Depuis le 1er janvier 2020, le comitĂ© social et Ă©conomique (CSE) remplace les prĂ©cĂ©dentes instances reprĂ©sentatives du personnel et notamment le comitĂ© d’entreprise (CE).
Ă€ ce titre, il conserve les attributions principales de ce dernier notamment l’organisation des activitĂ©s sociales et culturelles (ASC), couramment appelĂ©es “Ĺ“uvres sociales”.
Les Ĺ“uvres sociales ne concernent que les entreprises de plus de 50 salariĂ©s. Elles sont prĂ©vues et dĂ©finies par le Code du travail et doivent rĂ©pondre Ă des critères prĂ©cis. Elles sont financĂ©es par une contribution de l’employeur et le rĂ©gime social des aides versĂ©es nĂ©cessite une certaine vigilance. Normalement soumises Ă cotisations sociales, l’Urssaf admet nĂ©anmoins des exonĂ©rations dans certaines conditions.
Cet article vous propose un panorama complet des œuvres sociales du CSE : définition et critères, bénéficiaires, financement et régime social.
Les Ĺ“uvres sociales du CSE : qu’est-ce que c’est ?
Les activités sociales ne sont pas strictement définies par le Code du travail, mais elles doivent néanmoins répondre à un certain nombre de critères.
DĂ©finition.
Parmi les missions du CSE figure celle d’assurer, contrĂ´ler, participer Ă la gestion des activitĂ©s sociales et culturelles (ASC) de l’entreprise (C. trav. art. L2312-78).
Ă€ cette fin, il dispose d’un budget spĂ©cifique allouĂ© par l’employeur (que nous dĂ©taillerons plus loin). La mise en place de ces activitĂ©s n’est pas obligatoire. De mĂŞme, l’employeur ne peut pas l’imposer au comitĂ© social et Ă©conomique.
Le CSE dispose du monopole quant Ă la gestion des ASC dans l’entreprise et ce, quel que soit leur mode de financement. Il peut ainsi rĂ©clamer la gestion des activitĂ©s auparavant gĂ©rĂ©es par l’employeur ainsi que le budget correspondant.
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Je tĂ©lĂ©charge les 8 fichesCe monopole implique Ă©galement que l’employeur ne peut pas se substituer au CSE en cas de dĂ©faillance de ce dernier, sous peine d’entrave (Cass. crim. 19-12-1963 n° 62-92.573).
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Critères d’une activitĂ© sociale et culturelle.
Les ASC sont prévues par le Code du travail et doivent répondre à des conditions précises. Trois critères permettent en effet de caractériser une œuvre sociale du CSE.
Caractère facultatif.
L’activitĂ© mise en place ne doit pas ĂŞtre obligatoire pour l’entreprise, que ce soit lĂ©galement ou conventionnellement. Ainsi, les dĂ©penses des complĂ©mentaires santĂ© et prĂ©voyance ne sont plus comptabilisĂ©es dans les ASC car elles sont obligatoires (C. trav. art. R 2312-49).
Bénéficiaires.
L’activitĂ© doit bĂ©nĂ©ficier aux salariĂ©s de l’entreprise, leur famille et aux stagiaires (C. trav. art. L2312-78). Nous dĂ©taillerons ces diffĂ©rents bĂ©nĂ©ficiaires un peu plus loin.
Finalité.
L’activitĂ© doit avoir pour finalitĂ© d’amĂ©liorer les conditions de vie et de travail des salariĂ©s. Elle ne doit pas concerner les avantages octroyĂ©s en contrepartie du travail ou dans une optique de gestion du personnel.
Exemples d’Ĺ“uvres sociales :
- Pot de fin d’annĂ©e.
- Repas des retraités (Cass. soc. 13-10-1988 n° 87-11.505).
En revanche, les exemples suivants ne sont pas des ASC :
- SoirĂ©e festive pour prĂ©senter le bilan annuel et les perspectives de l’entreprise et dĂ©velopper la cohĂ©sion dans l’entreprise (Cass. soc. 9-7-2014 n° 13-18.577).
- Voyages organisés par l’entreprise pour récompenser les résultats des commerciaux (Cass. soc. 2-12-2008 n° 07-16.818).
Absence de discrimination.
Il s’agit d’un critère dĂ©finit par la jurisprudence : une activitĂ© sociale et culturelle ne doit pas ĂŞtre discriminatoire. Cette vigilance est particulièrement importante dans le cas de CSE aux budgets limitĂ©s qui devront faire un choix dans le versement des aides.
Une diffĂ©rence de traitement est en effet possible mais sur des critères objectifs. Il peut s’agir des revenus, ou bien encore de la situation de besoin des salariĂ©s. Ces critères devront alors s’appliquer Ă tous les salariĂ©s, dans les mĂŞmes conditions.
Par exemple : attribution d’une aide de secours aux salariĂ©s en difficultĂ© du fait de la grève, sans distinction entre grĂ©vistes et non-grĂ©vistes (Cass. soc. 8-6-1977 n° 75-13.681 et 11-6-1996 n° 94-14.988).
