Quels sont les impacts de la crise sur les recrutements ?

Quels sont les impacts de la crise sur les recrutements ?
Delphine Massé

Si l’épidémie de Covid-19 a bouleversé notre quotidien, il a également radicalement modifié les projections et les façons de faire des recruteurs français. Secteurs qui recrutent, entretiens vidéo, découvrez de quoi sera fait le marché de l’emploi de demain.

Dans une économie totalement bousculée par l’impact de la pandémie, le marché de l’emploi est entré dans une crise sans précédent. Où en sommes-nous un an après le début de cette crise sanitaire ?

Nouveau confinement, couvre-feu, fermeture d’établissement maintenue, recours massif à l’activité partielle, au télétravail… Pas de grands changements sur ces sujets dans l’immédiat. Cependant, malgré un contexte économique difficile, de nombreuses entreprises ont su rebondir, s’adapter et innover. Certaines ont même réussi à maintenir, voire à accélérer leur activité en 2020.

Alors qu’en est-il du marché du recrutement ? Quels sont les impacts de la crise sanitaire ? Les recruteurs ont-ils adapté leurs pratiques ? Les usages vont-ils changer en 2021 ? Voici un tour d’horizon sur les tendances du recrutement face à la crise.

Le marché du recrutement en France.

6 entreprises sur 10 ont poursuivi leurs embauches durant la crise.

Il y a un an, la pandémie a généré un fort ralentissement voire un arrêt total des recrutements. L’économie s’est brutalement arrêtée avec la fermeture des entreprises et les salariés ont été mis au chômage partiel. L’inquiétude des patrons dans certains secteurs d’activité et l’incertitude sur l’avenir, ont alors engendré un gel des recrutements.

Un an après, les entreprises font le bilan et le constat est plutôt encourageant. En effet, selon une étude réalisée par Meteojob (Cleveconnect) auprès de 1 000 professionnels RH sur l’état de leurs recrutements durant l’année écoulée, 62 % des entreprises ont continué d’embaucher pendant la crise.

Malgré la situation sanitaire, le marché a donc su s’adapter et retrouver un certain dynamisme puisque 11% des entreprises se targuent même d’avoir eu des volumes de recrutement supérieurs à 100 postes en 2020. Certains secteurs ont donc continué d’accélérer et d’accroître leurs effectifs en dépit du contexte, ce qui est plutôt prometteur pour 2021, même si la prudence reste de mise.

Des secteurs d’activité inégalement touchés par la crise.

Tous les secteurs ne sont pas logés à la même enseigne, certains s’en sortent mieux que d’autres. Et parmi les « gagnants » de cette crise, beaucoup d’entreprises cherchent à recruter en grand nombre pour continuer à se développer.

Sans surprise, les prévisions de recrutement dans les milieux de la santé, de la logistique, du BTP, de l’immobilier, du e-commerce, de la finance, de la grande distribution ou des services à la personne et aux entreprises, continuent de croître. Certains métiers sont mêmes confrontés à des difficultés de recrutement, faute de candidats.

Le numérique, qui a toujours le vent en poupe, a continué de créer des emplois en 2020, malgré le contexte. C’est un fait, ce marché résiste mieux, car il est stimulé par la transformation digitale des entreprises.

Selon le Syntec numérique, dans son dernier bilan réalisé sur les perspectives du secteur en 2021, les éditeurs de logiciels s’en sortent le mieux par rapport aux ESN et aux activités de conseils en technologies. Les start-up du Next 40 et du French Tech 120 de leur côté, continuent de s’imposer en tant qu’acteurs à part entière du secteur numérique, et n’ont pas cessé de recruter.

L’année 2021 s’annonce en bonne voie pour le numérique.

À l’inverse, certains secteurs souffrent et ne recrutent plus, comme le tourisme, la culture, l’événementiel et l’hôtellerie, qui ont dû suspendre radicalement leurs activités. L’aéronautique, l’automobile, le transport aérien et terrestre, le secteur pétrolier et de l’énergie, et bien d’autres accusent également les conséquences de cette crise sanitaire sans précédent.

