Mes salariés sont-ils soumis aux RPS ? Quels sont les signes d’alerte sur la santé et les conséquences observables ?
Dans cet article nous ferons un bref rappel de ce que sont les RPS et irons chercher les conséquences concrètes du côté organisationnel mais aussi les atteintes à la santé le plus souvent répertoriées.
Rappel de ce que sont les RPS
Les risques psychosociaux (RPS) correspondent aux risques de santé mentale, sociale, et physique engendrés par l’organisation du travail et les relations au sein de l’entreprise.
Ils sont classés en six familles : l’intensité et la durée de travail (les horaires réalisés et leurs conditions particulières tel que le travail de nuit ou le travail en trois huit); les exigences émotionnelles (qui correspondent au contact avec des personnes en difficultés émotionnellement ou à la prescription du maintien d’une émotion simulée telle que la nécessité de devoir sourire en permanence); le manque d’autonomie qui correspond au manque de marge de manoeuvre dans son travail; les relations conflictuelles, le conflit de valeurs qui correspond à l’éthique professionnelle parfois mise à mal par la prescription de l’organisation et l’insécurité de la situation de travail en lien soit avec la précarité du contrat soit avec les grands changements organisationnels tels que les restructurations.
Les risques psychosociaux peuvent être engendrés par l’activité en elle-même, par l’organisation du travail ou être générés par les rapports sociaux au travail.
Il est important de rappeler qu’il faut distinguer la notion de « risque » de celle de « trouble ».
Le risque correspond à la probabilité d’être exposé au risque (par exemple la surcharge de travail), mais elle n’entraînera pas de manière systématique un « trouble » physique ou psychique qui est la conséquence de la surexposition au risque. C’est bien souvent la répétition, donc la surexposition au risque ou le cumul de l’exposition à certains risques qui sera à l’origine du trouble.
Le trouble peut se manifester par exemple par un burn-out, du stress, ou encore par des atteintes purement physiques que nous détaillerons ci-après.
Avant d’aller plus loin, nous allons détailler quatre notions indiscutablement en lien avec les risques psychosociaux : Le stress au travail, le burn-out, le harcèlement moral et la surcharge de travail.
A lire également :
- Santé mentale et entreprise : les chiffres de détresse en hausse (notamment au sein des RH)
- RH : Pourquoi la santé de vos salariés devrait être votre priorité n°1 en 2023
- Identifier, prévenir et traiter les RPS : les étapes d’une démarche à succès
Le stress au travail
“Un état de stress survient lorsqu’il y a déséquilibre entre la perception qu’une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu’elle a de ses propres ressources pour y faire face.” Agence européenne pour la santé sécurité au travail.
L’évaluation des contraintes et des ressources est d’ordre psychologique et appartient à chacun individuellement, néanmoins les effets du stress ne sont pas seulement de nature psychologique. Le stress affecte la santé mentale et par conséquent la productivité du salarié.
Burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel
Le burn-out se traduit par un : « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel » Schaufeli WB and Greenglass ER. Introduction to special issue on burnout and health. Psychol Health 2001;16(5):501-10.
Le burn-out s’installe progressivement comme un processus de dépréciation du rapport subjectif au travail :
- L’épuisement émotionnel : Cette dimension est celle qui sera le plus facilement repérable : le salarié a le sentiment d’être vidé de ses ressources, il ressent une extrême fatigue qui s’installe tant physiquement que psychologiquement.
- Le cynisme vis-à -vis du travail : Le salarié exposé au stress intense et répété développera une attitude négative et fataliste face à son travail et aux épreuves qu’il traverse. Il pourra apparaître comme étant détaché de la situation, mais c’est en réalité une stratégie d’auto-préservation face aux exigences auxquelles la personne ne peut plus faire face.
- La diminution de l’accomplissement personnel au travail : Du fait de ne plus pouvoir faire un travail de qualité, un travail dans lequel il se reconnaîtra, le salarié développera un sentiment d’inefficacité, d’inutilité, voir même d’incompétence du fait de ne pas pouvoir améliorer la situation de travail. Cette dimension ne pourra s’observer qu’au contact du salarié, dans un échange en lien avec son activité professionnelle.
