Un salariĂ© victime d’un accident dans le cadre de son activitĂ© professionnelle est considĂ©rĂ© comme en accident de travail. En cas d’incapacitĂ© temporaire de travail, il peut bĂ©nĂ©ficier d’un rĂ©gime particulier au titre de cet accident.
Mais quelle est la procĂ©dure pour l’employeur ? Comment le salariĂ© est-il indemnisĂ© ? Comment traiter l’accident du travail en paie ?
Nous vous proposons dans cet article de faire le point sur le traitement en paie de l’accident du travail.
Qu’est-ce qu’un accident de travail ?
Avant de dĂ©tailler la procĂ©dure Ă appliquer en cas d’accident du travail dans l’entreprise, il convient de dĂ©terminer ce qu’est un accident de travail et de le distinguer de l’accident de trajet.
L’accident de travail, c’est quoi ?
ConformĂ©ment Ă l’article L411.1 du code de la SĂ©curitĂ© Sociale, est considĂ©rĂ© comme un accident de travail, l’accident survenu par le fait ou Ă l’occasion du travail. L’accident du travail doit survenir lorsque le salariĂ© est sous l’autoritĂ© de l’employeur. Ainsi, un accident se produisant pendant les congĂ©s payĂ©s ou un arrĂŞt de travail pour maladie n’est pas considĂ©rĂ© comme un accident du travail.
Par ailleurs, un accident se produisant pendant un temps d’astreinte n’est pas non plus considĂ©rĂ© comme un accident du travail.
DiffĂ©rence avec l’accident de trajet
L’accident de trajet est un accident intervenant pendant le temps de trajet entre le domicile et le travail. MĂŞme s’il bĂ©nĂ©ficie du mĂŞme rĂ©gime que l’accident du travail au titre de l’indemnisation du salariĂ© et des dĂ©marches Ă effectuer par l’employeur, les autres consĂ©quences sur le salariĂ© et l’employeur diffèrent.
Conséquences sur les droits du salarié
L’arrĂŞt de travail pour accident du travail entraĂ®ne la suspension du contrat de travail, mais n’a pas les mĂŞmes consĂ©quences qu’un arrĂŞt de travail pour maladie. Des dispositions conventionnelles peuvent ĂŞtre plus favorables au salariĂ©.
Ancienneté.
L’accident de travail est considĂ©rĂ© comme du temps de travail effectif au regard de l’anciennetĂ©. Ainsi, un salariĂ© en arrĂŞt de travail pour accident de travail continue Ă acquĂ©rir de l’anciennetĂ© malgrĂ© la suspension de son contrat de travail. Ceci ne concerne que l’accident de travail, la suspension de contrat pour accident du trajet n’est pas considĂ©rĂ©e comme du temps de travail effectif au regard des droits Ă l’anciennetĂ©.
Congés payés.
La suspension du contrat de travail pour accident du travail est considĂ©rĂ©e comme du temps de travail effectif pour l’acquisition des congĂ©s payĂ©s dans la limite d’un an. Il en est de mĂŞme pour l’accident de trajet.
Suite Ă la loi d’adaptation au droit europĂ©en (DDADUE) qui est entrĂ©e en vigueur le 24 avril 2024, l’acquisition des congĂ©s payĂ©s en cas d’arrĂŞt de travail pour accident de travail/trajet n’est plus limitĂ©e Ă 1 an. Ainsi, le salariĂ© acquiert des congĂ©s payĂ©s sans limitation de durĂ©e.
Intéressement et participation.
La pĂ©riode de suspension du contrat de travail pour accident du travail est considĂ©rĂ©e comme du temps de travail effectif pour le calcul de la prime de participation et d’intĂ©ressement.
Accident du travail : quelle est la procĂ©dure pour l’employeur ?
Lorsqu’un accident de travail ou accident de trajet survient dans l’entreprise, plusieurs dĂ©marches sont Ă effectuer par l’employeur.
