Un “congé menstruel”, qu’est-ce que c’est ?
Le 16 février dernier, l’Espagne est devenue le premier pays d’Europe à voter une loi validant la notion de “congé menstruel” dans les entreprises espagnoles.
Concrètement, cette loi permet “l’arrêt de travail d’une femme en cas de règles incapacitantes” liées, par exemple, “à des pathologies comme l’endométriose” sera “reconnu comme une situation spéciale d’incapacité temporaire” de travail.
Et le texte ajoute : “il s’agit d’accorder à cette situation pathologique une régulation adaptée afin d’éliminer tout biais négatif” pour les femmes “dans le monde du travail”.
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Je télécharge les 8 fichesLes chiffres sur l’impact des règles en entreprises
Si le sujet des règles reste encore très tabou aujourd’hui en général en France et plus particulièrement en entreprise, il est certain que cela affecte fortement le travail d’un certain nombre de femmes. Et donc la productivité de toutes les entreprises. Le congé menstruel peut alors être envisagé comme un élément du travail sur la QVT.
Pour preuve des effets négatifs des règles sur le travail des femmes, ces quelques chiffres relayé par le site Moonlikate :
- 53% des femmes affirment souffrir de douleurs menstruelles lors d’un sondage Ifop d’octobre 2022, sur le sujet du congé menstruel.
- 65% des femmes en activité salariée ont déjà été confrontées à des difficultés liées à leurs règles au travail.
- 35% déclarent que leur douleurs menstruelles impactent négativement leur travail.
- 37% des salariées disent que la gêne des règles est sous-estimée en entreprise.
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Le congé menstruel en France : ces entreprises qui l’ont adopté
Deux tiers des salariées françaises sont favorables au congé menstruel. En effet, selon une enquête de l’Ifop commandée par Eve-And-Co et dévoilée par Le Parisien, 66% des femmes interrogées souhaiteraient avoir recours au congé menstruel si elles en avaient la possibilité. 64% des femmes qui ont des règles douloureuses n’hésiteraient pas à prendre un tel congé.
Si une loi similaire à celle votée en Espagne n’est pour le moment pas envisagée en France, quelques entreprises ont déjà mis en place le congé menstruel pour leurs collaboratrices.
Parmi ces entreprises qui ont adopté le congé menstruel (cf article du Parisien), on trouve Louis Design, start-up toulousaine spécialisée en fabrication de mobilier éco responsable qui permet aux personnes menstruées de poser un congé payé pendant cette période difficile.
Mais aussi La Collective, une coopérative basée à Montpellier, accorde, depuis janvier 2021, un jour par mois aux salariées, sur demande et sans justificatif. Ou encore Critizr, société spécialisée dans la relation client, qui a instauré le congé menstruel et permet aux femmes, comme à leur conjoint, de poser un arrêt maladie en cas de fausse couche.
Congé menstruel : une réalité en Afrique et en Asie
Si l’Espagne est le premier pays à adopter le congé menstruel en Europe, ce n’est pas le premier pays à le faire au niveau mondial.
Comme l’explique TV5 Monde dans son article sur le congé menstruel ailleurs dans le monde, en Zambie, depuis 2015, une loi permet aux femmes de prendre un jour de congé supplémentaire par mois, sans préavis ni certificat médical en cas de règles douloureuses.
Même chose en Asie. Au Japon, le droit au congé menstruel est inscrit dans la loi depuis 1947. L’Indonésie, a accordé, dès 1948, aux femmes, deux jours de congés menstruels par mois (mais en 2003, cette loi a été soumise au bon vouloir des employeurs). En Corée du Sud, depuis 1950, les employées sont autorisées à prendre un jour de congé menstruel par mois (mais qui n’est pas payé). Et Taïwan reconnaît le droit au congé menstruel pour les employées dans la limite d’un jour par mois et d’un total de trois jours par an.
Si peu de femmes y ont recours et si les entreprises se montrent réticentes à appliquer la loi, le congé menstruel est donc une réalité dans d’autres pays dans le monde.
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