Comment enregistrer un accord d’entreprise ?

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Si la négociation de l'accord d'entreprise est une étape cruciale du process, son enregistrement l'est tout autant. Alors comment enregistrer un accord d'entreprise ?

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Juriste droit social, consultante et rédactrice juridique et RH

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Sommaire de l'article

Un accord d’entreprise est un contrat qui définit les règles applicables à une entreprise en matière de relations sociales et de conditions de travail. Il est signé entre l’employeur et les représentants des salariés, ou directement entre l’employeur et les salariés eux-mêmes dans certains cas spécifiques.

Que ce soit pour négocier des conditions de travail spécifiques, de nouveaux aménagements horaires ou des bénéfices pour les employés, l’accord d’entreprise joue un rôle essentiel dans l’organisation du travail et dans la négociation des conditions de travail.

L’enregistrement d’un accord d’entreprise est une étape cruciale qui permet non seulement de garantir la validité de l’accord, mais aussi de conférer à celui-ci une force obligatoire. Cependant, pour qu’un accord d’entreprise ait toute sa valeur juridique et soit opposable à tous les salariés, il doit suivre une procédure d’enregistrement bien définie.

Nous étudierons, dans un premier temps, les conditions préalables pour qu’un accord d’entreprise puisse être enregistré puis, nous détaillerons la procédure d’enregistrement d’un accord d’entreprise et enfin les effets juridiques de l’enregistrement pour l’accord d’entreprise.

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Les conditions préalables à l’enregistrement d’un accord d’entreprise 

Pour qu’un accord d’entreprise puisse être enregistré, il doit être valide juridiquement et remplir plusieurs conditions préalables de négociation et de signature. 

Les conditions de négociation   

En principe, la négociation de l’accord d’entreprise se fait entre l’employeur et les délégués syndicaux. 

Toutefois, le Code du travail permet de négocier un accord d’entreprise sans délégué syndical, dans le cadre de la négociation dérogatoire. 

Selon les sujets traités, la négociation préalable peut prendre différentes formes, selon l’effectif de l’entreprise :

Entreprises de moins de 11 salariés

En l’absence de délégué syndical et de membre élu à la délégation du personnel du CSE, l’employeur peut directement proposer aux salariés un projet d’accord d’entreprise et doit organiser le vote pour l’adoption de l’accord.

Entreprises de 11 à 49 salariés

En l’absence de délégué syndical, un employeur peut négocier et conclure un accord avec :

  • Un membre du CSE, mandaté ou non par une organisation syndicale représentative.
  • Ou un salarié non élu, mandaté par une organisation syndicale représentative.

Entreprises d’au moins 50 salariés

En l’absence de délégués syndicaux dans les entreprises de plus de 50 salariés, il existe un ordre de priorité entre les salariés avec lesquels un employeur peut négocier et conclure des accords :

  • Un membre du CSE mandaté par une organisation syndicale représentative.
  • À défaut, un membre du CSE non mandaté.
  • À défaut, un salarié non élu, mandaté par une organisation syndicale représentative. 

Les conditions de signature

L’accord d’entreprise doit être écrit et signé. Les règles de validité de signature de l’accord dépendent de la présence ou non d’un délégué syndical et de l’effectif de l’entreprise.

En présence de délégués syndicaux

En principe, l’accord d’entreprise doit être signé :

  • Avec l’employeur ou son représentant.
  • Une ou plusieurs organisations syndicales représentatives ayant recueilli plus de 50% des suffrages exprimés en faveur de syndicats représentatifs au premier tour de l’élection du CSE.

Si l’accord est conclu entre l’employeur et des organisations syndicales ayant recueilli plus de 30% des suffrages exprimés au premier tour des dernières élections du CSE, mais moins de 50%, alors ces syndicats signataires disposent d’un mois pour demander une consultation des salariés et valider l’accord par leur vote. Finalement, l’accord d’entreprise devra être approuvé par les salariés à la majorité des suffrages exprimés.

En l’absence de délégués syndicaux

Dans les entreprises de moins de 11 salariés

L’accord doit être soumis à un vote des salariés et être ratifié à la majorité des ⅔ du personnel. 

Dans les entreprises de 11 à 49 salariés

Si l’accord est négocié et conclu avec un salarié mandaté qui n’est pas membre du CSE, il doit être adopté par une majorité des salariés lors d’un vote. 

Si l’accord est négocié et conclu avec un membre du CSE, mandaté ou non, il doit être signé par des membres du CSE représentant la majorité des suffrages exprimés en faveur des membres du CSE lors des dernières élections professionnelles.  

Dans les entreprises d’au moins 50 salariés

Si l’accord est négocié et conclu par un membre du CSE mandaté, il doit être approuvé par un référendum des salariés à la majorité des suffrages exprimés.

Si l’accord est négocié  et conclu par un membre du CSE non mandaté, il doit être signé par des membres du CSE représentant la majorité des suffrages  exprimés lors des dernières élections du CSE.

Si l’accord est négocié et conclu avec un salarié mandaté, il doit être adopté par une majorité des salariés lors d’un vote organisé dans les 2 mois à compter de la conclusion de l’accord. 

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La procédure d’enregistrement d’un accord d’entreprise

L’enregistrement d’un accord d’entreprise est une étape obligatoire après sa signature. Cette procédure vise à garantir la conformité de l’accord avec les lois en vigueur, la convention collective et les droits des salariés. Elle lui confère une force obligatoire. L’enregistrement garantit ainsi que l’accord sera opposable à toutes les parties concernées.

