La pĂ©riode d’essai est un Ă©tape clĂ© de la relation de travail, Ă la fois simple Ă mettre en Ĺ“uvre mais aux consĂ©quences importantes pour l’entreprise et le salariĂ©.
Elle permet une phase de test oĂą chaque partie au contrat de travail peut apprĂ©cier si la relation de travail lui convient. Dans le cas contraire, la rupture de la pĂ©riode d’essai est simple et rapide et permet Ă chacun de se libĂ©rer du contrat avant qu’il ne devienne dĂ©finitif.
Mais il ne faut pas se fier à cette apparente simplicité.
Employeurs comme salariĂ©s doivent ĂŞtre très vigilants pendant cette pĂ©riode car les consĂ©quences d’une mauvaise gestion, d’un oubli peuvent ĂŞtre importantes.
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Je tĂ©lĂ©chargeLe contentieux de la pĂ©riode d’essai est d’ailleurs riche, entre litiges sur le dĂ©lai de prĂ©venance, les motifs abusifs ou nuls, le dĂ©compte, la durĂ©e etc.
Alors concrètement, comment fonctionne la pĂ©riode d’essai ? DurĂ©e et prolongations Ă©ventuelles, consĂ©quences de son terme, procĂ©dure de rupture anticipĂ©e… Tour d’horizon complet pour tout connaitre sur la pĂ©riode d’essai.
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La pĂ©riode d’essai : de quoi s’agit il ?
DĂ©finition
La pĂ©riode d’essai fait directement suite Ă l’embauche du salariĂ© (elle ne peut pas ĂŞtre prĂ©vue Ă un autre moment du contrat de travail). Elle est mise en place aussi bien dans l’intĂ©rĂŞt du salariĂ© que de l’employeur (art L1221-20).
Cette période limitée dans le temps permet en effet :
- Ă€ l’employeur d’Ă©valuer les compĂ©tences du salariĂ© nouvellement embauchĂ©
- Au salariĂ© d’apprĂ©cier si son nouveau poste lui convient
En cas de problème, chacun pourra rompre la pĂ©riode d’essai, et donc le contrat de travail, de manière simple et rapide, sans indemnitĂ©.
Elle n’est pas obligatoire. Toutefois, les parties doivent la respecter si elle est prĂ©vue dans le contrat de travail.
DiffĂ©rence avec la pĂ©riode probatoire. La pĂ©riode d’essai est prĂ©vue au dĂ©but du contrat de travail, alors que celui ci n’est pas encore dĂ©finitif. Au contraire, la pĂ©riode probatoire est organisĂ©e pendant le contrat de travail, souvent en cas de changement de poste dans l’entreprise. Si l’employeur n’en ait pas satisfait, le salariĂ© est alors replacĂ© dans ses fonctions antĂ©rieures, son contrat de travail n’est pas rompu.
Mise en place
Si les parties souhaitent mettre en place une pĂ©riode d’essai, celle ci doit obligatoirement ĂŞtre prĂ©vue dans le contrat de travail (ou la lettre d’engagement du salariĂ©). Ce dernier doit non seulement en prĂ©voir le principe, mais Ă©galement sa durĂ©e, voire Ă©ventuellement une possibilitĂ© de renouvellement.
La pĂ©riode d’essai deviendra alors opposable au salariĂ© lors de la signature de son contrat (cela implique que la pĂ©riode d’essai ne peut pas ĂŞtre mise en place si le salariĂ© ne dispose pas d’un contrat de travail Ă©crit).
La durĂ©e de la pĂ©riode d’essai
Depuis la loi du 25 juin 2008, le code du travail mentionne expressĂ©ment les durĂ©es maximales de la pĂ©riode d’essai. Auparavant, elles Ă©taient uniquement prĂ©vues par le contrat de travail, les conventions collectives ou les accords collectifs. Ces sources restent nĂ©anmoins valables dans certaines conditions.
Ă€ cette durĂ©e initiale, s’ajoute la possibilitĂ© de prolonger la pĂ©riode d’essai dans certaines conditions.