Les inquiétudes de la jeune génération sur l’emploi.

Les jeunes subissent de plein fouet le ralentissement de l’économie et sont loin d’être épargnés par le chômage. C’est ce que révèlent les derniers chiffres publiés par la Dares le 4 février dernier. En effet, sur l’ensemble de l’année 2020, le nombre d’embauches des moins de 26 ans en CDI et CDD (de plus de trois mois) a baissé de 14,2% par rapport à 2019.

Le plan de relance « 1 jeune, 1 solution » annoncé en juillet 2020 par le gouvernement est venu en aide aux milliers de jeunes qui arrivaient sur le marché de l’emploi.

Pour inciter l’embauche des jeunes de moins de 26 ans, l’État a mis en place :

  • Une prime de 4.000 euros pour une embauche en CDI ou en CDD. L’efficacité de cette mesure a conduit le gouvernement à la prolonger jusqu’au 31 mai 2021.
  • Une aide exceptionnelle pour le recrutement d’un apprenti ou d’un contrat de professionnalisation (5.000 euros pour l’embauche d’un apprenti mineur, 8.000 euros pour un apprenti majeur) qui a été prolongée jusqu’à la fin d’année 2021.

Les entreprises ont su se mobiliser en diffusant leurs offres sur le site 1 jeune,1 solution. Plus de 3 000 entreprises ont d’ores et déjà rejoint la mobilisation pour favoriser l’emploi des jeunes. Entre août et fin novembre 2020, c’est plus d’un million de jeunes qui ont été recrutés en CDD ou en CDI. Un résultat presque équivalent à celui de 2019, selon la ministre du Travail.

Côté alternance, c’est un succès également avec quasiment 500 000 contrats signés en 2020, selon les données dévoilées par le ministère du Travail, en février dernier.

Les intentions d’embauche de cadres restent faibles.

En 2020, les intentions d’embauches des cadres ont brutalement chutées, conséquence directe de la crise sanitaire. Selon le dernier baromètre Apec publié le 3 février, le nombre d’offres d’emploi cadres diffusé sur l’ensemble de l’année 2020, accuse un net recul (-29 %), avec d’importantes disparités selon les secteurs d’activité. Les intentions de recrutement des cadres vont rester modestes sur ce début d’année.

Les entreprises semblent en effet frileuses sur le 1er trimestre 2021 car le manque de visibilité s’est renforcé dans certains secteurs comme l’aéronautique ou l’automobile. Ce qui n’est pas le cas pour l’industrie, la construction, le commerce ainsi que les services à haute valeur ajoutée (informatique, ingénierie, recherche, conseil, finance) dont 15 % des entreprises envisageaient de recruter au moins un cadre au premier trimestre 2021.

Ce climat suscite beaucoup d’inquiétude pour les cadres face à la crise qui se prolonge. Et pour les entreprises, même si les prévisions de recrutement de cadres restent limitées en 2021 selon l’Apec, les difficultés de recrutement devraient perdurer dans certains secteurs d’activité. Dans des métiers comme la Data, l’informatique, la R&D, la sécurité de l’information, … les postes sont très qualifiés et restent malgré tout difficile à pourvoir.

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L’accélération de la digitalisation du recrutement.

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Le nouveau quotidien des RH : recruter à distance.


Avec la crise sanitaire et les mesures de confinement, les entreprises ont dû changer leurs habitudes et innover pour continuer à recruter. L’entretien visio et l’entretien vidéo différé font partie des méthodes tendances de l’année 2021 en matière de recrutement.

Selon l’enquête Meteojob, 6 professionnels RH sur 10 confirment avoir intégré des outils digitaux à leur process. Avec les contraintes de distanciation sociale, des logiciels comme Skype, Google meet, Zoom ou la vidéo différée, ont pris place dans les process de recrutement pour les entretiens à distance. L’enquête souligne d’ailleurs que la moitié des recrutements réalisés par les 1000 professionnels RH en 2020, se sont finalisés sans rencontre physique.