PrĂ©somption d’accident de travail
Lorsqu’un accident survient sur le lieu de travail ou dans le cadre de l’exercice professionnel d’un salariĂ©, celui-ci est rĂ©putĂ© ĂŞtre un accident de travail et doit dont ĂŞtre dĂ©clarĂ© par l’employeur Ă l’Assurance Maladie (CPAM). C’est le rĂ©sultat de l’instruction par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie qui dĂ©terminera si l’accident est d’origine professionnelle.
DĂ©claration de l’accident
L’accident du travail doit ĂŞtre dĂ©clarĂ© par l’employeur Ă la CPAM par l’intermĂ©diaire du portail net-entreprises dans les 48H (hors dimanche et jour fĂ©riĂ©) suivant l’accident ou le moment oĂą il en a eu connaissance. Ă€ noter que le salariĂ© victime d’un accident de travail doit en informer son employeur dans la journĂ©e ou au plus tard dans les 24H, sauf en cas de force majeure, d’impossibilitĂ© absolue ou de motifs lĂ©gitimes.
La dĂ©claration d’accident du travail doit mentionner un certain nombre d’Ă©lĂ©ments sur l’accident et notamment :
- Identification du salarié.
- Date et heure de l’accident.
- Circonstances de l’accident.
- Lésions du salarié.
- RĂ©serves Ă©ventuelles sur la nature professionnelle de l’accident.
En parallèle, le salariĂ© doit consulter son mĂ©decin traitant ou mĂ©decin hospitalier afin qu’il Ă©tablisse un certificat mĂ©dical initial Ă transmettre Ă la CPAM.
Remise de la feuille d’accident au salariĂ©
L’employeur doit remettre au salariĂ© victime d’un accident du travail une feuille d’accident permettant Ă celui-ci de bĂ©nĂ©ficier d’un remboursement Ă 100% de ses frais mĂ©dicaux liĂ©s aux lĂ©sions provoquĂ©es par l’accident. Cette attestation peut ĂŞtre tĂ©lĂ©chargĂ©e Ă la fin de la dĂ©claration de l’accident.
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Je télécharge les 8 fichesAttestation de salaire
En cas d’incapacitĂ© temporaire de travail suite Ă l’accident, l’employeur dĂ©clare l’arrĂŞt de travail Ă la CPAM par le signalement “ArrĂŞt de travail” par l’intermĂ©diaire de la DSN. La procĂ©dure est la mĂŞme qu’en cas d’arrĂŞt de travail pour maladie.
Visite de reprise
Le salariĂ© victime d’un accident du travail qui reprend son poste après au moins 30 jours d’arrĂŞt de travail doit passer une visite mĂ©dicale de reprise.
Ă€ lire Ă©galement :
- La contribution à la formation professionnelle, comment la calculer ? Comment la déclarer ?
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Accident du travail : comment le salarié est-il indemnisé ?
Le salariĂ© en arrĂŞt de travail pour accident du travail est indemnisĂ© par la SĂ©curitĂ© Sociale et Ă©ventuellement complĂ©tĂ© par l’employeur. Mais quel est le niveau d’indemnisation ? Ă€ partir de quand commence l’indemnisation ?
Le jour de l’accident indemnisĂ© par l’employeur
Le jour de l’accident est intĂ©gralement Ă la charge de l’employeur mĂŞme si celui-ci intervient avant la prise de service du salariĂ© (dans le cas d’un accident de trajet par exemple).
Les IJSS accident du travail
Le salariĂ© victime d’un arrĂŞt de travail pour accident du travail, mais Ă©galement pour un accident de trajet ou une maladie professionnelle peut bĂ©nĂ©ficier d’indemnitĂ©s spĂ©cifiques versĂ©es par la SĂ©curitĂ© Sociale Ă compter du lendemain de l’accident.
