Le distanciel nuit-il aux carrières ? 

Le distanciel creuse un sentiment d’injustice dans les carrières

Selon une étude Deel, 30 % des salariés français estiment que le télétravail nuit à leurs carrières. Ils redoutent d’être moins visibles, moins sollicités, voire oubliés pour les promotions. Cette inquiétude est encore plus forte chez les jeunes : 57 % des 16-24 ans partagent ce sentiment, contre 18 % chez les plus de 55 ans.

Les effets du distanciel sur les carrières ne sont pas qu’une impression. 27 % des salariés interrogés pensent que le fait de travailler à distance à 100 % impacte directement leurs chances d’évolution. Une tendance qui se confirme à l’échelle européenne. En Allemagne, au Royaume-Uni et en Suède, plus d’un tiers des salariés craignent aussi un ralentissement de leur parcours professionnel.

Malgré une aspiration à vivre ailleurs — plus près de leur famille, à la campagne ou dans un logement plus abordable —, 44 % des salariés français choisissent encore leur domicile en fonction de leur bureau. 64 % se disent même inquiets à l’idée d’habiter à plus d’une heure de leur entreprise. Et 14 % regrettent de s’être éloignés pendant la pandémie.

Pour eux, la proximité physique avec le lieu de travail reste un repère de progression. Le bureau, même s’il a évolué, continue de symboliser l’opportunité, l’échange, la reconnaissance.

En son absence, beaucoup redoutent une mise à l’écart silencieuse. Un facteur de stress important, surtout quand les règles d’évaluation ou de promotion sont floues.

A lire également :

• Les bienfaits du télétravail sur la QVCT : mythe ou réalité ?
• Fin du télétravail en 2026 : tout ce que vous devez savoir !
• Télétravail : Comment prévenir les risques psychosociaux ?
  

Entre attentes salariales et prudence managériale : un dialogue à renouer

Face à ces inquiétudes, les entreprises peinent à rassurer. L’étude Deel révèle une forte réticence des dirigeants à élargir leur recrutement au-delà du périmètre géographique immédiat. 62 % d’entre eux souhaitent que les salariés vivent à une distance raisonnable du bureau. 69 % exigent que le candidat puisse venir au bureau tous les jours si nécessaire.

La suite après la publicité

Cette volonté de proximité repose souvent sur un besoin de contrôle. 42 % des dirigeants estiment que la collaboration est plus facile sur site. 33 % pensent qu’ils gardent ainsi un meilleur suivi des équipes. Et 23 % doutent que les salariés étrangers ou éloignés acceptent d’adapter leurs horaires. Un manque de confiance qui freine les pratiques hybrides.

Pourtant, les salariés sont ouverts aux ajustements. 41 % se disent prêts à travailler deux heures plus tôt s’ils sont embauchés dans un pays avec un autre fuseau horaire. Ils attendent surtout plus de reconnaissance et d’équité. Pour eux, le lieu de travail ne devrait pas peser sur leur avenir professionnel.

Ce décalage crée une tension croissante. 53 % des dirigeants reconnaissent que leur frilosité complique le recrutement. Et pourtant, les embauches locales ont bondi de 104 % en un an sur Deel, preuve que les besoins en compétences sont bien là.

Pour Jérémy Mimoun, Directeur de Deel France, l’enjeu est clair : “Les entreprises ne peuvent plus faire comme si les talents étaient tous à côté. Ce n’est pas la distance qui freine une carrière, c’est le manque de confiance.” 

Les carrières de demain passeront donc par une culture managériale plus ouverte, plus équitable, et enfin adaptée à la réalité du travail hybride.

A lire également :

• Charte télétravail : contenu, mise en oeuvre, obligations, …
• Entretien de suivi de charge et télétravail : comment le rédiger ?
• Télétravail : toujours pas de retour en arrière possible ?