Intuition et prise de décision en entreprise : les 3 types d’intuition

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Quelle est la place de l'intuition dans la prise de décision managériale ? L'intuition est-elle fiable ?

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Ancienne RRH, fondatrice de Clart&Sens, entreprise de coaching et de formation en intelligence émotionnelle, j'aide les dirigeants et managers à conserver un bon niveau d'énergie.

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Entre raison et intuition : une danse managériale délicate. « C’est avec la logique que nous prouvons, et avec l’intuition que nous trouvons. » Henri Poincaré. 80% des managers avouent prendre des décisions sur la base d’une intuition.

Face à des situations complexes et incertaines, allier raison et intuition fluidement permet aux managers de justes prises de décision.

Alors, pourquoi les décisions intuitives en entreprise reste encore si tabou ? Quels sont les défis de la raison pour écouter son intuition ? Qu’en dit la science ? Comment faire danser en ronde raison & intuition pour de justes décisions managériales ?

Voici les invitations de cet article ouvert, tourné vers une approche novatrice.

Les défis entre raison et intuition en entreprise 

« L’esprit intuitif est un don sacré et l’esprit rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don. » Albert Einstein. L’environnement sociétal des entreprises impacte directement la légitimité de l’intuition dans leurs prises de décisions.

Défis conscients entre raison et intuition

Avant de cerner les défis conscients de la raison, définissons intuition et raison.

Selon « Robert », l’intuition est une « forme de connaissance immédiate qui ne recourt pas au raisonnement. » La raison est « la faculté qui permet à l’être humain de connaître, juger et agir conformément à des principes (compréhension, intelligence) et spécialement de bien juger et d’appliquer ce jugement à l’action. » La sémantique explique une première opposition entre raison et intuition.

Tout d’abord, les entreprises occidentales sont marquées par le culte de la rationalité : chiffres, analyse objective, indicateurs. Comment justifier une décision prise par « intuition », subjective, non mesurable voire “mystique” ? Les structures hiérarchiques rigides, les délais serrés et l’efficience laissent peu de place à la réflexion intuitive.

L’action rapide basée sur des faits concrets est privilégiée aux expériences subjectives requérant calme, réceptivité et potentielle divergence.

Ensuite, la raison rattrape le manager enclin à écouter son intuition : peur de l’erreur et du jugement. La pression de motiver chaque décision avec logique freine l’acceptation d’une « impression », d’un « pressentiment ». La méconnaissance sur l’intuition étouffe son rôle dans les entreprises jusqu’à la rendre « innommable » dans des processus formels.

Quand l’intuition est ressentie, le manager s’auto-censure face à toutes ses injonctions intérieures. Combinées à sa conscience de l’effet barnum – tendance à voir dans un évènement une confirmation de ce que nous désirons voir – il annihile tout élan d’alliance entre raison et intuition.

La frontière avec les mécanismes inconscients devient alors très fine.

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Défis inconscients entre raison et intuition

Dès lors, le fonctionnement même du cerveau est un défi à relever pour la raison. Entre biais cognitifsmécanismes de pensées « raccourcis » qui entrainent une déviation du jugement – croyances ancrées émotionnellement par l’éducation et les expériences de vie, et perceptions subjectives non démontrables, la raison informée du manager se sent en lutte avec ses contradictions intérieures…

Sans compter l’inconscient collectif laissant planer un filtre constant d’analyse y compris dans les entreprises.

Parallèlement, les relations professionnelles sont empreintes de projections : mécanisme de défense psychologique par lequel une personne attribue ses propres pensées et émotions à une autre personne ou à un groupe. Elles altèrent la clarté objective des situations, autant pour les collaborateurs que les managers.

La tentation de se rallier à la « communauté scientifique » pour rationaliser des contextes professionnels complexes est grande. Pourtant, les scissions derrière cette « communauté » sont nombreuses. Place alors aux dissonances cognitives insidieuses – tensions psychologiques internes provoquées entre des informations nouvelles et les croyances, émotions et connaissances déjà acquises – bloquant l’ouverture d’esprit.

Prendre conscience de ces phénomènes entrouvre une porte vers l’intégration harmonieuse de l’intuition dans la prise de décision.

Les grands défis de la raison balayés, explorons dès lors comment la science aborde les notions d’intuition et de conscience.

