Un accord d’entreprise est un contrat qui dĂ©finit les règles applicables Ă une entreprise en matière de relations sociales et de conditions de travail. Il est signĂ© entre l’employeur et les reprĂ©sentants des salariĂ©s, ou directement entre l’employeur et les salariĂ©s eux-mĂŞmes dans certains cas spĂ©cifiques.
Que ce soit pour nĂ©gocier des conditions de travail spĂ©cifiques, de nouveaux amĂ©nagements horaires ou des bĂ©nĂ©fices pour les employĂ©s, l’accord d’entreprise joue un rĂ´le essentiel dans l’organisation du travail et dans la nĂ©gociation des conditions de travail.
L’enregistrement d’un accord d’entreprise est une Ă©tape cruciale qui permet non seulement de garantir la validitĂ© de l’accord, mais aussi de confĂ©rer Ă celui-ci une force obligatoire. Cependant, pour qu’un accord d’entreprise ait toute sa valeur juridique et soit opposable Ă tous les salariĂ©s, il doit suivre une procĂ©dure d’enregistrement bien dĂ©finie.
Nous Ă©tudierons, dans un premier temps, les conditions prĂ©alables pour qu’un accord d’entreprise puisse ĂŞtre enregistrĂ© puis, nous dĂ©taillerons la procĂ©dure d’enregistrement d’un accord d’entreprise et enfin les effets juridiques de l’enregistrement pour l’accord d’entreprise.
Les conditions prĂ©alables Ă l’enregistrement d’un accord d’entreprise
Pour qu’un accord d’entreprise puisse ĂŞtre enregistrĂ©, il doit ĂŞtre valide juridiquement et remplir plusieurs conditions prĂ©alables de nĂ©gociation et de signature.
Les conditions de négociation
En principe, la négociation de l’accord d’entreprise se fait entre l’employeur et les délégués syndicaux.
Toutefois, le Code du travail permet de nĂ©gocier un accord d’entreprise sans dĂ©lĂ©guĂ© syndical, dans le cadre de la nĂ©gociation dĂ©rogatoire.Â
Selon les sujets traités, la négociation préalable peut prendre différentes formes, selon l’effectif de l’entreprise :
Entreprises de moins de 11 salariés
En l’absence de dĂ©lĂ©guĂ© syndical et de membre Ă©lu Ă la dĂ©lĂ©gation du personnel du CSE, l’employeur peut directement proposer aux salariĂ©s un projet d’accord d’entreprise et doit organiser le vote pour l’adoption de l’accord.
Entreprises de 11 à 49 salariés
En l’absence de délégué syndical, un employeur peut négocier et conclure un accord avec :
- Un membre du CSE, mandaté ou non par une organisation syndicale représentative.
- Ou un salarié non élu, mandaté par une organisation syndicale représentative.
Entreprises d’au moins 50 salariĂ©s
En l’absence de délégués syndicaux dans les entreprises de plus de 50 salariés, il existe un ordre de priorité entre les salariés avec lesquels un employeur peut négocier et conclure des accords :
- Un membre du CSE mandaté par une organisation syndicale représentative.
- À défaut, un membre du CSE non mandaté.
- À défaut, un salarié non élu, mandaté par une organisation syndicale représentative.
Les conditions de signature
L’accord d’entreprise doit être écrit et signé. Les règles de validité de signature de l’accord dépendent de la présence ou non d’un délégué syndical et de l’effectif de l’entreprise.
En présence de délégués syndicaux
En principe, l’accord d’entreprise doit être signé :
- Avec l’employeur ou son représentant.
- Une ou plusieurs organisations syndicales représentatives ayant recueilli plus de 50% des suffrages exprimés en faveur de syndicats représentatifs au premier tour de l’élection du CSE.
Si l’accord est conclu entre l’employeur et des organisations syndicales ayant recueilli plus de 30% des suffrages exprimés au premier tour des dernières élections du CSE, mais moins de 50%, alors ces syndicats signataires disposent d’un mois pour demander une consultation des salariés et valider l’accord par leur vote. Finalement, l’accord d’entreprise devra être approuvé par les salariés à la majorité des suffrages exprimés.
