Les transformations en entreprise ne manquent pas : réorganisations, fusions, déploiement d’outils digitaux, évolution des modèles de travail, exigences accrues de performance ou de durabilité, etc …
Face à ces mutations, les acteurs RH jouent un rôle d’architecte. Mais ils ne sont pas les seuls !
En effet, citons bien évidemment les managers, pour ne pas préciser plus particulièrement les managers de proximité, qui sont les véritables acteurs « terrain » du changement au quotidien.
Pourtant, ils sont encore trop souvent les grands oubliés des stratégies de conduite du changement.
Comment leur donner une place centrale dans ce processus ? Quels rôles doivent-ils réellement jouer, et avec quels outils les équiper pour qu’ils soient relais, mais également catalyseurs du changement ?
Le manager, acteur de proximité
Un relais opérationnel indispensable
Si la stratégie du changement est définie par la direction, c’est au sein des équipes que le changement prend vie, voire se confronte aux résistances. À ce titre, le manager est un intermédiaire clé entre la vision stratégique et la réalité du terrain. Il doit :
- Traduire le changement en impacts concrets pour son équipe,
- Expliquer le sens, répondre aux interrogations, contenir les inquiétudes voir anticiper les potentielles résistances au changement, et donc intercepter les signaux faibles pour adapter sa posture.
Autrement dit, il ne suffit pas que les managers soient simplement informés du changement (ou de la nouvelle décision / orientation stratégique) : ils doivent être partie prenante, et le vivre comme un projet qu’ils pilotent eux-mêmes à leur niveau avec autonomie, et avec l’appui des RH le cas échéant.
Un leader qui adhère, pas un simple exécutant
Accompagner le changement, ce c’est pas suivre un plan d’actions commun à toute l’entreprise qui n’aurait pas de sens auprès de son équipe. Accompagner le changement, c’est inspirer, écouter, co-construire, et faire des choix.
Le manager devient alors :
- Un capteur d’émotions collectives qui repère la motivation, mais aussi la démobilisation partielle ou totale, la résistance au quotidien,
- Un facilitateur d’intelligence collective qui organise des temps d’échanges pour que chacun s’exprime, et se sente écouté,
- Un garant de la cohérence qui veille à l’alignement entre les discours de la direction et les actes quotidien de l’équipe.
L’implication du manager dans la conduite du changement est donc autant affective que technique et portes plusieurs rôles comme l’illustre ce graphique.

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Ce qu’attendent les managers : clarté, méthode, outils et TRANSPARENCE
Les managers ne refusent pas le changement s’ils le comprennent et sont comme décrit précédemment impliqué et informé des nouvelles orientations. Ce qu’ils redoutent, c’est d’être mal outillés pour l’accompagner et jouer pleinement leur rôle.
La réalité ? Trop souvent, ils doivent « faire avec », sans avoir ni le cadre, ni les méthodes, ni le soutien.
Des repères pour se situer
Un premier levier pourrait consister à leur donner des outils de diagnostic pour comprendre et situer leur équipe dans le cycle du changement. Par exemple :
- La courbe du changement (Kübler-Ross) pour repérer les phases émotionnelles traversées par les collaborateurs,
- La matrice de Kotter pour identifier les freins et les leviers d’une transformations réussie.
Bien d’autres solutions peuvent être apportées pour aider à cette prise de température, telles que l’intervention d’un cabinet de conseil qui sera en mesure de constater les besoins en toute objectivité et à l’écart de tout enjeu politique ou de pression quelconque parfois présente au moment de ces transformations.
Cette étape permet de sortir du flou, d’avoir des repères concrets pour agir, et de comprendre que les résistances ne sont pas des oppositions personnelles, mais des signaux à interpréter et à prendre très rapidement au sérieux.
Des outils pour agir concrètement
Voici trois types d’outils utiles pour les managers :
Un outil de communication managériale : grilles de questions ouvertes pour animer des temps de parole, méthodes de feedback constructif, canevas pour expliquer le « pourquoi » du changement.
