?
Bien qu’aucune procédure formelle ne soit imposée par la loi, sauf dispositions contraires dans les conventions ou accords, il est judicieux d’établir et de documenter un processus standardisé pour la demande et la gestion des congés sans solde.
Il est primordial de commencer par définir clairement la politique de votre entreprise concernant ces congés. Déterminez si cette option est disponible, quelles sont les conditions d’éligibilité, les délais et le format de la demande, ainsi que la durée maximale autorisée.
Une fois ces paramètres établis, il est essentiel de les communiquer efficacement à vos employés. Cela leur permettra de formuler leurs demandes en respectant les critères et les délais fixés.
À la réception d’une demande, il vous incombe de l’examiner attentivement pour décider de la suite à donner. Si la requête ne satisfait pas aux critères d’éligibilité, de forme ou de délai, vous êtes en droit de la refuser, en expliquant clairement les motifs de votre décision.
Dans le cas où celle-ci respecte l’ensemble des critères, vous avez alors la possibilité d’y répondre favorablement. Il est alors conseillé de vous réunir avec le collaborateur afin de déterminer précisément les modalités de ce congé, à savoir sa durée, la possibilité de le renouveler ou non, la possibilité de l’écourter ou non. Mais surtout, cela vous permettra de valider le projet du collaborateur et de vérifier s’il ne pourrait pas prétendre à un autre congé plus avantageux pour lui.
L’employeur peut-il refuser la demande du salarié ?
Oui, l’employeur est tout à fait en droit de refuser la demande du collaborateur et ce même si ce dernier respecte le formalisme et le délai, mais il est alors préférable de justifier ce refus.
Le refus peut être motivé par diverses raisons, telles que les besoins opérationnels de l’entreprise, le fait que l’absence prolongée du collaborateur risque de perturber le bon fonctionnement de l’entreprise, que l’absence intervient lors d’une période haute d’activité, etc.
Afin de limiter les impacts négatifs d’un refus (démotivation du collaborateur, absentéisme, …) nous vous conseillons d’expliquer les raisons de votre refus au collaborateur au cours d’un entretien et d’éventuellement trouver un accord pour repousser et/ou écourter cette demande afin de satisfaire l’ensemble des parties.
Congé sans solde, quel est son impact sur le contrat de travail ?
Le congé sans solde suspendant le contrat de travail, ce dernier aura de nombreuses répercussions sur le quotidien du collaborateur.
Si le principal impact de cette suspension du contrat de travail est l’arrêt du versement du salaire, la perte de revenu pour le collaborateur ne sera pas la seule conséquence.
En effet, la suspension du contrat de travail entraîne également la suspension de l’acquisition de l’ancienneté du collaborateur au sein de l’entreprise ainsi que l’acquisition des congés payés.
De même, l’absence de salaire entraîne l’absence de paiement de cotisation. Ainsi durant cette période de congé sans solde, le collaborateur ne cotise plus pour sa retraite, son chômage ainsi que sa mutuelle. S’il souhaite maintenir sa couverture santé, il devra alors prendre à sa charge l’ensemble de la cotisation. Concernant la sécurité sociale, celui-ci reste généralement affilié à la CPAM, mais le montant de ses indemnités peut être minoré et il ne pourra prétendre au versement des indemnités employeurs en cas d’arrêt maladie.
Lors du congé sans solde, le collaborateur ne peut plus bénéficier de ses avantages en nature, tel que la voiture de fonction, les tickets-restaurants ou autres qui se retrouvent, eux aussi, suspendu.
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