Prétentions salariales : 3 étapes pour les construire

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Les prétentions salariales, sujet central du recrutement : comment les formuler de façon réaliste et les défendre efficacement en entretien ?

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Dans le cadre d’un processus de recrutement, la question des prétentions salariales demeure l’un des moments les plus stratégiques pour le salarié comme pour le recruteur.

Estimer correctement sa valeur sur le marché, puis formuler ses attentes de façon structurée et argumentée, suppose préparation et méthode.

Dans cet article, vous découvrirez une méthode claire pour construire et défendre ses prétentions salariales en tant que futur collaborateur, ainsi que des conseils à destination des recruteurs pour mieux aborder ce sujet souvent sensible.

Prétentions salariales : de quoi parle-t-on ?

Les prétentions salariales représentent l’estimation, exprimée en brut annuel, du salaire que souhaite percevoir un candidat dans le cadre d’un nouveau poste. Il peut inclure une part variable ou des avantages en nature.

Cette fourchette repose sur des éléments personnels (expérience, compétences, formation) et contextuels (poste, localisation géographique, état du marché). Elle est souvent sollicitée dès la candidature ou le premier entretien.

Les composantes du package salarial

Pour estimer vos attentes, distinguez bien les différents éléments du package global :

  • Salaire fixe brut annuel : base contractuelle, versée sur 12 ou 13 mois.
  • Part variable : prime sur objectifs, bonus collectif ou individuel, intéressement.
  • Avantages sociaux et extra-salariaux : mutuelle, tickets restaurant, participation transport, télétravail, RTT…
  • Épargne salariale : participation, PEE, abondement, plan d’épargne entreprise.
  • Perspectives d’évolution : politique d’augmentations, mobilité interne, accès à la formation.

Une prétention salariale pertinente doit être pensée dans ce périmètre global, pas uniquement sur le fixe.

La méthode pour estimer ses prétentions

Pour déterminer ses prétentions salariales de manière pertinente, il convient de croiser plusieurs sources : les données du marché, son niveau d’expérience, les spécificités du poste et les éventuelles contraintes personnelles.

Étape 1 : réaliser une veille du marché

La première étape consiste à s’informer sur les niveaux de rémunération pratiqués pour des postes équivalents, dans des environnements comparables. Cette veille permet de s’aligner sur les standards du marché et d’éviter les écarts trop importants, à la hausse comme à la baisse.

Plusieurs sources peuvent être consultées :

  • Les études de rémunération publiées par les cabinets de recrutement (Hays, Robert Half, Michael Page, etc.) qui offrent des grilles salariales par métier, niveau d’expérience et localisation.
  • Les plateformes d’emploi ou de benchmarking salarial (Glassdoor, Welcome to the Jungle, Indeed…) qui permettent d’obtenir des fourchettes moyennes basées sur des données utilisateurs.
  • Les enquêtes sectorielles menées par des institutions (Apec, branches professionnelles, syndicats).
  • Et enfin, les échanges avec des pairs, via les réseaux professionnels ou les alumni, pour affiner la compréhension du positionnement dans un secteur donné.

Cette étape fournit une base objective sur laquelle construire sa propre estimation, en tenant compte ensuite de son profil et du contexte du poste.

Étape 2 : situer son positionnement personnel

Une fois les données marché identifiées, il est essentiel de les mettre en perspective avec son propre profil. Tous les candidats ne peuvent, ni ne doivent, se positionner au même niveau de rémunération, même pour un poste équivalent.

Plusieurs critères personnels influencent directement le niveau de prétention salariale :

  • Le niveau d’expérience : le nombre d’années dans la fonction ou dans un secteur donné reste un indicateur de référence. Une expérience confirmée ou spécialisée justifie souvent un positionnement dans la partie haute de la fourchette.
  • Les compétences techniques ou comportementales : la maîtrise de certains outils, langues, certifications ou expertises rares peut constituer un levier de valorisation.
  • Le degré d’autonomie et de responsabilité exercé dans les postes précédents : encadrement d’équipe, gestion de budget, rôle décisionnel… sont autant de facteurs qui influent sur la rémunération attendue.
  • La mobilité géographique : certaines zones géographiques, notamment les grandes métropoles ou les bassins en tension, peuvent justifier des prétentions plus élevées.
  • Le potentiel d’impact sur l’organisation : un profil capable de générer des résultats concrets, mesurables, ou d’accompagner des transformations stratégiques peut revendiquer une valeur ajoutée supérieure.