Intuition et conscience : qu’en dit la science ?

La conscience – connaissance, intuitive ou réflexive immédiate, que chacun.e a de son existence et de celle du monde extérieur – reste l’un des plus grands mystères controversés de la science.

Mystère de la conscience : raison scientifique et dualisme de l’intuition

Dans « L’Erreur de Descartes », Antonio Damasio dénonce la séparation entre corps (matière) et esprit (pensée, conscience). Le raisonnement nécessite la guidance des émotions transmises par le corps. Pourtant, « matérialisme » et « idéalisme » nourrissent toujours un dualisme autour de la conscience :

D’un côté, le matérialisme. Incarné plutôt par la biologie et les neurosciences, il défend la position que la conscience est issue de la matière, des processus physiques du cerveau. L’invention de la neuro-imagerie cérébrale fonctionnelle (EEG, IRMf) « attestant » mesurer ces phénomènes.

De ce système de « conscience cérébrale » organique percevant un grand nombre d’informations surgirait l’intuition, tel « un excès de vitesse de l’intelligence » comme la nomme Christophe Haag.

Alors que la raison passe par un circuit neuronal « lent » d’analyse, l’intuition passe par un « circuit court » faisant appel à des informations inconsciemment stockées : des « empreintes émotionnelles » – « marqueurs somatiques » d’ A. DAMASIO – gravées dans la mémoire limbique.

De l’autre côté, l’idéalisme. L’influence philosophique demeure au travers de la physique quantique et la science de la conscience. Ce courant soutient que l’existence du monde dépend de l’esprit, fondement de toute réalité.

La Conscience serait un champ d’informations non local et atemporel. L’intuition proviendrait d’un champ immatériel plus vaste que le cerveau.

Cette approche, bien présente davantage dans les pays orientaux, poursuit ses investigations, notamment à travers l’INREES (Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires).

De fait, ce dualisme impacte directement la prise de décision en entreprise.

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Dualisme de l’intuition et impact sur la raison des managers

Les questions « mystères » opposant la communauté scientifique impactent inconsciemment le rapport du manager à son intuition… Existe-t-il réellement un lien de cause à effet entre cerveau et Conscience ? Le cerveau est-il à l’origine de la Conscience ?

Ne serait-il pas qu’un simple « réceptacle », local et délimité, d’une partie de la Conscience ? Existerait-il plusieurs niveaux de conscience ? Par extension, d’où provient réellement l’intuition ? Face à cette dichotomie, comment le manager différencie-t-il folie du génie ?

Matérialisme et idéalisme induisent alors deux types d’intuition :

1/ une intuition « cérébrale » née d’un raisonnement analytique inconscient : le « circuit-court » du cerveau.

2/ une intuition « vaste » provenue de perceptions non locales, d’une « source » immatérielle d’informations bien plus grande.

Dans ces 2 cas, l’intuition reste liée à une expérience individuelle née d’une perception subjective difficile à recueillir et partiellement mesurable. Pourtant, de nombreux témoignages montrent que ces « 2 types d’intuition » sont mobilisées au quotidien par les managers dans des situations complexes et incertaines, et ont été sollicitées pour de grands projets à succès : OWN Network, Free, Google, Amazon, Virgin Group…

À défaut de lever tous les clivages entre hard et soft skills, tentons d’allier ces sources intuitives grâce à une troisième voie : identifions comment l’intuition du manager émerge en entreprise pour soutenir sa raison.

Les 3 types d’intuition en entreprise

Repartons des 3 types d’intuition activatrices de l’énergie du leader inspiré pour aller plus loin.

L’intuition « instinctive » ou « contextuelle » permet au manager d’agir constructivement face à une situation d’urgence. Première grille de lecture avec l’intuition du « circuit-court » : le manager a « l’habitude » de gérer ce type de situation et son processus de décision est « rodé » par l’expérience.

La question de l’intuition issue d’une « source » plus vaste se pose lorsque le manager a rêvé ou reçu des flashs d’un incident avant même que des éléments de contexte ne se soient produits.

Dans ce cas, en recoupant avec les nombreux témoignages existants, le manager a certainement eu accès à cette source immatérielle de « connaissances ».