La suite après la publicité

La procédure d’enregistrement comprend plusieurs étapes que l’employeur doit impérativement respecter pour que l’accord soit juridiquement valide. 

Le dépôt de l’accord d’entreprise

La validité de l’accord d’entreprise dépend d’une procédure de dépôt et de publicité encadrées par le Code du travail (C .Trav. Art. L2231-5 à L2231-6)

Notification auprès des organisations syndicales représentatives

Une fois que l’accord d’entreprise est signé, il doit être notifié à l’ensemble des organisations syndicales représentatives. Un syndicat non signataire peut s’opposer à un accord et notifier son opposition dans un délai de huit jours.

Affichage dans l’entreprise

Le lieu et les modalités de consultation de l’accord d’entreprise doivent ensuite être communiqués aux salariés par tout moyen (par exemple via l’intranet de l’entreprise ou la diffusion d’une note de service).

Cependant, certains accords tels que le plan de sauvegarde de l’emploi ou l’accord de performance collective ne sont pas soumis à la formalité de publication et peuvent se limiter au dépôt. 

Dépôt de l’accord d’entreprise 

Le dépôt est une étape essentielle pour permettre à l’accord de prendre effet, de l’officialiser et de le rendre opposable.

Après la conclusion et la signature de l’accord d’entreprise, l’employeur a l’obligation de déposer deux exemplaires de l’accord signé, dont l’un par voie électronique, auprès :

  • De la DREETS, ex DIRECCTE, en déposant l’accord sur la plateforme Téléaccords du ministère du travail qui transmet le dossier.
  • Du greffe du conseil de Prud’hommes du lieu de la conclusion de l’accord, par courrier ou physiquement.

Le dépôt doit comprendre les documents suivants :

  • Le texte intégral de l’accord signé.
  • Une copie du courrier ou de l’avis de réception daté qui prouve la notification de l’accord à l’ensemble des organisations syndicales représentatives à l’issue de la procédure de signature. 
  • La copie du procès-verbal des résultats du premier tour des dernières élections professionnelles.
  • Si l’accord a été soumis à un vote des salariés pour son adoption, le procès-verbal qui confirme le résultat de cette consultation.
  • Le cas échéant, la liste des établissements concernés par l’accord et leur adresse. 

L’administration délivre un récépissé de dépôt une fois que le dossier est complet. 

Le dépôt de l’accord ne peut pas avoir lieu avant la fin du délai d’opposition dont disposent les organisations syndicales représentatives pour contester l’accord suite à leur notification, soit 8 jours pour un accord d’entreprise, à compter de la notification.  

L’examen par l’administration

Une fois déposé, l’administration compétente examine l’accord pour vérifier sa conformité avec les lois du travail, les conventions collectives applicables et les droits fondamentaux des salariés. Elle vérifie que l’accord respecte les conditions légales et qu’il ne comporte pas de clauses illégales ou discriminatoires. Elle peut aussi s’assurer que l’accord ne déroge pas à des normes impératives, telles que celles concernant la santé et la sécurité au travail, ou qu’il ne porte pas atteinte aux droits fondamentaux des salariés.

La DREETS dispose d’un délai de 3 mois pour contrôler l’accord. Si l’accord est jugé non conforme, l’administration peut refuser de l’enregistrer. En cas de rejet, l’employeur devra réajuster l’accord et le redéposer pour un nouvel examen. Si aucune objection n’est formulée dans les trois mois, l’accord est considéré comme validé et pourra être enregistré officiellement.

L’enregistrement et la publication

Si l’accord respecte toutes les exigences, il est alors enregistré et devient applicable. L’accord est ensuite publié dans des bases de données publiques telles que Légifrance, où il sera consultable par toute personne intéressée. Cela assure la transparence du processus et permet aux salariés de prendre connaissance des conditions qui leur sont applicables.

Dans le cas où l’employeur ne respecte pas la procédure de dépôt d’un accord d’entreprise, ce dernier sera considéré comme non écrit et ne pourra être appliqué.

L’enregistrement peut intervenir dans un délai de quelques semaines après le dépôt, en fonction des priorités administratives et de la complexité du dossier. Toutefois, une fois enregistré, l’accord est réputé validé et peut produire ses effets juridiques.

Les effets juridiques de l’enregistrement d’un accord d’entreprise

L’enregistrement d’un accord d’entreprise produit des effets juridiques conséquents :

ll devient opposable

Après son enregistrement, l’accord d’entreprise devient opposable d’abord à l’employeur, ce qui l’oblige à respecter les engagements pris dans l’accord, sous peine de sanctions. L’accord devient également opposable à tous les salariés, y compris ceux qui ne l’ont pas signé et ceux qui ne sont pas représentés par un syndicat.

L’effet d’opposabilité garantit que les règles définies dans l’accord s’appliquent à tous les salariés de l’entreprise, et pas seulement à ceux qui étaient parties prenantes dans la négociation. Cela est particulièrement important pour garantir une égalité de traitement entre les salariés.

Cependant, si l’accord est jugé illégal ou porte atteinte aux droits fondamentaux des salariés, il peut être contesté devant le tribunal compétent et annulé.

Il acquiert force obligatoire

À partir du moment où il est déposé et enregistré auprès de l’administration, l’accord d’entreprise acquiert force obligatoire pour tous et devient un engagement contractuel.

Il sécurise les relations de travail dans l’entreprise

L’accord d’entreprise, une fois enregistré, devient un cadre légal qui sécurise les relations entre les salariés et l’employeur, permet d’éviter les conflits en offrant une base juridique pour l’application des règles et prévient les contentieux.

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