On me demande régulièrement comment rendre sa politique de rémunération plus impactante. J’ai envie de répondre qu’il faut déjà avoir une politique de rémunération.
Beaucoup d’entreprises pensent en avoir une, alors qu’en vrai elles n’ont qu’un ensemble de pratiques de rĂ©munĂ©ration. Comment faire la diffĂ©rence entre les deux ?
Voyons cela ensemble !
Les pratiques de rémunération
Une entreprise qui :
- Fixe les salaires sans penser à la cohérence globale.
- Détermine le montant au cas par cas en fonction des demandes individuelles et du marché.
- Propose un variable parce que « c’est ce que tout le monde fait ».
- A un accord d’intéressement parce que « ça serait dommage de se priver de la défiscalisation ».
… n’a pas de politique de rémunération ! Elle n’a que des pratiques de rémunération.
Qu’est-ce qui distingue une politique de rémunération de simples pratiques ?
Le sens !
Ă€ lire Ă©galement :
- Augmentation de salaire, entre individualité et collectif quelle solution choisir ?
- Inflation, faut-il dĂ©bloquer un budget gĂ©nĂ©ral d’augmentation ?
- La semaine des 32 heures, est-ce possible ?
Qu’est-ce qu’une politique de rémunération ?
Une politique est un ensemble de règles communes qui s’appliquent Ă tous.
Elle est au service de la stratégie RH qui a été définie pour accompagner la stratégie globale de l’entreprise.
Construire sa politique de rémunération, c’est s’interroger sur ce que l’on souhaite accomplir et ce qu’il nous faut pour y parvenir. Pour moi c’est un process en quatre étapes qui peuvent s’appliquer à la construction de n’importe quelle politique : Pourquoi ? Quoi ? Comment ? Combien ?
Je vous propose de les détailler ensemble par la suite.
Construire sa politique de rémunération
Première étape : Pourquoi ?
La première étape consiste à faire le point sur le but que l’on souhaite atteindre.
Concrètement il faut Ăªtre au clair sur trois Ă©lĂ©ments :
- Quelle est la stratĂ©gie que l’entreprise met en Å“uvre pour atteindre son objectif ?
- Quelle est la mission que l’entreprise s’est donnée ?
- Quelles sont les valeurs et la culture de l’entreprise ?
Le point de dĂ©part obligatoire est la stratĂ©gie globale de l’entreprise. Ă€ partir de lĂ , il faut dĂ©finir la stratĂ©gie RH adĂ©quate pour atteindre les objectifs que l’entreprise s’est fixĂ©s.
Une fois la stratĂ©gie RH dĂ©finie, il faut Ă©tablir un ensemble de politiques pour la mise en Å“uvre opĂ©rationnelle : La politique de rĂ©munĂ©ration en fait partie.
Ă€ ce stade lĂ , vous vous rendez compte d’une chose : Ă chaque fois que les objectifs de l’entreprise et sa stratĂ©gie Ă©voluent, on doit impĂ©rativement se poser la question de la pertinence de la stratĂ©gie RH et des politiques qui ont Ă©tĂ© mises en place.
Il ne s’agit pas de réinventer la roue tous les ans, mais de se poser la question du bien-fondé de ce qui a été mis en place dans le passé.
Je repense Ă une entreprise dont la stratĂ©gie pour l’annĂ©e Ă venir reposait sur le dĂ©veloppement d’un outil technologique. Or la stratĂ©gie RH et les changements que l’on souhaitait apporter Ă la politique de rĂ©munĂ©ration Ă©taient très orientĂ©s vers les Ă©quipes commerciales. Vendre le produit Ă©tait, certes, important, mais ce n’Ă©tait pas la prioritĂ© Ă court terme.
Une fois que notre « pourquoi » est clair, que nous sommes bien conscients des objectifs que l’on souhaite atteindre, il est temps de s’interroger sur ce dont nous avons besoin pour réussir.
Deuxième étape : Quoi ?