En l’absence de délégués syndicaux
Dans les entreprises de moins de 11 salariés
L’accord doit être soumis à un vote des salariés et être ratifié à la majorité des ⅔ du personnel.
Dans les entreprises de 11 à 49 salariés
Si l’accord est négocié et conclu avec un salarié mandaté qui n’est pas membre du CSE, il doit être adopté par une majorité des salariés lors d’un vote.
Si l’accord est négocié et conclu avec un membre du CSE, mandaté ou non, il doit être signé par des membres du CSE représentant la majorité des suffrages exprimés en faveur des membres du CSE lors des dernières élections professionnelles.
Dans les entreprises d’au moins 50 salariés
Si l’accord est négocié et conclu par un membre du CSE mandaté, il doit être approuvé par un référendum des salariés à la majorité des suffrages exprimés.
Si l’accord est négocié et conclu par un membre du CSE non mandaté, il doit être signé par des membres du CSE représentant la majorité des suffrages exprimés lors des dernières élections du CSE.
Si l’accord est négocié et conclu avec un salarié mandaté, il doit être adopté par une majorité des salariés lors d’un vote organisé dans les 2 mois à compter de la conclusion de l’accord.
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- Négocier un Accord collectif SANS Délégué Syndical
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- Référendum d’entreprise : quand, pourquoi et comment le mettre en place ?
La procĂ©dure d’enregistrement d’un accord d’entreprise
L’enregistrement d’un accord d’entreprise est une Ă©tape obligatoire après sa signature. Cette procĂ©dure vise Ă garantir la conformitĂ© de l’accord avec les lois en vigueur, la convention collective et les droits des salariĂ©s. Elle lui confère une force obligatoire. L’enregistrement garantit ainsi que l’accord sera opposable Ă toutes les parties concernĂ©es.
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Je télécharge les 8 fichesLa procédure d’enregistrement comprend plusieurs étapes que l’employeur doit impérativement respecter pour que l’accord soit juridiquement valide.
Le dĂ©pĂ´t de l’accord d’entreprise
La validité de l’accord d’entreprise dépend d’une procédure de dépôt et de publicité encadrées par le Code du travail (C .Trav. Art. L2231-5 à L2231-6)
Notification auprès des organisations syndicales représentatives
Une fois que l’accord d’entreprise est signĂ©, il doit ĂŞtre notifiĂ© Ă l’ensemble des organisations syndicales reprĂ©sentatives. Un syndicat non signataire peut s’opposer Ă un accord et notifier son opposition dans un dĂ©lai de huit jours.
Affichage dans l’entreprise
Le lieu et les modalitĂ©s de consultation de l’accord d’entreprise doivent ensuite ĂŞtre communiquĂ©s aux salariĂ©s par tout moyen (par exemple via l’intranet de l’entreprise ou la diffusion d’une note de service).
Cependant, certains accords tels que le plan de sauvegarde de l’emploi ou l’accord de performance collective ne sont pas soumis Ă la formalitĂ© de publication et peuvent se limiter au dĂ©pĂ´t.Â
Dépôt de l’accord d’entreprise
Le dépôt est une étape essentielle pour permettre à l’accord de prendre effet, de l’officialiser et de le rendre opposable.
Après la conclusion et la signature de l’accord d’entreprise, l’employeur a l’obligation de dĂ©poser deux exemplaires de l’accord signĂ©, dont l’un par voie Ă©lectronique, auprès :
- De la DREETS, ex DIRECCTE, en déposant l’accord sur la plateforme Téléaccords du ministère du travail qui transmet le dossier.
- Du greffe du conseil de Prud’hommes du lieu de la conclusion de l’accord, par courrier ou physiquement.
Le dépôt doit comprendre les documents suivants :
- Le texte intĂ©gral de l’accord signĂ©.
- Une copie du courrier ou de l’avis de réception daté qui prouve la notification de l’accord à l’ensemble des organisations syndicales représentatives à l’issue de la procédure de signature.
- La copie du procès-verbal des résultats du premier tour des dernières élections professionnelles.
- Si l’accord a été soumis à un vote des salariés pour son adoption, le procès-verbal qui confirme le résultat de cette consultation.
- Le cas échéant, la liste des établissements concernés par l’accord et leur adresse.