L’objectif de cette étape est d’adopter un positionnement juste et cohérent. Ni surévalué, au risque de se couper d’opportunités, ni sous-évalué, ce qui pourrait nuire à la perception de son niveau ou compromettre une future négociation.

Étape 3 : Définir un plancher et un plafond

Après avoir analysé le marché et son positionnement personnel, il convient de traduire cette réflexion en une fourchette salariale réaliste. Celle-ci doit être à la fois cohérente avec les données recueillies et alignée avec ses objectifs professionnels.

La fourchette se construit autour de deux repères :

  • Un seuil minimal acceptable, en dessous duquel l’offre ne répond plus à vos besoins (niveau de vie, équilibre vie pro/vie perso, valorisation de vos compétences, etc.).
  • Un plafond souhaité, qui représente une ambition légitime au regard de votre profil, sans sortir des standards du marché.

Exprimer cette fourchette en brut annuel permet d’éviter les ambiguïtés, notamment liées aux mensualisations (12 ou 13 mois) ou à la part variable. Enfin, n’hésitez pas à y intégrer une marge de négociation raisonnable, afin de rester ouvert à l’échange tout en affirmant ses attentes.

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Comment formuler clairement ses prétentions ? 

La pertinence d’une prétention salariale ne repose pas uniquement sur son montant, mais aussi sur la manière dont elle est formulée. Il est donc essentiel de savoir présenter sa fourchette avec clarté et justesse.

Choisir le bon moment

Il est préférable de laisser le recruteur introduire la question de la rémunération, généralement en fin d’entretien, une fois les missions et les responsabilités du poste bien définies. Cela permet de contextualiser votre réponse en fonction de ce que vous avez appris sur le poste.

Si la question n’est pas abordée spontanément, il est possible de l’introduire de manière professionnelle, en fin d’échange, par exemple :

« Avant de conclure, serait-il possible d’échanger sur les éléments liés à la rémunération afin de m’assurer que nous sommes en phase sur ce point ? »

L’important est de ne pas paraître centré exclusivement sur cet aspect, mais de montrer que vous vous inscrivez dans une démarche globale de compréhension du poste.

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Proposer une fourchette justifiée

Il est préférable d’exprimer une fourchette plutôt qu’un montant fixe. Cela permet de démontrer votre ouverture à la discussion tout en affirmant une position réfléchie. Cette fourchette doit être exprimée en brut annuel, pour des raisons de clarté, et s’accompagner d’un raisonnement solide.

Exemple :

« Au regard du poste, des responsabilités évoquées et de ma connaissance du marché, je me positionne sur une fourchette comprise entre 48 000 € et 52 000 € brut annuel. »

Cette formulation traduit une posture professionnelle et laisse au recruteur une marge de manœuvre tout en posant un cadre clair.

Défendre ses attentes

Il s’agit ici de démontrer que votre demande est légitime, qu’elle repose sur des éléments tangibles, et qu’elle s’inscrit dans une logique de création de valeur pour l’entreprise.

Plusieurs leviers peuvent être mobilisés pour étayer votre position :

  • Vos résultats passés : chiffrer vos réalisations lorsque cela est possible (ex. : augmentation du chiffre d’affaires, réduction de coûts, amélioration de processus…). Ce sont des preuves concrètes de votre impact.
  • Votre niveau de responsabilité : encadrement, autonomie, gestion de projet ou prise de décision opérationnelle sont des éléments valorisants à mettre en avant.
  • Votre connaissance du marché : rappeler brièvement les sources sur lesquelles repose votre estimation (études, benchmark, données sectorielles) renforce votre crédibilité.
  • Votre valeur ajoutée : insister sur les compétences clés que vous apportez au poste et qui répondent aux besoins identifiés lors de l’entretien.

L’objectif n’est pas de convaincre à tout prix, mais de montrer que votre demande est construite, argumentée, et cohérente avec la fonction visée. Une attitude posée, argumentée et orientée “solution” favorise une discussion saine, même en cas d’écart entre vos attentes et l’enveloppe prévue.