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L’intuition « sociale » ou « relationnelle » ouvre l’accès aux canaux subtils des relations humaines. Lors d’un recrutement, quand le manager « lit » le langage non verbal du candidat grâce à un entrainement fin et régulier, son intuition en « circuit-court » s’active.

Quand le manager a le sentiment de « déjà connaître » le candidat alors qu’aucun lien n’existe, ou quand des informations particulières – frissons, flashs, ressentis – lui parviennent en lui serrant la main par exemple, il est très probable que le manager soit relié à une plus grande « source » d’intuition.

L’intuition « visionnaire » ou « créative » : cette perspective évidente et limpide ou ce fameux « Eurêka » surgi de nulle part. Une grande expérience du pilotage d’entreprise et de nombreux projets à forte expertise facilite l’intuition « cérébrale » en situation de travail grâce à un « circuit-court » entrainé.

Un « Eurêka » ou une évidence survenue de « nulle part », à un moment inattendu, et le manager a toutes les raisons de penser qu’il est relié à une « source » d’intuition bien plus grande que celle du seul espace de son cerveau.  

Dès lors que le manager peut rassurer sa raison quant à la confiance et l’intérêt à accorder à son intuition, voyons comment entretenir durablement cette danse intérieure entre raison et intuition.

R.O.N.D.E entre raison et intuition pour de justes décisions managériales 

« C’est avec la logique que nous prouvons, et avec l’intuition que nous trouvons. » Henri Poincaré

Utilisons l’acronyme R.O.N.D.E pour entretenir une danse harmonieuse entre raison et intuition, et passer de la scission à l’alliance.

Rôle du cerveau

Comprendre le fonctionnement cérébral de l’intuition légitimise son accès et rassure la raison. Organiser des formations permet de « démystifier » l’intuition et les peurs sous-jacentes. Le cerveau est l’organe qui libère le mental pour raisonner en conscience. Il est aussi le moyen de structurer, expliquer et transmettre une intuition provenue de perceptions plus vastes.

Ouvrir son cœur

Entrainer son intelligence émotionnelle pour développer la conscience de soi, réguler et transformer son état d’être, facilite le « circuit-court ». Cultiver des rituels d’écoute intérieure grâce à des exercices de pleine conscience, de respiration ou tenir un journal de rêves et d’intuitions, améliore la reconnaissance de ses différents types d’intuition tout en réduisant les réactions émotionnelles.

Créer des espaces d’expressions libres pour accueillir sans jugement les ressentis intuitifs des collaborateurs favorise le développement de solutions novatrices.

Neutraliser le stress et les pressions

Le stress et les pressions créent des « courts-circuits » dans le cerveau empêchant le cerveau « émotionnel » de communiquer avec le cerveau « rationnel ». Il est alors impossible d’accéder au « circuit court » de l’intuition : les courts-circuits bloquent le circuit court.

Comme l’a développé Reuven Ba-On dans l’EQ-i – quotient émotionnel le plus utilisé au monde – la compétence du contrôle des impulsions est capitale dans la prise de décision pour être attentif aux messages du Soi et revenir ensuite à la volonté consciente : l’intuition n’est pas une réaction.

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Décider avec intention

Décider avec raison et fermeté d’écouter son intuition ouvre l’attention aux messages plus subtils. Un dialogue sain et serein peut alors s’instaurer entre raison & intuition, sciences et conscience. L’intuition de toute origine peut guider une recherche d’informations et les informations peuvent valider ou invalider une intuition.  

Élargir ses perceptions

L’intuition peut provenir de perceptions multiples : de tous nos sens – vue, audition, toucher, odorat, goût, proprioception, intéroception, équilibrioception, nociception – de précognition par un rêve ou un flash, de télépathie ou de clair-connaissance. Une information recueillie et validée par une synchronicité mérite toute l’attention de la raison du manager. Celui qui s’ouvre aux perceptions d’autrui enrichit les siennes !

En conclusion, « Le rôle d’un leader est de reconnaître qu’il y a un moment où il faut prendre la bonne décision, même si on n’a pas toutes les données. C’est là que l’intuition entre en jeu. » Indra Nooyi, ancienne PDG de PepsiCo. Managers : prêt.es à s’entrainer pour entrer dans la R.O.N.D.E de la raison & de l’intuition ?

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