Salaires, parentalité, éducation : quel sexisme au travail 2024 ?
Sous la direction d’Aurélie Dehling, doyenne associée Prospective & Idéation à KEDGE Business School et experte en questions de genre, une étude innovante intitulée 2050, une France (du travail) toujours sexiste ? a été récemment publiée.
Cette étude menée par des experts et étudiants de KEDGE explore les inégalités de salaire persistantes entre hommes et femmes au travail, projetant leur évolution jusqu’en 2050.Â
Les chiffres actuels brossent déjà un tableau préoccupant : en 2021, les femmes du secteur privé gagnaient en moyenne 24,4 % de moins que leurs homologues masculins ; et même avec des conditions de travail égales, l’écart restant de 15,5 %.
La parentalité exacerbe ces inégalités. Les femmes, souvent contraintes d’adapter leur carrière, étaient, en 2021, 10,6 % moins présentes en emploi que les hommes, avec 80 % des temps partiels occupés par des femmes. Le coût professionnel de la parentalité est lourd, avec un écart de salaire entre mères et pères de trois enfants ou plus atteignant 30,9 % en équivalent temps plein.
En éducation, les stéréotypes de genre se manifestent dès le plus jeune âge. Dans les manuels scolaires de CP, seuls 3 % des personnages occupant un métier scientifique sont des femmes, tandis que 70 % des personnages féminins sont associés à des tâches domestiques.
Ces biais se retrouvent dans l’interaction des enseignants : 56 % du temps est accordé aux garçons contre 44 % aux filles.
Des constats accablants qui nourrissent la réflexion pour bâtir un avenir professionnel plus inclusif et équitable.
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Sexisme au travail en 2050 : 4 hypothèses…
L’étude menée par KEDGE Business School explore quatre hypothèses pour le futur de l’égalité de genre au travail, imaginant divers scénarios d’ici 2050.
La première hypothèse, celle de la “lente transformation”, voit les inégalités de genre s’atténuer progressivement mais sans rupture marquée. Les écarts de salaires et les stéréotypes persistent, bien que légèrement réduits.
La seconde hypothèse, “égalité par la technologie”, envisage un monde où la robotisation et l’automatisation des tâches domestiques libèrent les individus de certaines contraintes, permettant une progression vers l’égalité, bien que des dilemmes éthiques demeurent.
Le scénario suivant, plus pessimiste, imagine un “retour en arrière” où des crises économiques renforcent la précarité et freinent les progrès vers l’égalité, avec des femmes cantonnées à des emplois peu valorisés.
Enfin, l’hypothèse la plus optimiste prédit l’”égalité réelle” grâce à des politiques publiques ambitieuses, telles que la parité obligatoire et des congés parentaux équitables. Ce scénario nécessite un engagement sociétal global pour instaurer une égalité durable.
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Face à ces hypothèses, l’étude “2050, une France (du travail) toujours sexiste ?” propose des pistes concrètes pour un avenir professionnel plus égalitaire.
Premièrement, repenser la parentalité en égalisant les congés parentaux pour éviter de pénaliser la carrière des femmes.
Ensuite, il est essentiel de revaloriser les métiers féminisés, notamment ceux du soin, pour lutter contre les bas salaires dans ces secteurs.
L’éducation joue également un rôle crucial : l’étude recommande de déconstruire les stéréotypes dès l’école, par des programmes plus égalitaires et une sensibilisation des personnels éducatifs.
Enfin, la transparence salariale et l’égalité en entreprise sont des leviers importants. En instaurant des quotas de parité et des pratiques de transparence sur les rémunérations, les entreprises pourraient accélérer la marche vers une égalité réelle.
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