Derrière l’acronyme AFEST se cache l’Action de Formation En Situation de Travail. Apparue en 2018 avec la loi “sur la liberté de choisir son avenir professionnel”, cette modalité de formation reste encore largement sous-employée par les entreprises.
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Je télécharge les 8 fichesSouvent amalgamée avec de la formation sur le tas, l’AFEST est pourtant encadrée par le Code du Travail (article D. 6313-2). À partir de l’analyse de la situation de travail de l’apprenant, l’AFEST va consister en l’alternance de mises en situations et de phases réflexives. C’est ce cheminement qui va permettre à l’apprenant d’atteindre l’objectif assigné. On évaluera les compétences acquises par l’apprenant tout au long du parcours.
Détaillons les 5 étapes de mise en place d’une AFEST au sein de l’entreprise.
Étape 1 : la phase de diagnostic
Cette première étape permet de confirmer que la modalité de l’AFEST est bien appropriée pour la formation de l’apprenant.
On va réaliser une analyse du travail projeté. Ainsi, on sera en capacité de lister les situations essentielles que l’apprenant devra maîtriser à l’issue de la formation. Cette analyse permettra également de lister les situations à mettre en oeuvre pour permettre la montée en compétences. N’oubliez pas que l’AFEST est une formation pour le travail, par le travail !
Il s’agit également de vérifier que l’ensemble des ressources nécessaires au dispositif de l’AFEST soient disponibles dans l’entreprise pour démarrer l’action. Il s’agira principalement de ressources humaines et matérielles.
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Étape 2 : la phase de conception
Dans la majorité des cas, le parcours d’AFEST est individualisé pour être au plus proche des attentes et des besoins de chaque apprenant. Ainsi, il sera difficile de créer, à l’avance, un parcours type par poste par exemple. On pourra plutôt envisager un catalogue des situations apprenantes qui rentrent dans le cadre de l’AFEST.
Ainsi, lors de cette deuxième étape, on veillera à formaliser la progression pédagogique envisagée. Il s’agit finalement d’élaborer un référentiel d’activités et de compétences en lien avec le parcours AFEST souhaité. En d’autres termes, on va définir, de manière opérationnelle, ce que l’apprenant devra réaliser et de quelle manière.
De plus, il est également important de réfléchir au dispositif d’accompagnement nécessaire (formateur / référent) pour permettre l’alternance des phases d’application et des phases de retours réflexifs encadrées. On veillera à désigner un “formateur” dédié à l’apprenant dans le cadre de son parcours de formation.
Ce dernier est bien souvent un collaborateur expert de l’entreprise, qui maîtrise les situations proposées et possède des compétences d’accompagnement. On pourra évidemment, si besoin, le former au préalable à son rôle, à la finesse de la méthodologie et aux outils déployés.
Enfin, il faut également songer au dispositif d’évaluation. Évaluation à la fois initiale pour positionner l’apprenant et évaluation finale. Cette dernière servira à mesurer la progression de l’apprenant suite à l’AFEST.
Étape 3 : la phase de préparation
La troisième étape est celle de la préparation de l’ensemble des outils pédagogiques nécessaires à l’AFEST. En effet, selon les situations apprenantes envisagées, il s’agira de préparer (ou récupérer) les supports pédagogiques nécessaires. Un petit peu comme la conception d’une boîte à outils pour avoir tout à disposition lors du démarrage. Il en va de même pour l’aspect évaluation.
On veillera, dans un souci de diversité d’apprentissage, à diversifier autant que possible les supports pédagogiques proposés.
On pensera aussi à formaliser les supports jalonnant la progression de l’apprenant (trames de retours réflexifs notamment), afin d’assurer une traçabilité irréprochable du parcours AFEST.
Enfin, il s’agira de faire en sorte que l’environnement de travail soit propice à l’apprentissage. En effet, l’AFEST est une formation in vivo : elle a lieu pendant et sur le lieu de travail. On validera notamment la disponibilité des machines ou services nécessaires, afin de ne pas retarder le programme de l’AFEST.
Étape 4 : la phase de réalisation
Cette quatrième phase est celle de l’opérationnelle : l’apprenant se forme et monte en compétences par le biais de l’AFEST.
On y retrouve trois dimensions : la partie pédagogique, la partie accompagnement et la partie évaluation. C’est le fruit de l’ensemble du travail réalisé lors des trois premières étapes.
L’AFEST est caractérisée par les phases de retours réflexifs, fondamentales pour la progression de l’apprenant. Il s’agit en fait de séances de débriefing, positionnées à l’issue des mises en situation réelle. Elles permettent à l’apprenant de prendre conscience de ce qu’il a bien fait et moins bien fait. L’objectif est qu’il puisse trouver, par lui-même, des solutions pour progresser.
Ces moments de réflexivité sont programmés autant que nécessaire, jusqu’à ce que l’apprenant considère être compétent. À ce moment-là, on pourra procéder à l’évaluation finale pour valider la progression observée entre le début du parcours et la fin. Preuve qu’il s’agit d’un dispositif de formation reconnu, on lui délivrera une attestation de fin de formation.
Étape 5 : la phase de bilan
Cette dernière étape est bien souvent délicate, car réalisée de manière confuse avec l’évaluation proposée en étape 4.
Le bilan n’est pas l’évaluation de l’apprenant, mais de l’impact de l’AFEST sur l’organisation du travail. On s’intéresse à ce que ce parcours de formation a permis de développer au sein de l’entreprise et de ses conditions de travail. On dressera une liste des bénéfices apportés, ainsi que des limites rencontrées, dans un processus d’amélioration continue.
D’une manière globale, l’AFEST permet de favoriser l’intégration, la fidélisation et la reconnaissance des apprenants, mais également des formateurs.
En conclusion
L’AFEST est bien une modalité de formation à part entière, pertinente quand les missions du collaborateur exigent des apprentissages opérationnels, qui ne se retrouvent pas dans les formations “classiques”.
Le formalisme imposé par l’AFEST la différencie de la formation sur le tas, à laquelle on l’assimile bien souvent.
On diffère également de la formation classique, car l’apprenant est l’acteur principal de son évolution. On le place dans la réalité et non dans des mises en situations fabriquées de toutes pièces.
Enfin, l’AFEST n’est pas une forme de tutorat amélioré. Le formateur ne montre pas et ne corrige pas directement l’apprenant, à la différence du tuteur. Il est là pour lui faire prendre du recul sur ses expériences.
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