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Blues de rentrée : d’où vient-il et comment l’identifier ?

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Le blues de reprise, état passager après les congés, se traduit par de la fatigue, un manque de motivation et une sensation de rouille.

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10 ans EXP : Emploi - RH - Inclusion - Rédactrice web - Ghostwriter LinkedIn

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Sommaire de l'article

Le retour de congés s’accompagne souvent d’un léger « blues de reprise ». La boîte mail est pleine, on a du mal à reprendre le rythme, on pense encore à ses vacances. Rien d’anormal tant que cela reste transitoire.

Parfois cependant, ces signaux s’installent, s’intensifient et traduisent un mal-être au travail plus profond, qui peut impacter la santé, la performance et la dynamique d’équipe.

La difficulté est de faire la différence tôt et d’agir sans stigmatiser.

Dans cet article, clarifions la frontière entre blues et mal-être et passons en revue les signaux faibles à repérer dans les 30 premiers jours. Il existe des méthodes concrètes de détection et des mesures de prévention à l’échelle de l’organisation.

Blues de reprise ou mal-être : faire la différence

De quoi parle-t-on ?

Le « blues de reprise » est normal et transitoire. C’est un état dans lequel un salarié peut se trouver à son retour de congé. Il a le sentiment d’être rouillé et témoigne d’un peu de fatigue et d’une motivation en dents de scie.

Cette sensation s’estompe naturellement dans les 2 semaines qui suivent la reprise.

Toutefois, si le mal-être s’installe et que les signes persistent au-delà des 2 semaines, qu’ils retentissent sur l’humeur, les relations et la performance et que les difficultés s’amplifient, alors on peut identifier un mal-être professionnel installé.

De cet état peut découler des troubles et pathologies avérées, comme le burn-out ou la dépression. Il est important d’orienter vers les professionnels de santé.

Deux repères décisionnels

Pour vous aider à identifier les phases dans lesquelles peut se trouver votre salarié, vous pouvez porter votre attention sur 2 facteurs :

  • Intensité : gêne légère gérable vs. souffrance marquée, propos de découragement, perte de contrôle.
  • Durée/évolution : amélioration spontanée vs. aggravation ou extension des difficultés (travail + sommeil + relations).

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Quels sont les signaux faibles ?

Pour vous permettre d’agir et de prévenir des troubles liés au mal-être en entreprise, voici les signaux faibles que vous pouvez détecter lors du retour de congés de votre salarié :

Signaux comportementaux

Il s’agit de signaux observables sur le comportement professionnel comme la ponctualité ou l’engagement, par exemple. Les retards inhabituels, l’irritabilité, le cynisme ou encore le retrait social doivent vous alerter.

Signaux cognitifs et performance

Plus quantifiables, ces signaux sont propres à la délivrabilité sur les tâches du salarié. Une augmentation des erreurs ou une baisse d’initiatives et/ou productivité sont une alerte.

Signaux somatiques et émotionnels

Vous ne pouvez, vous-mêmes, constater ces signaux, mais ils peuvent vous être révélés au cours d’un échange avec votre salarié.

En effet, les troubles du sommeil, les maux de tête ou encore les tensions musculaires s’opéreront davantage dans la sphère privée du salarié. Ils constituent néanmoins des signaux faibles à prendre en compte.

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Signaux relationnels et organisationnels

En revanche, ce que vous pouvez observer sur le lieu de travail du salarié, ce sont les signaux liés aux rapports avec les autres. Existe-t-il des conflits plus fréquents ? Le salarié remet-il davantage en cause le sens de la mission ?

Comment détecter les signaux faibles sans stigmatiser

Rituels de reprise simples

La détection des signaux faibles tient souvent à quelques rituels bien pensés plutôt qu’à des dispositifs lourds. Le premier, dès J+3, est un entretien individuel de 30 à 45 minutes mené dans un cadre explicitement confidentiel et non évaluatif.

L’objectif est double : prendre le pouls de la reprise et lever les premiers obstacles logistiques ou organisationnels. On commence par vérifier comment la personne a vécu son retour, on clarifie ce qui doit l’être et l’on ajuste la charge pour la semaine suivante.

Entre J+10 et J+30, un court sondage anonyme permet d’objectiver la dynamique. Inutile d’en faire trop. Cinq items notés de 1 à 5 suffisent à éclairer l’essentiel.

Par exemple, le niveau d’énergie ressenti, la charge, la clarté des priorités à court terme, la perception du soutien disponible et la qualité du climat d’équipe pour parler des obstacles.

L’intérêt de cette mesure légère est de repérer une tendance, pas de trancher à la place du dialogue.

Questions ouvertes pour le 1:1

Dans le tête-à-tête, ce sont les questions qui ouvrent des portes plutôt que celles qui cherchent une preuve. On privilégie des formulations concrètes et bienveillantes qui laissent de l’espace à la nuance.

Demander « Qu’est-ce qui te prend le plus d’énergie depuis le retour ? » permet d’identifier immédiatement ce qui coûte et où agir vite. Interroger « Sur quoi pourrais-tu dire non cette semaine sans risque ? » redonne du contrôle et fait émerger des allègements possibles.

Proposer « De quoi as-tu besoin pour être à l’aise d’ici J+30 ? » oriente la conversation vers un horizon court, atteignable, donc rassurant.

Enfin, « Qu’est-ce qu’on peut alléger ou clarifier tout de suite ? » transforme l’échange en plan d’action minimal, co-construit et immédiatement utile.

Le cadre posé par le manager compte autant que les questions. Annoncer d’emblée la posture d’écoute et l’absence d’évaluation baisse la pression et facilite la parole.