PĂ©riode d’essai initiale
Pour les CDI
La durĂ©e de la pĂ©riode d’essai dĂ©pend de la catĂ©gorie professionnelle des salariĂ©s (art L1221-19) :
- 2 mois pour les ouvriers et employés
- 3 mois pour les techniciens et agents de maîtrise
- 4 mois pour les cadres
Ces durĂ©es sont impĂ©ratives Ă l’exception (art L1221-22) :
- De durées plus longues prévues par accords de branche étendus conclus avant le 26 juin 2008
- De durées plus courtes prévues par le contrat de travail ou par accords de branche étendu conclus après le 26 juin 2008
Conseil. Afin de déterminer la durée applicable, il est donc important de comparer vos textes conventionnels avec les règles légales.
Pour les CDD
La durĂ©e maximale de la pĂ©riode d’essai pour les CDD est fixĂ©e Ă (art.L1242-10) :
- 1 jour par semaine dans la limite de 2 semaines pour les contrats dont la durée initiale est de moins de 6 mois
- 1 mois pour les contrats supérieurs à 6 mois
En cas de CDD Ă terme imprĂ©cis, la pĂ©riode d’essai est calculĂ©e sur la base de la durĂ©e minimale prĂ©vue au contrat.
Les cas de prolongement de la pĂ©riode d’essai
Dans certaines circonstances, il est possible de modifier la date de fin de la pĂ©riode d’essai.
Report du terme de la pĂ©riode d’essai
Pendant la pĂ©riode d’essai, il est possible que le salariĂ© soit absent. La relation de travail ne peut donc plus ĂŞtre testĂ©e d’un cotĂ© comme de l’autre et la pĂ©riode d’essai perd de sa pertinence.
Dans ce cas, il est alors possible de prolonger la pĂ©riode d’essai d’un nombre de jours Ă©quivalent Ă l’absence (calculĂ©s en jours calendaires).
Ce report du terme de la pĂ©riode d’essai concerne les cas de suspensions du contrat tels que : les CP, RTT, congĂ©s sans solde, absences pour maladie, etc.
L’employeur en informe le salariĂ© par lettre simple ou par mail, en indiquant l’ancienne date de fin de la pĂ©riode d’essai, la durĂ©e de l’absence et la nouvelle date de fin.
Exemple. La pĂ©riode d’essai de Mme Durand se termine le 10 fĂ©vrier au soir. Elle est absente pour maladie du 4 au 12 janvier, soit 9 jours calendaires. La pĂ©riode d’essai sera donc prolongĂ©e de 9 jours et se terminera donc le 19 fĂ©vrier au soir.
Le renouvellement de la pĂ©riode d’essai
Le renouvellement ne doit pas ĂŞtre confondu avec le report du terme citĂ© prĂ©cĂ©demment. Ici, il s’agit de prĂ©voir une nouvelle pĂ©riode d’essai, consĂ©cutive Ă la première, dans le cas ou celle ci n’a pas Ă©tĂ© suffisante pour apprĂ©cier si le salariĂ© convient Ă son poste ou pas.
La pĂ©riode d’essai, renouvellement compris, ne peut pas dĂ©passer (art.L. 1221-21):
- 4 mois pour les ouvriers et employés
- 6 mois pour les agents de maîtrise et techniciens
- 8 mois pour les cadres
Le contrat de travail et la convention collective doivent en prĂ©voir expressĂ©ment la possibilitĂ©. A dĂ©faut, la mise en place d’un renouvellement n’est pas possible.
Une pĂ©riode d’essai ne peut ĂŞtre renouvelĂ©e qu’une seule fois.
Si ces conditions sont rĂ©unies l’employeur informe le salariĂ© par lettre recommandĂ©e avec accusĂ© de rĂ©ception ou par lettre remise en main propre, envoyĂ©e en double exemplaire.
