Le bien-être mental au sein des entreprises reste encore souvent tabou. C’est ce que révèle une toute récente étude Alan / Harris Interactive. Il semble que, si 90 % des salariés français estiment que les difficultés psychologiques sont de plus en plus courantes au travail et que l’entreprise est responsable de leur bien-être mental, seulement 7 % osent en parler à leur supérieur.
Bien-être mental au travail : plus de 50% des salariés seraient “mal”
Le 05 mai dernier, la mutuelle Alan a présenté les résultats du premier baromètre bi-annuel dédié au bien-être mental en entreprise. Réalisé en partenariat avec Harris Interactive, il “évalue les perceptions du bien-être mental et son impact sur les performances ou l’attitude des salariés envers l’employeur”. Une étude qui révèle l’importance d’une remise en question profonde du modèle managérial de l’entreprise et du sens au travail en France.
taux de charge : 5 actions concrètes
22 % des cadres travaillent plus de 50 heures par semaine et 43 % se reconnectent en soirée ou le week-end. Cette surcharge menace l'équilibre de vie de ces collaborateurs, augmentant le risque d'épuisement professionnel. Le guide "5 actions pour veiller au respect des temps de travail et de repos" vous permet d’évaluer et d’ajuster la charge de travail, avec des indicateurs de suivi et des solutions d'accompagnement. Ce guide vous est proposé par notre partenaire Lucca.
Je téléchargeQuelles sont les causes du mal-être au travail ?
Nommé “Bien-être mental : les salariés attendent l’entreprise au tournant”, ce baromètre du 1er semestre 2022 explique qu’en 2022, les salariés français peinent à trouver leur équilibre. Les causes sont multiples : isolement lié au télétravail, effacement des frontières entre vie professionnelle et personnelle, obligation de se réapproprier son métier dans un environnement digital… Et sûrement beaucoup du contexte mondial passé et actuel.
Autres causes directement liées aux conditions de travail : nombreux sont ceux qui ont perdu la motivation : 52 % des salariés et 62 % des 18-24 ans, évoquent aussi le manque de confiance en eux, la sensation d’isolement et les angoisses. Pour 68 %, un manque de reconnaissance de la hiérarchie, et la difficulté à maintenir un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, chez 66 %. Les moins de 25 ans se plaignent également de problèmes d’organisation interne et de la difficulté à se déconnecter du travail.
Résultat : L’immense majorité des salariés (90 %) et des Français (91 %), tous métiers et âges confondus, estiment que les difficultés psychologiques sont de plus en plus répandues au travail.
Les jeunes et les cadres, plus touchés par le stress
Dans les TPE/PME, le stress est pointé du doigt par 63 % des cadres. Dans le secteur tertiaire, ils sont 52 % à avoir perdu la motivation. Enfin, la perte de sens contamine 49 % des salariés du numérique.
Et ce sont aussi les jeunes qui restent les plus touchés. Si, en 2022, 1 salarié sur 2 éprouve une difficulté psychologique, chez les jeunes actifs de 18 à 24 ans, ce chiffre monte à 6 salariés sur 10, dont 23% déclarent se sentir “très mal”.
L’entreprise, responsable du bien-être mental pour 86% des salariés
Sur le volet du bien-être, les salariés souhaitent que l’entreprise s’engage : près de 9 salariés sur 10 considèrent leur employeur comme responsable de leur bien-être mental. Chiffre encore plus parlant : 94% des salariés estiment que, “se sentir bien dans son entreprise et son travail permet de se sentir bien dans sa vie en général”.
Une entreprise qui semble ne pas toujours prendre conscience de l’importance du problème puisque, si un consensus se crée pour normaliser le bien-être psychologique au travail, l’entreprise tarde à passer à l’acte : 6 salariés sur 10 estiment que leur employeur ne met pas en place de solutions pour améliorer leur condition psychologique.
C’est en effet le grand paradoxe des salariés avec leur entreprise : si la majorité (86 %) estime qu’elle est responsable de leur bien-être mental, seulement 7% osent parler à leurs supérieurs et responsables des ressources humaines de leurs difficultés psychologiques !
Pour éviter “la grande démission”, l’entreprise doit travailler sur le bien-être mental de ses collaborateurs
Le plus grand risque de ce mal-être est alors la démission en masse des salariés. En effet, 71 % des salariés ayant déjà fait face à une difficulté psychologique déclarent vouloir un changement dans leur vie professionnelle — reconversion, évolution de poste, ou changement d’entreprise. L’envie d’un changement profond envahit 75% des salariés de l’hôtellerie, du café et de la restauration (HCR) ayant rencontré une difficulté psychologique.
La solution semble alors dans les mains du RH. En effet, pour les salariés, faire du bien-être mental au travail une priorité RH deviendrait un levier d’engagement et de rétention majeur : 85 % des salariés déclarent que leur fidélité à l’entreprise, et leur motivation (86 %), seraient renforcées si leur entreprise mettait en place des actions concrètes pour favoriser le bien-être mental.
Normaliser le partage des émotions, former les managers et outiller les salariés avec des solutions concrètes sera nécessaire pour changer la donne.