La crise sanitaire a secoué la gestion de la paie entre les différentes évolutions législatives, à mettre en œuvre dans des délais très courts, et le chamboulement de l‘organisation des services paie, avec le télétravail imposé par les différents confinements.
Ce changement soudain, imposé par la crise sanitaire, a toutefois permis aux managers d’entreprendre une réflexion sur une nouvelle manière de travailler dans les services paie en formalisant des accords de télétravail par exemple ou encore en investissant dans les nouvelles technologies pour une gestion des paies plus performantes.
Nous vous éclairons, dans cet article, sur les grandes tendances paie en 2022.
Gestionnaire de paie : le nouveau « col gris »
Entre le « col bleu », purement exécutant et le « col blanc » manager coincé dans son bureau donnant les directives, il existe désormais une nouvelle catégorie de salarié le « col gris », un doux mélange entre l’exécutant détenant la compétence et le manager garant de la connaissance.
Le gestionnaire de paie est une très bonne définition du « col gris », il détient à fois les compétences techniques dans l’utilisation du logiciel de paie et des process liés à la paie, mais également une bonne maîtrise du droit social ainsi que des techniques de paie.
Au-delà de la simple mission d’exécution, il est ainsi capable de prendre les décisions nécessaires à l’évolution des process, au paramétrage de la solution paie, mais également apporter des réponses aux différentes problématiques des salariés et des managers.
De la même manière, le responsable paie ne doit pas seulement détenir les connaissances théoriques, mais aussi être en mesure d’utiliser le logiciel de paie et de maîtriser les différents process de paie de la saisie des éléments variables de paie à la production de la DSN en passant par la gestion des arrêts de travail et du solde de tout compte.
Il doit être en capacité de pouvoir remplacer un gestionnaire absent. Détenir la compétence technique lui permet également de pouvoir mieux accompagner le gestionnaire de paie dans le cadre de sa mission.
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La normalisation du télétravail
La crise sanitaire et les confinements successifs qui ont été imposés aux salariés et aux employeurs sur les années 2020-2021 ont entraîné un bouleversement dans la manière de travailler des services paie.
Même si des accords de télétravail étaient déjà mis en place avant la crise sanitaire dans certaines entreprises et notamment dans les grandes villes, de nombreuses autres ont dû s’adapter afin de mettre leurs salariés en télétravail de manière précipitée. Cette situation d’état de crise sanitaire, qui a été prolongée jusqu’en juillet 2022, a obligé les employeurs à entreprendre une réflexion sur le télétravail à long terme dans l’entreprise.
Désormais, peu d’entreprises sont revenues au travail en présentiel à 100%, même si certaines entreprises font encore de la résistance. De nombreux accords sur le télétravail ont été conclus afin de formaliser le télétravail et de l’instaurer sur le long terme.
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Je télécharge les 8 fichesAprès avoir brisé les barrières techniques ainsi que certaines croyances limitantes sur le télétravail, nombreux sont les employeurs qui y ont vu une opportunité. Les avantages sont nombreux : plus de flexibilité, des gestionnaires de paie plus productifs, car moins fatigués par les trajets, une qualité de vie au travail renforcée pour les salariés, ce qui se ressent sur le travail. L’accord de télétravail porte généralement sur 2 à 3 jours par semaine afin de conserver une cohésion d’équipe avec un minimum de présentiel.
Toutefois, d’autres entreprises ont misé sur le full-télétravail, c’est-à -dire le télétravail à 100% sans présentiel, lesquelles ont vu une opportunité de changer radicalement leur positionnement sur le marché de travail. Ces entreprises, quelle que soit leur position géographique, peuvent recruter du personnel sur toute la France voire à l’étranger.
Un gestionnaire de paie habitant dans le Sud de la France peut désormais travailler pour une entreprise Parisienne sans avoir l’obligation de déménager. Le full-télétravail a permis également aux entreprises de réduire leur coût immobilier, qui n’est pas négligeable et notamment en région parisienne, mais également leur coût salarial.
En effet, un gestionnaire de paie habitant dans le centre de la France (sans offense pour les habitants de la Creuse) ne sera pas recruté au même prix qu’un gestionnaire de paie en région parisienne. Sur le long terme, cela va sans doute entraîner une diminution des écarts de salaire entre la région parisienne et la province et ainsi un exode rural inversé des Franciliens en quête d’une qualité de vie plus agréable.
Le contrôle de paie : au cœur du métier de gestionnaire de paie
Paie collaborative, intégration automatique des éléments variables de paie, DSN, signalement arrêt de travail, signalement fin de contrat, DUE en M to M ou taxe d’apprentissage et contribution à la formation professionnelle intégrées à la DSN, le processus de gestion de la paie est de plus en plus automatisé.
Ce développement des nouvelles technologies dans la gestion de la paie a transformé le gestionnaire de paie d’un simple opérateur de saisie (dans la conscience collective, car cela n’a jamais été le cas) à un véritable technicien garant de contrôler et sécuriser la paie.
Ainsi, le contrôle de paie étant au cœur du métier de gestionnaire de paie, il convient de mettre en place des procédures de contrôle de paie strictes et rigoureuses. Il n’est désormais plus question de contrôler les paies bulletin par bulletin, mais de manière globale par extraction de données et retraitement sur Excel ou par l’intermédiaire d’une solution interne ou externe au logiciel de paie.
La gestion de la paie et l’intelligence artificielle (IA)
L’intelligence artificielle fait désormais partie intégrante de notre société et sera au cœur de la 4ème révolution industrielle qui nous attend dans les prochaines années. Service commercial, service après-vente ou encore assistanat, elle est déjà présente dans de nombreux services au sein de l’entreprise, mais encore très peu en paie.
C’est donc l’enjeu du marché de la paie en 2022 et dans les prochaines années.
Comment intégrer l’intelligence artificielle dans la gestion de la paie ? On peut imaginer par exemple un assistant virtuel répondant aux questions des salariés sur leur bulletin de salaire ou sur le fonctionnement de l’entreprise. Le gestionnaire de paie doit rester et restera en tout état de cause le principal interlocuteur du salarié en raison de la complexité de la paie, l’IA étant un premier niveau de réponse.
Dans le domaine du contrôle de paie, qui prend toute sa place dans la gestion de paie, l’IA peut être exploitée en proposant des contrôles de paie de plus en plus performants au fil des différentes paies.
L’IA ne peut et ne pourra pas remplacer le gestionnaire de paie, mais représente un précieux atout pour le gestionnaire de paie. Toutefois, comme dans les autres services, l’exploitation de l’IA entraînera sans aucun doute une diminution des effectifs en paie. Ainsi, un gestionnaire de paie pourra gérer plus de paies qu’il ne le fait actuellement, ce qui implique un besoin de main-d’œuvre plus faible pour les employeurs.