Le travail à temps partagé est un mode de travail qui se répand de plus en plus dans les entreprises. De la TPE à la grande multinationale, elles sont plus nombreuses chaque année, depuis la crise de la COVID-19, à intégrer des prestataires pour les accompagner dans leurs objectifs.
Faisons un point, à travers cet article, sur les différentes formes du travail à temps partagé. Comme pour toute organisation du travail, nous balayerons les avantages qu’il représente pour les entreprises et les potentiels inconvénients engendrés.
Le travail à temps partagé : quel format ?
L’appellation « travail à temps partagé » peut englober 3 situations différentes, qui n’ont pas les mêmes implications légales pour l’entreprise et la personne « partagée ».
L’entreprise fait partie d’un groupement d’employeurs
Le groupement d’employeurs (sous la forme d’une association ou d’une coopérative) permet de recruter des salariés en son nom, afin de pouvoir les mettre à disposition de ses adhérents.
Ainsi, la relation contractuelle est donc gérée directement par le groupement et non par l’entreprise adhérente.
L’entreprise a recours à une entreprise de travail à temps partagé (ETTP)
Dans ce cas, on se rapproche de la relation triangulaire qui se crée lors du recours à la prestation intérimaire. En effet, la personne « partagée » est salariée de l’entreprise de travail à temps partagé.
C’est donc cette dernière qui a la charge contractuelle et toute la gestion afférente à cette embauche. Afin de pouvoir « prêter » son salarié à l’entreprise utilisatrice, elle va rédiger un contrat de mise à disposition, pour encadrer la prestation. On y retrouvera une notion de durée, de volume horaire, de coûts…
L’entreprise n’aura quasiment aucune responsabilité vis-à-vis du salarié à temps partagé et règlera directement une facture de prestation à l’ETTP.
Ce recours au travail à temps partagé est tout à fait différent du recours à de la prestation intérimaire. Pour cause, l’intérim nécessite, notamment, un motif de recours (remplacement en cas d’absence, accroissement temporaire d’activité…). Or cette notion n’existe pas pour le temps partagé.
L’entreprise passe par un prestataire indépendant
L’entreprise peut également directement conclure un contrat commercial avec un prestataire indépendant. Elle pourra obtenir ses coordonnées par le biais du bouche-à-oreille. Il est également possible de se renseigner auprès d’une association de travail à temps partagé locale (cf site FNATTP).
Dans cette dernière situation, il n’y a aucune relation contractuelle salariale en jeu.
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Les avantages du travail à temps partagé pour l’entreprise
Le recours à la solution du temps partagé présente plusieurs avantages non négligeables pour les entreprises.
Pallier aux difficultés de recrutement
Le temps partagé permet à l’entreprise d’attirer un profil de compétences particulières, quand bien même elle aurait des difficultés à recruter de manière pérenne.
En effet, en fonction de leur taille et de leurs moyens, certaines entreprises peuvent souffrir d’un manque de visibilité. Elles peuvent également manquer d’attractivité dans leur secteur d’activité.
Ainsi, le recours au temps partagé peut pallier une faiblesse de marque employeur. Ce format attire davantage des profils qui viennent relever les challenges proposés, sur des durées plutôt courtes.
C’est également un bon palliatif quand le recrutement du candidat pressenti se fait long, afin de maintenir l’activité (ou un certain niveau) pendant l’absence. Cette situation est également valable en cas d’absence longue durée (congé parental…).
Enfin, dans certains cas, la mission en temps partagé sert de prémices au recrutement. Ainsi, si la mission est une réussite et que le profil qui est intervenu correspond aux attentes de l’entreprise, rien n’interdit à cette dernière de lui proposer une embauche.
Gagner en compétences
Le recours au temps partagé ne concerne généralement que des profils ayant une expertise développée sur une thématique donnée. C’est alors une bonne idée afin de s’octroyer les services d’une personne qualifiée, pour quelques heures par semaine ou quelques jours par mois.
S’il est bien organisé, cet apport de connaissances et de compétences n’est pas vain. En effet, il est tout à fait envisageable d’organiser un transfert de compétences entre l’expert et les salariés de l’entreprise.
La solution du temps partagé permet de verrouiller la vision stratégique et d’acter le déploiement opérationnel. Pour que la poursuite d’activité soit pérenne, l’entreprise a tout intérêt à impliquer ses salariés au maximum, afin qu’ils s’approprient les outils et les méthodes de l’expert.
Garder la main mise sur la gestion RH
Comme elle n’implique pas d’embauche directe, la prestation en temps partagé permet à l’entreprise de gérer au mieux ses effectifs.
La ressource supplémentaire nécessaire n’a ainsi pas d’impacts quant à un éventuel passage de seuil et l’arrivée des obligations afférentes.
C’est également un bon moyen de rester maître de sa masse salariale puisque la prestation correspond à une facturation, comme toute transaction commerciale.
Enfin, cela n’ajoute pas de contrainte de gestion au service RH vis-à-vis de l’administration du personnel notamment.
Les inconvénients du travail à temps partagé pour l’entreprise
Comme tout mode d’organisation, le temps partagé présente 2 inconvénients à prendre en considération avant de tenter l’aventure.
Concilier une présence discontinue au sein de l’entreprise
Ce désagrément est similaire à celui rencontré avec l’embauche au sein de la société de collaborateurs à temps partiel. En effet, se pose la question de la continuité d’activité pendant les périodes d’absence.
À la différence que le prestataire à temps partagé a en général plusieurs missions en simultanée. Ainsi, il ne pourra pas toujours garantir de la flexibilité pour se rendre disponible en cas de changements.
Il est bon de constituer un binôme avec un référent interne, qui pourra faire avancer le projet pendant les périodes d’absence ou au moins être à même de réagir en cas d’urgence.
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La communication et la délimitation des périmètres de chacun sont autant de facteurs clés de succès.
Coûts financiers
Avant de recourir à de la prestation à temps partagé, il est important que l’entreprise fasse une balance détaillée des coûts engendrés.
En effet, selon la nature de la mission, le volume de travail ou encore la durée, le rapport de coûts entre salariat et temps partagé externalisé peut s’inverser.
Attention cependant à ne pas considérer uniquement l’aspect financier dans le choix de la solution la plus adaptée. Nous avons vu un peu plus haut que le temps partagé pouvait parfois être un avantage dans la gestion RH de l’entreprise.
Ainsi, ne pas franchir un seuil qui impliquerait diverses obligations légales pour l’entreprise peut parfois être plus intéressant (et rentable au final) qu’une économie de bout de chandelle.
En résumé
Si le temps partagé s’est clairement démocratisé depuis ces dernières années, il n’est pas encore forcément entré dans les habitudes de toutes les entreprises françaises. Il présente généralement 3 avantages majeurs : pallier aux difficultés de recrutement, gagner en niveau de compétence et garder la main mise sur la gestion RH interne.
Cependant, comme ce n’est pas la solution miracle à toute problématique, il peut également présenter des inconvénients pour l’entreprise. On notera principalement le souci de la présence discontinue et l’impact financier.
D’une manière générale, au-delà de ces considérations, le travail à temps partagé reflète la flexibilité et l’ouverture de l’entreprise.
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