Même si elle était déjà bien amorcée dans une grande partie des entreprises, la digitalisation de la fonction RH s’est vraiment accélérée avec la crise de la Covid-19.

L’année 2021 s’annonce encore instable en matière de recrutement. Les entretiens visios et les vidéos différés devraient subsister dans les années à venir. En effet, 58 % des répondants qui sont des professionnels RH, affirment avoir précipité la mise en place des projets de digitalisation dans leur quotidien.

Ces outils RH basés sur l’innovation et les nouvelles technologies permettent non seulement aux entreprises de faire face à la crise sanitaire et de continuer à embaucher, mais également de se différencier en recrutant plus rapidement et en renforçant leur marque employeur.

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Le télétravail : un argument pour recruter.

Depuis un an, le télétravail s’est généralisé dans de nombreuses entreprises en particulier dans les secteurs de l’IT et du digital. La pandémie a accéléré cette transition au télétravail ce qui a bouleversé le marché du recrutement et l’organisation au sein des entreprises.

Le télétravail et les horaires flexibles sont aujourd’hui des arguments de taille pour fidéliser les collaborateurs. Ce sont aussi des leviers de recrutement dans certains métiers. En effet, les recruteurs peuvent désormais s’ouvrir à d’autres profils et attirer un plus grand vivier de talents. La distance géographique n’est plus un frein, à condition pour les entreprises comme pour les salariés, d’être irréprochables dans la gestion du travail à distance.

Cette nouvelle organisation du travail a donc un impact sur l’onboarding des collaborateurs, l’une des étapes phares d’un bon process de recrutement. L’intégration à distance est un véritable défi pour les services RH qui naturellement doivent être très attentifs à l’expérience candidat.

Il faut cependant rester vigilant, car même si nombreux sont les salariés qui apprécient cette nouvelle organisation de travail, une majorité d’entre eux ne souhaite pas rester en télétravail à 100 %.

Les soft skills au cœur du recrutement.

Dans un contexte économique à la fois imprévisible et incertain, l’autre tendance RH observée dans le recrutement, est ce retour en force des soft skills. Déjà présents en 2020, la crise a renforcé leur importance au sein des entreprises. Au-delà des diplômes et des compétences techniques, les entreprises favorisent aujourd’hui les qualités comportementales pour recruter.

Entre le télétravail, la distance avec les équipes et les nouveaux usages numériques, il est désormais nécessaire pour les candidats de rassurer les entreprises et de montrer leur adéquation avec ces nouvelles méthodes de travail.

Voici les compétences dites « douces » devenues indispensables pour les recruteurs : l’adaptabilité, la rigueur, le sens de l’organisation, l’autodiscipline, la gestion du stress, l’esprit d’équipe virtuel, la prise d’initiative, l’écoute…

De nombreuses entreprises risquent de miser sur ces qualités humaines, ce qui devrait impliquer une organisation des process de recrutement dans ce sens pour les évaluer : entretien vidéo, tests de personnalité, assessement center, …

La crise sanitaire a bousculé les pratiques RH des entreprises et changé les manières de recruter. Il serait difficile de repartir en arrière, car la digitalisation des ressources humaines s’est accélérée et les nouveaux outils RH sont aujourd’hui intégrés dans les pratiques. La reprise économique 2021 s’annonce plutôt encourageante dans certains secteurs même si l’incertitude demeure en cette période de crise sanitaire.

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Delphine Massé

Mes 10 années d’expérience auprès d’un acteur de l’emploi, du recrutement et de la formation, m’ont permis d’acquérir une forte expertise RH. Chargée de recrutement et rédactrice web, j’allie mes différents domaines de compétences pour rédiger des articles sur l’écosystème RH, le recrutement, la gestion des ressources humaines, la formation… Déterminée et investie, je mets l’ensemble de mes compétences RH, rédactionnelles et commerciales, au service des entreprises.