Le salariĂ© doit obligatoirement donner son accord, de manière explicite et non Ă©quivoque. Cet accord est formalisĂ© par une mention manuscrite de sa part sur le courrier de renouvellement, par exemple ‘lu et approuvĂ©, bon pour accord de renouvellement”.
Pas de renouvellement pour les CDD. Attention, la possibilité de renouvellement ne concerne pas les contrats à durée déterminée.
La fin de la pĂ©riode d’essai
La pĂ©riode d’essai prend fin au terme de la durĂ©e prĂ©cĂ©demment dĂ©crite. Mais, en pratique, comment la dĂ©compter ? Quelles sont les consĂ©quences de la fin de la pĂ©riode d’essai ?
Comment dĂ©compter la pĂ©riode d’essai
Un décompte en jours calendaires
Le contrat de travail peut prĂ©voir une pĂ©riode d’essai en mois, en semaine ou encore en jours. Par contre, elle se dĂ©compte toujours en jours calendaires (C.Cass 28 avril 2011 no 09-40.464).
Attention toutefois Ă d’Ă©ventuelles dispositions conventionnelles ou contractuelles qui peuvent prĂ©voir des modalitĂ©s diffĂ©rentes.
Exemple. PĂ©riode d’essai de 1 mois dĂ©butant le 4 janvier. Elle prend fin le 3 fĂ©vrier Ă minuit.
DĂ©compte et temps partiel ?
Le dĂ©compte de la pĂ©riode d’essai est identique quel que soit le temps de travail du salariĂ©, temps plein ou temps partiel.
Décompte et jours fériés/dimanche ?
La pĂ©riode d’essai prend fin au jour du dĂ©compte, peu importe que ce dernier jour tombe un dimanche ou un jour fĂ©riĂ©.
En effet, les règles de computation des dĂ©lais de procĂ©dure, qui permettent de prolonger le dĂ©lai s’il expire un jour non travaillĂ© dans l’entreprise, ne s’appliquent pas aux pĂ©riodes d’essai, sauf accord contraire des parties (Cass. soc. 21-1-1987 n° 83-45.686).
Les consĂ©quences de la fin de pĂ©riode d’essai
Sur le contrat de travail
Lorsque la pĂ©riode d’essai arrive Ă son terme, le contrat de travail se poursuit normalement et devient dĂ©finitif.
Les parties ne bĂ©nĂ©ficient donc plus de la facilitĂ© de rupture. S’ils souhaitent ensuite rompre le contrat, ils devront respecter l’une des procĂ©dures prĂ©vues par le code du travail, selon le cas : licenciement, rupture conventionnelle, dĂ©mission etc.
Formalités
Aucune formalitĂ© particulière n’est requise de la part de l’employeur. Le salariĂ© peut considĂ©rer son emploi comme Ă©tant confirmĂ© dĂ©s lors que la pĂ©riode d’essai est terminĂ©e.
Mais en pratique, l’employeur remet la plupart du temps au salariĂ© un courrier confirmant l’embauche dĂ©finitive. Ă€ dĂ©faut, le salariĂ© peut Ă©galement demander cette lettre. Il peut en effet en avoir besoin pour justifier de son contrat auprès de banques ou autres organismes (location de logement, prĂŞt immobilier, etc.)
La rupture anticipĂ©e de la pĂ©riode d’essai
Si la relation de travail ne convient pas au salariĂ© ou Ă l’employeur, ils peuvent mettre fin Ă la pĂ©riode d’essai de manière anticipĂ©e. Cette procĂ©dure est simple et rapide Ă mettre en Ĺ“uvre Ă la condition nĂ©anmoins de respecter certains dĂ©lais de prĂ©venance.
Formalités et procédure
Le principe
L’une des principales diffĂ©rences de la pĂ©riode d’essai par rapport aux autres causes de rupture du contrat de travail est de pouvoir se rompre sans motif particulier (art.L.1231-1).
Il suffit au salariĂ© ou Ă l’employeur d’indiquer son souhait de rompre la pĂ©riode d’essai, sans autre indication.