Un outil de pilotage collectif : plans d’action co-construits, rétroplannings adaptés, tableaux de bord simples pour suivre l’évolution de l’adhésion ou des irritants.
Un outil d’animation collective : ateliers de co-développement, ou fresques pour imaginer les futurs possibles ensemble, outil très en vogue ces derniers mois.
Les entreprises qui intègreront ces outils dans leur politique managériale observeront indéniablement une accélération de l’engagement et une plus grande fluidité dans la mise en place des nouvelles pratiques liées au changement.
Trois erreurs fréquentes à éviter dans la mobilisation managériale
Malgré les bonnes intentions, de nombreux dispositifs échouent faute de prise en compte des réalités du management intermédiaire.
Quelques pièges classiques :
L’oubli de la charge émotionnelle
Le manager est souvent lui-même en tension. Il doit appliquer un changement qu’il n’a pas choisi, gérer ses propres incertitudes, tout en motivant une équipe parfois réticente. Sans espace pour verbaliser ses propres doutes, il s’épuise et se désengage à son tour.
L’injonction à la performance immédiate
Les entreprises pressées demandent souvent aux managers d’aller vite, de transformer sans délai. Or, le temps de l’adhésion n’est pas celui du calendrier de projet. Ne pas respecter ce tempo, c’est risquer la démotivation ou le sabotage passif.
Le manque de formation managériale spécifique
Accompagner le changement nécessite des compétences spécifiques : gestion des émotions, écoute active, conduite de réunions sensibles, détection des signaux faibles… Trop peu de managers sont formés à ces dimensions, et trop peu de temps leur est accordé pour apprendre et expérimenter.
Un plan d’actions pour les RH : accompagner ceux qui accompagnent
Les directions des Ressources Humaines ont un rôle essentiel pour mettre les managers en capacité d’agir avec confiance et justesse.
Ils doivent également imposer leur positionnement à la direction générale lorsqu’elles sont favorables à l’implication totale des managers.
Le sommet QVCT 2025
Dernières places : le 5 juin 2025, trois acteurs de la QVCT (Wellpass (ex Gymlib), Alan et Welcome to the Jungle) se réunissent pour challenger les pratiques RH en matière de qualité de vie au travail. Faites partie des 1000 RH qui ont déjà répondu présents.
Je m’inscris gratuitementÉvaluer les besoins des managers
Avant de proposer des formations ou outils standardisés, il est essentiel de mener des entretiens ou questionnaires ciblés auprès des managers pour comprendre leurs attentes, leurs freins et leur niveau de maturité sur la conduite du changement.
S’entourer de formateurs / facilitateurs à la posture et aux outils
Des modules spécifiques, courts mais réguliers, peuvent être mis en place. L’objectif est d’ancrer des réflexes durables, pas de délivrer un kit théorique
Créer des espaces de soutien entre pairs
L’accompagnement ne se décrète pas seul. Proposer aux managers des espaces de co-développement, des communautés managériales internes, ou autres selon les possibilités de planning et budgétaires permet de partager les bonnes pratiques, s’entraider face aux situations difficiles, et dans certains cas isolés très difficiles, rompre l’isolement
Valoriser les postures managériales adaptées, les réussites
Trop souvent, seuls les résultats chiffrés sont valorisés. Il est temps de reconnaître publiquement les managers qui ont su embarquer leur équipe, écouter, ajuster, accompagner dans la durée. Cette reconnaissance peut passer par des retours formels, une visibilité accrue dans l’organisation, ou des opportunités d’évolution.
Pour conclure : le manager peut être le maillon fort du changement … à condition d’être lui-même accompagné, et soutenu
Dans un monde en transformation constante, l’entreprise n’a plus le luxe de piloter le changement à distance. Elle doit s’appuyer sur les managers comme pivot de confiance entre direction et équipes. Mais cela suppose de les préparer, de les outiller, de leur faire confiance, et de les écouter en retour.
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