Anticiper les objections

Il est courant que le recruteur cherche à tester la flexibilité du candidat ou à confronter ses attentes à la réalité budgétaire de l’entreprise. Ces objections ne doivent pas être perçues comme un refus, mais comme une invitation au dialogue.

Plusieurs types de réactions peuvent être rencontrées :

  • Un écart avec la grille interne : dans ce cas, il est utile de rappeler la logique de votre positionnement tout en demandant si des leviers complémentaires sont envisageables (variable, avantages, perspectives d’évolution).
  • Une réaction de surprise : réaffirmer calmement que votre fourchette est le fruit d’une analyse du marché et de votre parcours professionnel.
  • Une demande de révision à la baisse : évaluer si des ajustements sont acceptables, et dans quelles conditions (par exemple, une revalorisation prévue à court terme, ou une évolution du périmètre du poste).

L’essentiel est de rester professionnel, à l’écoute, et capable de reformuler ses arguments sans se montrer inflexible. Une négociation réussie repose avant tout sur la capacité à comprendre les contraintes de l’autre partie, tout en défendant ses propres intérêts de manière argumentée.

Prétentions salariales : quelle posture adopter côté recruteur ?

Si les prétentions salariales sont souvent perçues comme un point de friction potentiel, elles peuvent aussi devenir un levier de dialogue constructif entre le recruteur et le candidat. À condition, toutefois, d’adopter une posture ouverte, structurée et cohérente avec la politique de rémunération de l’entreprise

Accueillir la demande avec écoute et objectivité

La première étape consiste à accueillir les prétentions salariales avec neutralité, sans jugement hâtif. Une prétention élevée ne signifie pas nécessairement une surestimation, tout comme une prétention basse ne traduit pas systématiquement un manque d’ambition.

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Il est essentiel de questionner le candidat sur la manière dont il a construit sa fourchette : sources de référence, expériences précédentes, contraintes géographiques, projection dans le poste… Cette posture d’écoute active permet de mieux comprendre ses motivations et d’éviter les malentendus.

Clarifier le cadre de référence de l’entreprise

Le recruteur doit être en mesure de présenter clairement les éléments qui encadrent la rémunération du poste proposé :

  • Grille salariale interne ou budget défini.
  • Politique de rémunération globale (fixe, variable, avantages).
  • Cohérence avec les niveaux déjà pratiqués en interne à poste équivalent.

Cette transparence favorise un échange équilibré et renforce la crédibilité de l’entreprise. Elle permet également au candidat de repositionner ses attentes si nécessaire, sans sentiment d’injustice.

Mettre en perspective la prétention avec la valeur du profil

Le rôle du recruteur est aussi d’évaluer la prétention à l’aune de la valeur ajoutée réelle du candidat :

  • Pertinence de son parcours au regard du poste.
  • Capacité à monter rapidement en compétence.
  • Rareté de son profil sur le marché.
  • Potentiel d’évolution dans l’organisation.

Dans certains cas, une prétention légèrement supérieure au budget initialement prévu peut être justifiée, notamment si le profil représente une opportunité stratégique.

Explorer les leviers de flexibilité possibles

Si un écart persiste entre la prétention et l’enveloppe disponible, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Proposer une montée en charge progressive avec une clause de revalorisation à 6 ou 12 mois.
  • Activer d’autres leviers tels que le télétravail, les jours de congés supplémentaires, la formation, ou les dispositifs d’épargne salariale.
  • Adapter le périmètre du poste ou envisager une évolution rapide du rôle.

L’objectif n’est pas de forcer un compromis, mais de co-construire un cadre qui satisfasse les deux parties, dans le respect des contraintes de chacun.

Prétentions salariales : un enjeu d’équilibre et de transparence

La maîtrise de ses prétentions salariales représente une compétence clé dans un marché de l’emploi concurrentiel. Pour le candidat, elle doit s’appuyer sur une méthodologie rigoureuse : veille du marché, positionnement personnel, justification claire.

Pour le recruteur, elle constitue une occasion d’engager une relation transparente, humaine et équilibrée. L’art de la négociation démarre bien avant l’échange, dans la qualité de la préparation.

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