Le « fléau » de l’absentéisme épuise les entreprises et les présents. En effet, plus il y a
d’absences et plus le risque d’entrer dans un cercle vicieux existe ! Les présents vont
compenser le travail des absents jusqu’au jour où, eux-mêmes, vont s’autoriser à s’absenter.
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Je téléchargeLes coûts cachés de la fatigue pouvant entraîner le désengagement des collègues est
rarement évalué. Pourtant la perte des compétences a des répercussions. Des erreurs ou
encore un service client détérioré ont aujourd’hui un impact économique direct. Les
entreprises comprennent l’importance qu’elles ont a apporté à une approche individuelle de l’absentéisme.
Les 18/34 ans sont-ils les grands absents post covid ?
Absentéisme : une tendance de fond à la hausse.
Depuis 2017 le nombre de jours d’absence par an et par salarié ne cesse d’ augmenter. Concrètement, en 2017, un salarié s’absentait 18,6 jours en moyenne par an dans le privé et 33 jours dans le public, en 2020, il s’absente 21,7 jours dans le privé et 49 jours dans le public.
Quelles sont les explications de cette augmentation de durée des absences ?
La principale explication de l’allongement de la durée des arrêts est la détérioration de la santé mentale des salariés. Depuis 3 ans, il y a une hausse de 25% des troubles liés à la dépression et à l’anxiété selon l’OMS.
Les arrêts pour des motifs psychologiques sont deux fois plus long que les autres. Dès 2018, les experts comme Pascal Gallois, directeur Pactes Conseil prédisait “en France, je crois que l’absentéisme pourrait grimper en flèche dans les prochaines années. Selon les dernières enquêtes sur le bien-être au travail, nous sommes en effet parmi les moins bien lotis dans ce domaine, ce qui pourrait augmenter le nombre d’absences dues au stress”.
Un autre motif sur l’augmentation de la durée des absences est l’errance de diagnostic au regard de la distension des délais pour l’obtention des rendez-vous d’examens médicaux ou de consultations.
Aussi, tordons une idée reçue : Même si les + de 55 ans ont des arrêts longs, ils sont sous
représentés en fréquence d’arrêt pour maladie (34% en 2022), les départs en retraite plus tardifs majorent la fréquence de cohabitation avec les maladies chroniques évolutives et les douleurs dues aux troubles musculosquelettiques.
Cependant, on observe que chez les salariés plus âgés, la durée de l’arrêt maladie est inversement proportionnelle à l’ancienneté. Un salarié avec une grande ancienneté s’arrêtera moins longtemps qu’un salarié du même âge étant arrivé plus récemment.
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Une augmentation de la durée des arrêts et des arrêts multiples (arrêts perlés)…
En 2022, 1 arrêt sur 5 est dû au covid
Les dernières tendances de l’absentéisme selon les baromètres de 2022 (Malakoff Humanis et Ayming-AG2R La Mondiale) annoncent que plus de 40% des salariés sont arrêtés au moins 1 fois dans l’année. L’analyse des résultats montre une sur-représentation des jeunes (18-34 ans) et une sous représentation des + de 50 ans.
Cependant l’augmentation des arrêts multiples concernent en majorité les aidants à 50% et les salariés du secteur de la santé.
Chez les plus jeunes, les sociologues expliquent le phénomène des arrêts perlés, ces arrêts occasionnels et discontinus par :
- Les familles monoparentales ayant souvent du mal à concilier la charge d’éducation des enfants, l’organisation de la sphère privée et la vie professionnelle.
- Les salariés aidants qui doivent s’occuper de leurs aînés, de proches malades ou handicapés. Ils représentent aujourd’hui 20% des actifs, et sont statistiquement arrêtés plusieurs fois dans l’année.
- La suite des arrêts longs : 1 salarié sur 2 s’arrête à nouveau suite à un arrêt initial de plus de 90 jours. En effet, lorsque la reprise ne se passe pas bien, le collaborateur peut avoir l’impression de ne pas retrouver sa place ou sa contribution à la création de valeur dans l’équipe de travail. Les chiffres montrent des arrêts courts et fréquents dans l’année qui succède la reprise et dans les années qui suivent. Ces arrêts perlés sont très désorganisateurs du travail : Le chiffre de 17 jours/ an en 3 arrêts est avancé (source étude Vican2 – Vican5).