En revanche, les critères suivants sont discriminatoires, donc interdits :
- Appartenance syndicale (Cass. soc. 16-4-2008 n° 06-44.839).
- Date d’embauche (Cass. soc. 18-6-1981 n° 80-12.998).
- Gréviste ou non gréviste.
- Exclusion des salariés en longue maladie.
- Absence de lien de filiation avec un enfant à charge (fille de la concubine du salarié).
Les différentes œuvres sociales.
Les activitĂ©s sociales et culturelles peuvent ĂŞtre de natures diverses. Il n’existe pas de liste exhaustive, la seule condition Ă©tant qu’elles rĂ©unissent les 3 critères citĂ©s ci-dessus.
Le Code du travail donne toutefois des prĂ©cisions (art R2312-35). Il peut s’agir :
- “Des institutions sociales de prĂ©voyance et d’entraide, telles que les institutions de retraites et les sociĂ©tĂ©s de secours mutuels.
- Les activitĂ©s sociales et culturelles tendant Ă l’amĂ©lioration des conditions de bien-ĂŞtre, telles que les cantines, les coopĂ©ratives de consommation, les logements, les jardins familiaux, les crèches, les colonies de vacances.
- Les activitĂ©s sociales et culturelles ayant pour objet l’utilisation des loisirs et l’organisation sportive.
- Les institutions d’ordre professionnel ou Ă©ducatif attachĂ©es Ă l’entreprise ou dĂ©pendant d’elle, telles que les centres d’apprentissage et de formation professionnelle, les bibliothèques, les cercles d’Ă©tudes, les cours de culture gĂ©nĂ©rale.
- Les services sociaux chargés :
- De veiller au bien-ĂŞtre du salariĂ© dans l’entreprise, de faciliter son adaptation Ă son travail et de collaborer avec le service de santĂ© au travail de l’entreprise.
- De coordonner et de promouvoir les rĂ©alisations sociales dĂ©cidĂ©es par le comitĂ© social et Ă©conomique et par l’employeur.
- Le service de santĂ© au travail instituĂ© dans l’entreprise.“
En pratique, il s’agit donc souvent des crèches, colonies de vacances, avantages pour les loisirs, le sport, les vacances ….
Qui est concerné ?
Les bénéficiaires.
Les Ĺ“uvres sociales sont destinĂ©es prioritairement aux salariĂ©s de l’entreprise, leur famille et les stagiaires (C. trav. art. L2312-78) et ce, quel que soit leur contrat ou durĂ©e de travail.
Elles concernent donc :
- Les CDI, CDD, contrats d’apprentissage, alternance, stagiaires, etc.
- Les salariés à temps partiel.
- Les salariĂ©s en prĂ©avis ou en pĂ©riode d’essai.
Il s’agit des bĂ©nĂ©ficiaires prioritaires. Les activitĂ©s et avantages peuvent donc bĂ©nĂ©ficier, dans un second temps, Ă d’autres personnes. C’est souvent le cas lors de voyages ou de sorties. S’il reste des places, elles peuvent alors ĂŞtre proposĂ©es de manière plus large : frère et sĹ“ur du salariĂ©, parents, ami….
Quelques questions / réponses.
Que regroupe le terme de “famille” ?
Les ASC bĂ©nĂ©ficient aux conjoints (non divorcĂ©s), aux veufs et veuves et souvent aux concubins ou personnes pacsĂ©es. Les enfants Ă charge sont Ă©galement concernĂ©s qu’ils soient lĂ©gitimes, naturels ou adoptifs, mĂŞme sans lien de filiation avec le salariĂ©.
Les retraités peuvent-ils bénéficier des ASC ?
Oui, le Code du travail prĂ©voit ce bĂ©nĂ©fice au profit des “anciens salariĂ©s” (R2312-35). La plupart du temps le règlement intĂ©rieur du CSE en prĂ©voit les conditions et les modalitĂ©s.
Le montant de l’avantage peut-il ĂŞtre rĂ©duit en cas de temps partiel ?
Non. L’article L3123-5 du Code du travail rappelle le principe de l’Ă©galitĂ© de traitement entre les salariĂ©s Ă temps complet et Ă temps partiel. Toute modulation des avantages selon la durĂ©e du travail serait donc discriminatoire.
Le montant de l’avantage peut-il ĂŞtre modulĂ© selon la catĂ©gorie du salariĂ© ?
Non. Il s’agit Ă©galement d’un motif discriminatoire. Un salariĂ© cadre n’a pas forcĂ©ment un revenu plus Ă©levĂ© qu’un non cadre.
La modulation d’un avantage est-elle possible en fonction du salaire ?
Oui, la prise en charge du CSE peut varier selon la rémunération du salarié à condition que les critères soient objectifs, prédéterminés et connus de tous les salariés.
Cette pratique est courante afin de favoriser les salariĂ©s qui en ont le plus besoin, par exemple : aide pour les vacances, bons d’achat pour la rentrĂ©e scolaire…
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Le dirigeant peut-il bénéficier des ASC ?
Cela est possible uniquement s’il cumule une fonction salariĂ©e dans l’entreprise avec son mandat. Sinon, il ne dispose pas d’un contrat de travail et ne peut donc pas bĂ©nĂ©ficier des Ĺ“uvres sociales.