L’administration délivre un récépissé de dépôt une fois que le dossier est complet.
Le dĂ©pĂ´t de l’accord ne peut pas avoir lieu avant la fin du dĂ©lai d’opposition dont disposent les organisations syndicales reprĂ©sentatives pour contester l’accord suite Ă leur notification, soit 8 jours pour un accord d’entreprise, Ă compter de la notification.
L’examen par l’administration
Une fois dĂ©posĂ©, l’administration compĂ©tente examine l’accord pour vĂ©rifier sa conformitĂ© avec les lois du travail, les conventions collectives applicables et les droits fondamentaux des salariĂ©s. Elle vĂ©rifie que l’accord respecte les conditions lĂ©gales et qu’il ne comporte pas de clauses illĂ©gales ou discriminatoires. Elle peut aussi s’assurer que l’accord ne dĂ©roge pas Ă des normes impĂ©ratives, telles que celles concernant la santĂ© et la sĂ©curitĂ© au travail, ou qu’il ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux des salariĂ©s.
La DREETS dispose d’un dĂ©lai de 3 mois pour contrĂ´ler l’accord. Si l’accord est jugĂ© non conforme, l’administration peut refuser de l’enregistrer. En cas de rejet, l’employeur devra rĂ©ajuster l’accord et le redĂ©poser pour un nouvel examen. Si aucune objection n’est formulĂ©e dans les trois mois, l’accord est considĂ©rĂ© comme validĂ© et pourra ĂŞtre enregistrĂ© officiellement.
L’enregistrement et la publication
Si l’accord respecte toutes les exigences, il est alors enregistrĂ© et devient applicable. L’accord est ensuite publiĂ© dans des bases de donnĂ©es publiques telles que LĂ©gifrance, oĂą il sera consultable par toute personne intĂ©ressĂ©e. Cela assure la transparence du processus et permet aux salariĂ©s de prendre connaissance des conditions qui leur sont applicables.
Dans le cas où l’employeur ne respecte pas la procédure de dépôt d’un accord d’entreprise, ce dernier sera considéré comme non écrit et ne pourra être appliqué.
L’enregistrement peut intervenir dans un dĂ©lai de quelques semaines après le dĂ©pĂ´t, en fonction des prioritĂ©s administratives et de la complexitĂ© du dossier. Toutefois, une fois enregistrĂ©, l’accord est rĂ©putĂ© validĂ© et peut produire ses effets juridiques.
Les effets juridiques de l’enregistrement d’un accord d’entreprise
L’enregistrement d’un accord d’entreprise produit des effets juridiques consĂ©quents :
ll devient opposable
Après son enregistrement, l’accord d’entreprise devient opposable d’abord Ă l’employeur, ce qui l’oblige Ă respecter les engagements pris dans l’accord, sous peine de sanctions. L’accord devient Ă©galement opposable Ă tous les salariĂ©s, y compris ceux qui ne l’ont pas signĂ© et ceux qui ne sont pas reprĂ©sentĂ©s par un syndicat.
L’effet d’opposabilitĂ© garantit que les règles dĂ©finies dans l’accord s’appliquent Ă tous les salariĂ©s de l’entreprise, et pas seulement Ă ceux qui Ă©taient parties prenantes dans la nĂ©gociation. Cela est particulièrement important pour garantir une Ă©galitĂ© de traitement entre les salariĂ©s.
Cependant, si l’accord est jugĂ© illĂ©gal ou porte atteinte aux droits fondamentaux des salariĂ©s, il peut ĂŞtre contestĂ© devant le tribunal compĂ©tent et annulĂ©.
Il acquiert force obligatoire
Ă€ partir du moment oĂą il est dĂ©posĂ© et enregistrĂ© auprès de l’administration, l’accord d’entreprise acquiert force obligatoire pour tous et devient un engagement contractuel.
Il sĂ©curise les relations de travail dans l’entreprise
L’accord d’entreprise, une fois enregistrĂ©, devient un cadre lĂ©gal qui sĂ©curise les relations entre les salariĂ©s et l’employeur, permet d’Ă©viter les conflits en offrant une base juridique pour l’application des règles et prĂ©vient les contentieux.
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