Le changement n’est plus un simple projet ponctuel, il est devenu une compétence stratégique pour toute organisation. La digitalisation des outils, la transformation des modes de travail, les réorganisations ou encore les fusions sont désormais monnaie courante.
Pourtant, selon une enquête menée au printemps 2025(*), près de 50 % des collaborateurs et managers vivent encore ces transitions comme une contrainte, faute de sens ou d’accompagnement adapté.
L’enquête révèle également que 48,7 % des participants jugent prioritaire la formation des managers à la conduite du changement, et que 46,2 % estiment indispensable de sensibiliser les équipes en amont et d’organiser des ateliers collaboratifs.
Ces chiffres rappellent une vérité fondamentale : aucun projet de transformation ne réussit sans l’adhésion des femmes et des hommes qui le portent.
Le changement, une épreuve encore trop subie
De nombreuses équipes perçoivent la transformation comme une rupture subie, souvent à cause d’une communication trop tardive ou incomplète. Ce ressenti peut ralentir l’adoption des nouvelles pratiques, voire provoquer des blocages.
Prenons l’exemple d’un groupe de services ayant déployé un nouvel outil de gestion des plannings. L’annonce de ce changement a été faite seulement deux semaines avant son implémentation, sans concertation avec les utilisateurs.
Résultat : les collaborateurs se sont sentis exclus des décisions et ont exprimé des résistances, traduites par une utilisation partielle de l’outil et une multiplication des demandes de support technique.
La situation s’est améliorée uniquement après l’organisation de séances d’échange et de formation dédiées.
Questions à se poser :
- Avons-nous clairement expliqué pourquoi ce changement est nécessaire ?
- Avons-nous anticipé l’impact de cette transformation sur le quotidien des équipes ?
- Les collaborateurs savent-ils en quoi ils seront gagnants ?
Les travaux de Kurt Lewin, et notamment sa courbe du changement, rappellent que la phase de « dégel » (où l’on prépare les esprits et où l’on donne du sens) est essentielle. Sans cette étape de préparation, la résistance devient inévitable.
Les managers de proximité, pivots de la transformation
Les données de l’enquête confirment une évidence souvent sous-estimée : les managers de proximité sont les véritables catalyseurs d’adhésion. Ils incarnent la vision stratégique auprès des équipes, mais doivent aussi gérer les craintes et les tensions.
48,7 % des répondants estiment que les managers devraient être mieux formés pour répondre aux résistances, délivrer des messages clairs et soutenir leurs équipes.
Pour exemple, dans une PME de 200 collaborateurs confrontée à la digitalisation, des ateliers centrés sur la communication assertive et la gestion des émotions ont permis aux managers de prendre confiance.
Le taux de satisfaction interne est passé de 55 % à 75 % en six mois, avec une meilleure adoption des outils digitaux.
Questions à se poser :
- Mes managers savent-ils repérer les signaux faibles et les réticences ?
- Ont-ils les compétences pour faire du feedback un levier d’engagement ?
- Sont-ils suffisamment impliqués en amont des projets de transformation ?
Trois leviers clés pour engager les équipes
Cette enquête menée au printemps 2025 met en avant trois leviers essentiels à toute démarche de transformation :
Former les managers
La formation doit aller au-delà des aspects techniques pour inclure des compétences comportementales : savoir donner du feedback constructif, gérer des conversations difficiles, expliquer les enjeux avec pédagogie et adapter son discours à chaque profil.
Sensibiliser les équipes en amont
Trop souvent, les collaborateurs découvrent un projet une fois qu’il est déjà en cours de déploiement. Expliquer le pourquoi et le pour quoi permet d’anticiper les incompréhensions et d’éviter les rumeurs.
Favoriser la co-construction
Les ateliers collaboratifs et les groupes de travail participatifs permettent aux équipes de devenir actrices du changement.
Dans une entreprise de services, trois ateliers participatifs ont permis d’identifier cinq solutions concrètes, dont quatre ont été intégrées au plan final, générant une meilleure appropriation des décisions.
A lire également :
- Parcours Professionnel : Comment accompagner vos salariés ?
- Résistance au changement : les 5 étapes pour y faire face
- 5 techniques de coach à adopter en tant que RH
Une méthode progressive pour ancrer le changement : explorer, expérimenter, maîtriser
Une approche en trois temps est particulièrement efficace pour structurer un projet de transformation.
La première étape, « explorer », consiste à analyser les besoins, comprendre les résistances et définir une vision claire. C’est la phase de diagnostic, où l’on identifie les risques, les attentes et les opportunités.