Grille “feu tricolore” (lecture + action)

Pour éviter les interprétations au doigt mouillé, une lecture en trois niveaux permet d’aligner observation et action.

  • Vert (signes légers, ≤ 2 semaines) : un peu de fatigue, une hésitation à prioriser, un tempo encore hésitant.

Ici, on rassure, on clarifie les priorités, on installe un mentorat ponctuel si besoin et l’on protège des plages de travail profond afin d’aider le rythme à se réaccorder.

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  • Orange (signes multiples, > 2 semaines) : erreurs répétées, irritabilité, sommeil perturbé, sentiment de surcharge qui ne décroît pas.

On passe alors d’un soutien implicite à un accompagnement explicite. Rééquilibrage de la charge et des objectifs, clarifications écrites, plan de soutien de deux à quatre semaines avec un point hebdomadaire pour ajuster.

  • Rouge (propos alarmants, symptômes sévères) : idées noires, anxiété envahissante, impossibilité de fonctionner normalement.

La marche à suivre ne souffre pas d’ambiguïté. Orientation immédiate vers le médecin du travail et les dispositifs d’aide, information des RH selon les procédures en vigueur, mise en place d’aménagements urgents pour sécuriser la situation.

Cette grille n’est pas un diagnostic médical ; c’est un garde-fou managérial pour agir à bon escient et au bon moment.

Comment prévenir (avant et après les congés)

Avant les congés

La prévention commence en amont, au moment même où l’on prépare les absences. Une passation claire, qui décrit les tâches en cours, leurs échéances et les contacts de secours, agit comme un filet de sécurité.

Chacun sait quoi faire, quand et avec qui, sans multiplier les sollicitations inutiles. On gagne aussi à expliciter des seuils d’alerte, par exemple ce qui mérite un appel, ce qui peut attendre, ce qui doit être replanifié, afin d’éviter le bruit de fond anxiogène.

Le rappel du droit à la déconnexion fait partie du dispositif, tout comme un message d’absence utile.

Le message d’absence : on y indique le périmètre traité, la personne à contacter en cas d’urgence et surtout un canal unique pour ces urgences, afin de ne pas éparpiller la pression.

Semaine de reprise

La première semaine donne le ton. Elle doit permettre de reprendre la main sans s’épuiser. On suspend temporairement les gros chantiers pour se concentrer sur le tri et la priorisation.

On traite la boite mail pour retrouver un horizon clair, et les réunions obéissent à une hygiène minimale : durées inférieures à 45 minutes, objectifs précis, décisions consignées. L’instauration d’un binôme de reprise fluidifie les transitions.

Prévention et détection précoce

Dès les premiers jours, la détection précoce repose sur des rituels légers, mais réguliers.

Un point individuel autour de J+3, un bref sondage à J+10 puis un nouvel éclairage à J+30 fournissent une vision continue de l’énergie, de la charge perçue, de la clarté des priorités, du soutien disponible et du climat relationnel.

Entre ces jalons, les points hebdomadaires permettent de réajuster au fil de l’eau.

Pour que tout cela fonctionne, il faut, bien sûr, outiller les managers.

Une formation courte à l’écoute active, aux signaux faibles, à la conduite d’entretiens sensibles et à la gestion de charge fait souvent la différence entre une équipe qui encaisse et une équipe qui se réaccorde.

Prévention & accompagnement

Lorsque des signaux persistent, on bascule vers un accompagnement proportionné.

Les aménagements temporaires sont simples à activer et puissants dans leurs effets : horaires ajustés, jours de télétravail supplémentaires, objectifs fractionnés en étapes atteignables, réduction de la charge sur deux à quatre semaines pour laisser au système le temps de retrouver son point d’équilibre.

Les relais doivent être clairs et accessibles : médecin du travail, dispositifs d’aide externes, référents internes QVCT ou membres du CSE, chacun dans son rôle. Une revue d’atterrissage à J+30 clôt le cycle.

On regarde ce qui a marché, ce qui reste fragile, ce qu’il faut prolonger ou modifier. Cette boucle évite l’empilement de mesures et redonne aux intéressés de la lisibilité sur la suite.

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Les populations exposées

Retours sensibles

Certaines reprises méritent un soin particulier comme les congés maternité ou paternité, les arrêts maladie longs, les deuils, les situations d’aidant familial ou les antécédents de burn-out.

Dans ces cas, l’objectif n’est pas d’accélérer la remise en selle, mais de sécuriser l’atterrissage.

Situations professionnelles à risque

Le risque tient aussi au rôle ou à la trajectoire. Les nouveaux arrivants ou les mobilités internes sans véritable (re)onboarding naviguent à vue entre codes implicites et attentes floues. On gagne alors à instaurer des règles, un calendrier et un mentorat explicites.

Contextes organisationnels

Certains contextes créent un terrain glissant comme la réorganisation, l’hyper croissance, la dette technique accumulée, le changement de manager, les objectifs rehaussés ou encore l’incertitude stratégique. Transparence, séquençage et clarté des rôles sont les mots d’ordre.

Détecter les premiers signes de mal-être au retour de congés, c’est d’abord accepter qu’un temps d’atterrissage est nécessaire, puis rester attentif lorsque les difficultés durent ou s’amplifient.

En ancrant quelques rituels simples (entretien 1:1, tri des priorités, règles de réunion…), en outillant les managers à l’écoute active et en protégeant les facteurs de santé organisationnelle (charge réaliste, clarté, reconnaissance), on évite bien des situations de rupture.

Une attention particulière aux publics sensibles rend l’ensemble plus juste et plus efficace.
En somme, la bonne démarche tient en trois verbes : observer, dialoguer, ajuster.

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