De quoi ai-je besoin pour atteindre mes objectifs ? De quels profils, quelles compétences techniques et humaines, quel niveau de séniorité ou d’ancienneté, quelles certifications ? Etc.
Cette Ă©tape est primordiale, car il s’agit d’identifier ce qui doit Ăªtre valorisĂ© dans les packages de rĂ©munĂ©ration.
Combien d’entreprises rémunèrent l’ancienneté sans que cela soit pertinent ? Beaucoup trop !
Une fois que nous avons listé ce dont nous avons besoin (quoi) pour atteindre nos objectifs (pourquoi) il est temps de s’interroger sur la manière de les acquérir.
Troisième étape : Comment ?
Comment j’acquiers ce dont j’ai besoin pour atteindre mes objectifs ?
Ici, nous allons décider quels éléments de rémunération mettre en place. Ce qui est intéressant, c’est que chaque élément de rémunération a sa vocation propre. Et pour qu’ils soient efficaces, il faut respecter cela.
Prenons le salaire fixe par exemple. Il rémunère une fiche de poste, donc des compétences, un certain niveau académique, un certain niveau de séniorité, etc.
La rémunération variable, quant à elle, va récompenser une surperformance. Qu’elle soit individuelle ou collective. Et pourtant combien de fois avez-vous vu attribuer des variables individuelles à des personnes qui ont juste bien fait leur travail ?
8 fiches pour développer le potentiel de vos entretiens
L’entretien annuel peut devenir un moment clé pour l’engagement et la formation des équipes. Pour révéler tout son potentiel, notre partenaire Lucca a élaboré un guide avec des conseils pratiques pour impliquer les collaborateurs lors de préparation, identifier des besoins de formation et favoriser la montée en compétences.
Je télécharge les 8 fichesCombien de fois avez-vous croisé des sociétés qui mettent en avant des valeurs collectives, de travail d’équipe, de « team spirit » et de solidarité sans qu’une forme de rémunération variable collective ait été mise en place ?
Prenez la liste des éléments de rémunération puis faites le point sur leur vocation et la bonne façon de les utiliser.
À ce stade nous savons quel est l’objectif à atteindre (pourquoi), ce dont nous avons besoin pour y arriver (quoi) et comment l’obtenir (comment), il nous reste à traiter un dernier point : Combien ?
Ă€ lire Ă©galement :
- La Gestion des Temps et des Activités, quels enjeux pour les entreprises ?
- Qu’est-ce qu’un objectif SMART ? Comment le dĂ©finir ?
- Heures supplĂ©mentaires : rĂ©duction des cotisations et exonĂ©ration d’impĂ´ts, quelles sont les règles ?
Quatrième étape : Combien ?
Vous ne rĂªvez pas, « combien » est la dernière question Ă se poser. C’est assez contre-intuitif, car quand on parle de rĂ©munĂ©ration, on a envie de parler d’argent très vite. Et pourtant, c’est la dernière chose Ă faire.
C’est un sujet qu’il faut traiter en deux parties :
- L’axe budgétaire : Que peut-on se permettre en matière de dérive de masse salariale ?
- L’axe marchĂ© : Comment veut-on se situer par rapport Ă nos concurrents ? Est-ce que l’on souhaite Ăªtre au-dessus du marchĂ© ? Au niveau du marchĂ© ? Ou encore en dessous ?
Il n’y a pas de bonne rĂ©ponse dans l’absolu. Ce qui compte, c’est ce qui est juste pour l’entreprise Ă ce moment de son histoire.
En conclusion
Avoir des pratiques de rĂ©munĂ©ration, c’est faire les choses sans penser Ă leur sens. Par exemple mettre en place un variable individuel ou un avantage particulier parce que « c’est ce que les concurrents font ».
Avoir une politique de rĂ©munĂ©ration, c’est se poser la question des comportements professionnels que l’on cherche Ă encourager. Se poser la question de nos besoins et des moyens que l’on est prĂªt Ă mettre en face. C’est avoir une vision stratĂ©gique de la fonction ressources humaines.