La deuxième, « expérimenter », repose sur l’organisation d’ateliers collaboratifs et de sessions de co-développement. Ces moments d’intelligence collective permettent de tester des solutions, de recueillir des idées et d’ajuster le plan d’action avant son déploiement complet.
La dernière, « maîtriser », vise à ancrer durablement les pratiques grâce à un suivi régulier, souvent organisé à trois, six et neuf mois. Ce suivi est essentiel pour évaluer l’efficacité des actions, mesurer l’adhésion et apporter des ajustements en continu.
Des exemples concrets de transformation réussie
Dans une entreprise industrielle de 500 personnes, l’introduction de nouvelles lignes de production avait généré des inquiétudes liées à la réorganisation des postes.
Un programme en trois phases : diagnostic des résistances, ateliers de co-développement, puis accompagnement personnalisé des managers a permis de réduire le taux de turnover de 18 % à 9 % en un an.
Dans une autre organisation du secteur public, une fusion de services a été vécue initialement comme une perte de repères par les équipes. L’implication de représentants de chaque service dans des ateliers de réflexion a favorisé l’émergence de solutions concrètes.
Après six mois, 80 % des collaborateurs ont déclaré comprendre la finalité du projet et y contribuer de manière active.
Bénéfices RH et ROI : un changement bien accompagné est un investissement rentable
Un projet de transformation réussi ne se limite pas à atteindre des objectifs techniques. Il génère des bénéfices RH tangibles :
- Une baisse du turnover, grâce à une meilleure adhésion.
- Une amélioration de l’engagement et de la motivation, mesurée par des baromètres internes.
- Une performance collective accrue, issue d’une meilleure collaboration et d’une communication fluide.
D’un point de vue économique, les projets mal accompagnés peuvent engendrer des surcoûts importants. On estime que les retards et les résistances non anticipées peuvent représenter jusqu’à 20 % du budget total d’un projet.
À l’inverse, une conduite du changement bien pilotée permet de sécuriser les délais, de maximiser le retour sur investissement et d’éviter la perte de productivité.
Questions à se poser :
- Quels indicateurs de performance RH suivons-nous après un projet de transformation ?
- Savons-nous mesurer le transfert des nouvelles compétences sur le terrain ?
- Avons-nous prévu un budget pour l’accompagnement humain et pas uniquement technique ?
Transformer la résistance en levier d’engagement
La résistance au changement n’est pas une erreur, mais un signal. Elle révèle des besoins de clarification, de dialogue ou de formation.
Les organisations qui réussissent sont celles qui transforment cette résistance en énergie positive, en créant des espaces de parole et en valorisant les idées des collaborateurs.
Un directeur des ressources humaines ayant vécu une fusion récente résumait ainsi l’impact d’une approche participative : « Les ateliers collaboratifs ont permis de faire émerger des solutions inattendues et surtout d’apaiser les tensions. Les équipes sont passées d’une posture d’attente à une vraie dynamique collective. »
Faites le point sur vos pratiques RH en 3 minutes !
Vous vous demandez si vos pratiques RH sont vraiment efficaces ? Grâce au mini-diagnostic de notre partenaire Eurécia, obtenez un aperçu clair, rapide et gratuit de votre maturité RH. Vous découvrirez : vos forces RH actuelles, vos axes d’amélioration prioritaires et comment vous vous situez face aux autres PME.
Je lance mon diagnosticUne culture d’entreprise plus agile et résiliente
La conduite du changement ne se résume pas à une suite d’actions ponctuelles. Elle s’inscrit dans une culture plus large : celle de l’agilité organisationnelle, où chaque acteur comprend qu’évoluer est non seulement nécessaire, mais bénéfique.
Construire une culture du changement, c’est apprendre à tester, ajuster et s’adapter en continu, tout en maintenant un haut niveau de communication et de confiance.
Les entreprises les plus performantes sont celles qui voient le changement comme un processus permanent, soutenu par une vision claire et des équipes engagées.
Conclusion
Le succès d’un projet de transformation repose sur trois piliers : des managers bien formés, des équipes sensibilisées en amont et une dynamique collective favorisée par la co-construction.
L’enquête du printemps 2025 l’illustre : un changement réussi est avant tout une aventure humaine.
C’est cette conviction que je défends dans nos accompagnements : créer les conditions pour que chaque transformation devienne non seulement un défi, mais aussi une opportunité d’apprentissage, de performance et d’engagement durable.
(*) enquête menée par le cabinet de conseils RH Révélatis
A lire également :
- Digitalisation RH et transformation digitale : conséquences ? inconvénients ?
- Reconversion professionnelle : pourquoi et comment accompagner vos collaborateurs ?
- Mauvaises pratiques managériales : repérer et prévenir