Les formalitĂ©s sont Ă©galement rĂ©duites au strict minimum, puisqu’aucune n’est prĂ©vue par le code du travail. NĂ©ammoins, pour des questions de preuve, il est conseillĂ© de rompre la pĂ©riode d’essai en envoyant Ă l’autre partie une lettre recommandĂ©e avec accusĂ© de rĂ©ception ou un lettre remise en main propre.
Exceptions
Attention Ă quelques cas particuliers :
- Convention collective. Elle peut prĂ©voir une procĂ©dure particulière Ă respecter. Avant toute dĂ©marche, il est donc prĂ©fĂ©rable d’en vĂ©rifier les dispositions.
- Faute du salariĂ©. L’employeur qui souhaite rompre la pĂ©riode d’essai en raison d’une faute du salariĂ© devra respecter la procĂ©dure de sanction disciplinaire (convocation Ă un entretien prĂ©alable, etc.) Cass. soc. 10-3-2004 n° 01-44.750.
- SalariĂ©s protĂ©gĂ©s. Il s’agit notamment des reprĂ©sentants Ă©lus au CSE, dĂ©lĂ©guĂ©s syndicaux, salariĂ©s candidats aux Ă©lections ou ayant demandĂ© l’organisation des Ă©lections, conseillers prud’homaux, conseillers du salariĂ©s, etc. La rupture de la pĂ©riode d’essai ne peut se faire qu’en respectant la procĂ©dure de licenciement des salariĂ©s protĂ©gĂ©s : consultation du CSE, autorisation de l’inspection du travail…
Délais de prévenance
Le respect des dĂ©lais de prĂ©venance est la formalitĂ© principale Ă respecter pour rompre la pĂ©riode d’essai. Ces dĂ©lais sont prĂ©vus aux articles L1221-25 et L1221-26 du code du travail et concernent aussi bien les CDI que les CDD. Il s’agit alors du prĂ©avis de la pĂ©riode d’essai.
Rupture Ă l’initiative de l’employeur
Pour un CDI
Les délais de prévenance sont de :
- 24 heures pour une présence du salarié inférieure à 8 jours
- 48 heures entre 8 jours et 1 mois
- 2 semaines après 1 mois
- 1 mois après 3 mois de présence
Vigilance. Le dĂ©lai de prĂ©venance ne peut pas avoir pour effet de prolonger la pĂ©riode d’essai. Il est donc important pour l’employeur de bien anticiper ces dĂ©lais. SI le salariĂ© est encore prĂ©sent dans l’entreprise après la fin de sa pĂ©riode d’essai, son contrat ne pourra ĂŞtre rompu qu’en suivant une procĂ©dure adĂ©quate, licenciement notamment.
Pour un CDD
Les dĂ©lais de prĂ©venance ne concernent que les CDD prĂ©voyant une pĂ©riode d’essai d’au moins 1 semaine (art.L.1221-25).
- 24 heures si le salarié est présent depuis moins de 8 jours
- 48 heures entre 8 jours et 1 mois de présence.
Sanctions en cas de non respect
Si l’employeur rompt la pĂ©riode d’essai du salariĂ© sans respecter le dĂ©lai de prĂ©venance, il devra lui verser une indemnitĂ© compensatrice.
Montant indemnitĂ© = salaires + avantages que le salariĂ© auraient perçus s’il avait effectuĂ© le dĂ©lai de prĂ©venance.
Rupture Ă l’initiative du salariĂ©
Le salariĂ© doit Ă©galement respecter un dĂ©lai de prĂ©venance pour rompre sa pĂ©riode d’essai. Ce dĂ©lai est de 48 heures ou 24 heures s’il est prĂ©sent dans l’entreprise depuis moins de 8 jours.
Dans le cas contraire, le code du travail ne prĂ©voit pas de sanction particulière. NĂ©ammoins, l’employeur peut dĂ©montrer son prĂ©judice et en demander rĂ©paration au salariĂ© par le versement de dommages et intĂ©rĂŞts.