L’IJSS accident du travail reprĂ©sente 60% du dernier salaire brut du salariĂ©. Après 28 jours consĂ©cutifs d’arrĂŞt de travail, l’IJSS est majorĂ©e Ă 80% du salaire brut sans pouvoir ĂŞtre supĂ©rieure au gain net journalier soit le salaire journalier de rĂ©fĂ©rence auquel il est appliquĂ© un taux de charge forfaitaire de 21%.
L’indemnisation complĂ©mentaire de l’employeur
En complĂ©ment des indemnitĂ©s versĂ©es par la SĂ©curitĂ© Sociale, le salariĂ© victime d’un accident du travail peut bĂ©nĂ©ficier, sous certaines conditions, d’un maintien total ou partiel du salaire de la part de son employeur.
L’article L1226-1 du code du travail prĂ©voit un maintien partiel de salaire aux salariĂ©s victimes d’un accident de travail de plus d’un an d’anciennetĂ© dans les mĂŞmes conditions que pour la maladie non professionnelle soit :
Nombre d’annĂ©es d’anciennetĂ© | 90% du salaire brut | 2/3 du salaire brut |
---|---|---|
De 1 Ă 5 ans d’anciennetĂ© | 30 premiers jours | 30 jours suivants |
De 6 Ă 10 ans d’anciennetĂ© | 40 premiers jours | 40 jours suivants |
De 11 Ă 15 ans d’anciennetĂ© | 50 premiers jours | 50 jours suivants |
De 16 Ă 20 ans d’anciennetĂ© | 60 premiers jours | 60 jours suivants |
De 21 Ă 25 ans d’anciennetĂ© | 70 premiers jours | 70 jours suivants |
De 26 Ă 30 ans d’anciennetĂ© | 80 premiers jours | 80 jours suivants |
Ă€ partir de 31 ans d’anciennetĂ© | 90 premiers jours | 90 jours suivants |
L’indemnisation complĂ©mentaire lĂ©gale commence Ă compter du 8ème jour d’arrĂŞt après un dĂ©lai de carence de 7 jours.
Des dispositions plus favorables au salariĂ© sont gĂ©nĂ©ralement prĂ©vues par les conventions collectives. En matière de maintien de salaire, il convient de comparer les dispositions conventionnelles et lĂ©gales dans leur globalitĂ©, niveau d’indemnisation et dĂ©lai de carence.
Pour plus d’informations sur l’indemnisation complĂ©mentaire lĂ©gale, vous pouvez consulter notre article : L’absence maladie : Comment la calculer ? Comment la traiter en paie ?
Le traitement en paie de l’accident du travail
Bien comprendre le mĂ©canisme de gestion des IJSS en gĂ©nĂ©ral et notamment en cas d’accident est essentiel pour tout gestionnaire de paie.
La gestion des IJSS
En cas de maintien partiel ou total de la rĂ©munĂ©ration, l’employeur doit dĂ©duire le montant des IJSS accident du travail du montant de l’indemnisation complĂ©mentaire.
S’il demande la subrogation dans la perception des IJSS, il doit Ă©galement reverser au salariĂ© les IJSS nettes.
Le Code du travail prĂ©voit un maintien du salaire brut. Toutefois, certaines conventions collectives prĂ©voient un maintien du salaire net. Il convient alors d’effectuer une retenue supplĂ©mentaire sur le salaire brut afin de neutraliser le “gain” sur le salaire net du salariĂ© par rapport Ă s’il avait travaillĂ©.
Accident du travail et prélèvement à la source
Les IJSS accident du travail ne sont imposables qu’Ă hauteur de 50%. Ainsi, en cas de subrogation dans la perception des IJSS, il convient d’intĂ©grer la moitiĂ© des IJSS imposables dans la base de calcul du prĂ©lèvement Ă la source. Toutefois, les IJSS ne doivent jamais ĂŞtre intĂ©grĂ©es dans le montant net imposable transmis Ă l’administration fiscale par l’intermĂ©diaire de la DSN. C’est Ă l’Assurance Maladie de transmettre le montant des IJSS perçues sur l’annĂ©e civile pour chaque assurĂ©.