La santé mentale en entreprise : un tabou ?
Le groupe International SOS vient de publier un livre blanc sur « Santé en entreprise : les nouveaux enjeux » dans lequel il partage une enquête sur les nouveaux enjeux de la santé au travail, mais aussi des recommandations concrètes pour intégrer la santé et le bien-être à ses politiques d’entreprise.
L’on y apprend que si, l’an dernier, près d’un employé sur deux s’est absenté au moins une journée (et que depuis 2011, le nombre moyen de jours d’absence par an et par salarié est passé de 14 à 24,5 jours selon un Baromètre AG2R La Mondiale), la santé apparaît encore au second plan lorsqu’il s’agit de piloter la performance de l’entreprise.
Elle demeure trop souvent considérée comme un sujet de conformité à la loi, l’affaire des délégués du personnel et de la médecine du travail.
Pourtant, le livre blanc souligne que la santé mentale au travail doit être une valeur centrale. Elle nécessite une décision à tous les niveaux : dirigeants, RH, et représentants du personnel doivent tous s’impliquer.
Il faut une stratégie claire, qui traite la santé mentale comme physique. Malheureusement, la santé mentale reste un sujet encore plus tabou que la santé physique en entreprise, dont on n’ose pas parler.
Une enquête montre que la majorité des salariés craignent pour leur carrière en parlant de leur santé mentale.
Il faut donc éduquer tout le monde : employés, cadres et dirigeants. Les managers doivent être formés pour repérer les signes de stress. Ils doivent aussi guider leurs équipes vers l’aide nécessaire et montrer l’exemple.
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Ouvrir la parole sur la santé mentale : une stratégie payante
Mettre en place le bien-être au travail est un défi. Cela prend du temps et demande des efforts. Pourtant, c’est rentable. Un euro investi dans la santé rapporte entre 2,5 et 4,8 euros. Cette rentabilité vient de la baisse de l’absentéisme.
Le bien-être au travail renforce la motivation des salariés. Un climat d’écoute et de respect est essentiel. Cela garantit une meilleure performance sur le long terme. De plus, c’est un atout pour attirer les talents, surtout dans les secteurs en tension.
Selon l’IFOP, 61% des entreprises valorisaient déjà le bien-être en entreprise fin 2021. Et ce chiffre augmente. Mais attention aux programmes superficiels. Ils peuvent être mal reçus par les salariés.
Prévenir l’épuisement professionnel des cadres
22 % des cadres travaillent plus de 50 heures par semaine et 43 % se reconnectent en soirée ou le week-end. Cette surcharge menace l'équilibre de vie de ces collaborateurs, augmentant le risque d'épuisement professionnel. Le guide "5 actions pour veiller au respect des temps de travail et de repos" vous permet d’évaluer et d’ajuster la charge de travail, avec des indicateurs de suivi et des solutions d'accompagnement. Ce guide vous est proposé par notre partenaire Lucca.
Je téléchargeLes ressources humaines et responsables HSE ont alors un rôle clé. Ils doivent guider cette transition et choisir les bons partenaires.
En pratique : comment les RH peuvent aider les collaborateurs à parler de leur santé mentale
Selon Audrey Richard, Présidente de l’ANDRH (Association Nationale des DRH), interrogée dans le cadre de ce livre blanc, les problèmes de santé mentale en entreprise, “posent la question de la montée en compétences des équipes RH. La formation continue est la clé dans notre profession dont les enjeux sont en perpétuelle évolution.”
Le livre blanc propose alors des solutions pratiques.
La première solution consiste à faire dialoguer tous les acteurs de la santé dans l’entreprise : les services HSE (Hygiène, Sécurité, Environnement), le Service de Santé au Travail, la Direction des Ressources Humaines et le Comité Social et Économique.
Chaque acteur a alors un rôle, des objectifs, des apports et des freins potentiels définis.
Ensuite, le livre blanc propose de mettre en place un programme santé et bien-être fédérateur en plusieurs étapes :
- Convaincre le comité de direction.
- Dresser un état des lieux et définir des objectifs.
- Déterminer les bons indicateurs.
- Organiser des actions efficaces.
- Mesurer les progrès.
- Faire de chaque manager un ambassadeur.
- Avec le nudge, donner un « coup de pouce » dans la bonne direction.
- Rendre chaque activité ludique.
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