Les salariĂ©s extĂ©rieurs de l’entreprise peuvent-ils bĂ©nĂ©ficier des Ĺ“uvres sociales ?
Les intĂ©rimaires ou salariĂ©s mis Ă disposition peuvent utiliser certaines installations dans les mĂŞmes conditions que les salariĂ©s de l’entreprise : moyens de transports , restauration…(C. trav. art. L1251-24 et L 1253 – 14).
Les salariés en arrêt maladie peuvent-ils bénéficier des œuvres sociales ?
Oui. Le fait d’Ă©carter les salariĂ©s en arrĂŞt maladie est une discrimination en raison de l’Ă©tat de santĂ©, qui peut ĂŞtre sanctionnĂ©e. Ce principe s’applique Ă©galement aux autres motifs de suspension de contrat : congĂ© maternitĂ©, parental…
Comment sont financées les activités sociales et culturelles ?
L’employeur finance les Ĺ“uvres sociales grâce Ă un budget spĂ©cifique versĂ© au CSE. Il doit Ă©galement ĂŞtre vigilant quant au rĂ©gime social des aides versĂ©es.
Budget spécifique.
Le budget des activités sociales et culturelles.
Le CSE dispose de deux budgets distincts : le budget de fonctionnement et le budget des activitĂ©s sociales et culturelles. Ils sont indĂ©pendants l’un par rapport Ă l’autre et chacun doit ĂŞtre utilisĂ© conformĂ©ment Ă sa destination.
NĂ©anmoins, un transfert d’une partie du budget de fonctionnement sur celui des Ĺ“uvres sociales est possible dans des conditions prĂ©cises (C. trav. art. L2315-61 et R2315-31-1) :
- Dans la limite de 10% de l’excĂ©dent d’un budget vers l’autre, Ă la fin de l’exercice comptable.
- Une seule fois au cours du mandat du CSE (ce transfert doit rester exceptionnel).
- Nécessite une décision des élus.
Calcul du budget.
Ce budget n’est pas obligatoire pour l’employeur, sauf si ce dernier avait l’habitude de le verser. Dans ce cas, le montant ne peut jamais ĂŞtre infĂ©rieur Ă celui de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente.
Le montant de la contribution peut ĂŞtre fixĂ© par accord d’entreprise ou par la convention collective (art. L. 2312-81). Les parties sont libres de fixer le montant du budget. NĂ©anmoins ce dernier ne pourra pas ĂŞtre infĂ©rieur au montant le plus Ă©levĂ© des 3 dernières annĂ©es (art. L2323-86).
RĂ©gime social.
En principe, toutes les prestations versĂ©es par le CSE sont soumises Ă cotisations de sĂ©curitĂ© sociale. Elles sont payĂ©es par l’employeur et les avantages soumis Ă cotisations doivent figurer sur le bulletin de paie. L’employeur peut demander au CSE un relevĂ© des sommes assujetties aux cotisations qu’il verse aux salariĂ©s.
L’URSSAF admet nĂ©anmoins quelques tolĂ©rances.
Bons d’achat et cadeaux.
L’URSSAF accepte une exonĂ©ration totale des cotisations si :
- Le montant total n’excède pas 5% du plafond mensuel de sécurité sociale (PMSS), par bénéficiaire et par an.
- Et si l’attribution se fait sans discrimination entre les salariĂ©s.
Au-delĂ , l’exonĂ©ration est Ă©galement possible dans les conditions suivantes :
- Attribution pour un Ă©vĂ©nement particulier (liste limitative) : naissance, mariage, pacs, adoption, dĂ©part Ă la retraite, fĂŞtes des mères/pères, Sainte Catherine, Saint Nicolas, noĂ«l des enfants (jusqu’à 16 ans) et des salariĂ©s, rentrĂ©e scolaire des enfants (moins de 26 ans dans l’annĂ©e civile).
- Valeur conforme aux usages : montant pour un Ă©vĂ©nement qui ne dĂ©passe pas l’Ă©quivalent de 5% du PMSS par annĂ©e civile.
- Utilisation dĂ©terminĂ©e : le bon d’achat doit mentionner la nature du bien, le nom d’un ou plusieurs magasins, un ou plusieurs rayons, …
Chèques culture.
Les chèques culture, ainsi que les autres financements de biens ou prestations culturelles, sont exonérés de cotisations sociales.
La seule condition est qu’ils soient utilisĂ©s conformĂ©ment Ă leur objet. Il peut s’agir de :
- Places de cinéma ou spectacle.
- Entrées aux musées ou monuments historiques.
- Livres.
- Supports vidéo ou musicaux.
Sont en revanche exclus les compétitions sportives et les équipements permettant de lire les supports audio et vidéos (Circ. Acoss 124 du 14-12-2006).
Aide aux services Ă la personne.
Qu’elles soient directes ou indirectes (CESU prĂ©financĂ© par exemple), ces aides sont exonĂ©rĂ©es de cotisations sociales. Elles concernent Ă©galement la garde d’enfant, comme une crèche d’entreprise par exemple.