D’autres éléments d’explication sont à trouver dans la rigidité de l’organisation du travail (le manque de perspective et la perte du « bon-sens » du travail) et, au final, la banalisation de l’absentéisme.
La crise Covid : une réponse à l’absentéisme ?
Depuis la crise sanitaire des changements apparaissent : le nombre des arrêts de courtes durées (1 à 3j) a considérablement diminué. C’est la nouvelle tendance de l’absentéisme en 2022. On peut penser que la généralisation du télétravail soulage les familles monoparentales ou encore les aidants dans leur double organisation travail et soutien.
Par ailleurs, pour les salariés ayant besoin d’un suivi médical, le télétravail apporte une souplesse à l’imbrication des rendez-vous médicaux avec le planning professionnel.
L’augmentation des arrêts pour motifs psychologiques sont en moyenne deux fois plus longs que les autres.
Baromètre Malakoff-Humanis 2022
La tendance de 2022 : les managers sont touchés par des arrêts de travail longs (plus d’un mois). Cette catégorie professionnelle était jusqu’à maintenant épargnée par l’absentéisme long.
Toutes les enquêtes sur le moral des travailleurs menées régulièrement par les différents baromètres internes témoignent d’une charge mentale forte et de troubles psychologiques depuis l’après crise.
D’ailleurs depuis le début de l’année 2022, nous recevons plus de commande d’accompagnement au retour au travail de managers de proximité, des responsables fonctionnels et des responsables RH absents.
Une nouvelle tranche d’âge est désormais aussi touchée : les moins de 30 ans qui connaissent plus d’arrêts, l’augmentation entre 2019 et 2021 est de 11,6%. L’origine se situe, comme pour les managers, sur le stress chronique et les troubles psychologiques induits.
Stressés voir épuisés, les managers comme les jeunes déclarent consommer des somnifères et/ou des anti-dépresseurs pour 24% d’entre eux.
Ne pas négliger le cercle vicieux de l’absentéisme
Les difficultés de recrutement n’épargnent aucun secteur d’activité. Alors que des besoins de main-d’œuvre et de ressources sont bien réelles, les personnes présentes sont sur-sollicitées, elles compensent les postes vacants et les absences maladies.
Ainsi, il est prouvé qu’un service qui connaît de nombreux arrêts non remplacés va dans le temps connaître encore plus d’arrêts : le cercle vicieux de l’absentéisme se met en place.
Le secteur de la santé confirme sa triste 1ère place de l’absentéisme
Pour preuve, c’est dans le secteur de la santé que le nombre de salariés arrêtés est le plus élevé (53%). C’est également dans ce secteur que l’on note l’augmentation des arrêts multiples. La compensation des absences par les présents ne peut durer qu’un temps.
Le manque de personnel, entraîne la “surchauffe” des professionnels présents. De ce fait 25% de leurs arrêts ont pour motif les troubles psychologiques.
Il existe un réel risque dans la sécurité de prise en charge des patients, d’où la fermeture de certains services d’urgence.
Quelles démarches pour gérer l’absentéisme ?
Face à cette progression de l’absentéisme, 6 dirigeants sur 10 déclarent avoir mis en place
au moins un dispositif de lutte contre l’absentéisme :
● Un tableau de bord Absentéisme.
● Un contrôle médical au domicile de l’absent.
● Une action de prévention sur le stress.
● Une grille d’entretien de ré-accueil très formalisée.
Souvent initiées pour traquer les abus, ces approches n’atteignent pas leur objectif. A posteriori, à la lecture des indicateurs de l’absentéisme des entreprises, les résultats sont d’ailleurs reconnus insatisfaisants.
En outre, les bénéficiaires perçoivent ces agissements comme répressifs, pouvant parfois entraîner un climat social tendu alors même que les diagnostics par autoévaluation dénombrent seulement 2% des motifs d’arrêts pour convenances personnelles.
D’autres démarches se centrent sur l’apport de connaissances et sur la compréhension de la situation d’absence rencontrée ; un point de vigilance étant de ne pas confondre compréhension avec compassion.
Cécile PRIOUL, Co-fondatrice de Ça Ira Encore mieux Demain
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*Données chiffrées tirées des baromètres 2022 Malakoff Humanis et Ayming- AG2R La
Mondiale.