Comportements et signes physiques observables : Un salarié en burn-out pourrait développer les symptômes suivants : irritabilité, hypersensibilité, troubles de l’attention ou de la concentration, isolement volontaire, comportement agressif, diminution de l’empathie, développement de comportements addictifs, baisse de la motivation, doute au sujet de ses capacités ; mais aussi : anxiété, troubles du sommeil, trouble alimentaire, troubles musculosquelettiques de type lombalgie, céphalées, troubles gastro intestinaux etc.
Harcèlement moral
Le harcèlement moral correspond à des agissements répétés pouvant entraîner une dégradation des conditions de travail qui pourrait avoir les conséquences suivantes pour le salarié :
- Une atteinte à ses droits et à sa dignité,
- Une altération de sa santé physique ou mentale.
- Une menace pour son évolution professionnelle.
Le harcèlement moral est souvent complexe à observer, car il est souvent exercé de façon cachée, à l’écart du regard des autres collègues.
Le harcèlement moral peut prendre la forme d’insultes régulières et répétées, de messages agressifs, de réflexions déplacées et discriminatoires, de menaces de la perte de l’emploi ou de mise à l’écart de l’activité, plus souvent appelée « mise au placard ».
8 fiches pour développer le potentiel de vos entretiens
L’entretien annuel peut devenir un moment clé pour l’engagement et la formation des équipes. Pour révéler tout son potentiel, notre partenaire Lucca a élaboré un guide avec des conseils pratiques pour impliquer les collaborateurs lors de préparation, identifier des besoins de formation et favoriser la montée en compétences.
Je télécharge les 8 fichesLa surcharge de travail
La surcharge de travail se définit très simplement comme une quantité de travail trop importante à réaliser par rapport au temps qui nous est imparti. Elle se traduit le plus souvent par la réalisation d’heures supplémentaires et la tendance à travailler chez soi ou durant ses congés.
Quelques pistes de préventions relativement simples peuvent être envisagées :
Planifier les temps de repos (congés, RTT), planifier le travail suffisamment à l’avance, anticiper les modifications horaires, échanger avec les équipes des objectifs et estimer les moyens qui devraient y être associés, veiller à rendre les horaires compatibles au mieux avec la vie sociale et familiale.
A lire également :
- 6 actions à mener pour améliorer la QVCT, la Qualité de Vie et des Conditions de Travail
- QVT : 4 thématiques pour favoriser le bien-être de vos salariés
- Démarche QVT : comment améliorer la qualité de vie au travail ?
Revue des symptômes physiques, émotionnels et comportementaux
Les RPS peuvent entraîner différents symptômes et conséquences, et notamment :
- Douleurs diverses (maux de tête, douleurs articulaires et musculaires).
- Crises de larmes sur le lieu de travail, manifestation intense de mal être.
- Sentiment de souffrance.
- Troubles alimentaires.
- Troubles du sommeil.
- Conduites addictives.
- Consommation de produits psychoactifs (drogue, alcool, médicaments).
- Malaises sur le lieu de travail ou les trajets domicile travail.
- Idées suicidaires.
Pathologies pouvant être des conséquences de l’exposition au risque psychosocial (RPS)
Ses symptômes auront diverses répercussions sur la santé des collaborateurs et plus particulièrement :
- Troubles musculosquelettiques.
- État de stress post traumatique (PTSD).
- Hypertension.
- Diabète.
- Infections à répétition.
- Dermatoses.
- Coronaropathies.
- Karôshi : mort subite par accident vasculaire ou cérébral.
Ces conséquences des RPS généreront des indicateurs souvent bien visibles pour l’entreprise ainsi que des pertes financières. Il est donc possible de regarder les répercussions d’un point de vue quantitatif : le turn-over, l’absentéisme, la perte de productivité, les accidents du travail, mais aussi qualitativement : la dégradation du climat dans l’entreprise, les arrêts maladies et leur cause etc.
Toutes ces répercussions organisationnelles sont donc votre première porte d’entrée avec le recueil de la parole des salariés pour constater les conséquences que l’exposition répétée aux RPS pourraient avoir dans votre organisation.