Augmentations de salaire et avantages sociaux : le nerf de la guerre pour la rétention des talents ?
Si l’on a parlé énormément de l’importance du sens au travail, en 2023, il semble qu’un élément reste crucial pour les collaborateurs : le salaire. En période d’inflation, la rémunération est le critère numéro un pour quitter ou choisir une entreprise, malgré tout.
L’étude menée au printemps 2023 par Robert Half, intitulée « Ce que veulent les candidats », a révélé que le salaire demeure le principal critère de choix d’une entreprise pour les candidats. D’après cette enquête, 67% des sondés placent la rémunération en tête de leurs priorités lorsqu’ils choisissent une entreprise, loin devant l’équilibre travail-vie personnelle (36%) et la situation géographique (35%). De plus, dans un contexte d’inflation économique, 57% des participants expriment des attentes salariales plus élevées.
Les services RH et les managers se sont alors retrouvés en 2023 face à des salariés aux exigences salariales croissantes. Notamment en ce qui concerne les augmentations de salaires.
Selon une étude HelloWork, seuls 16% des salariés estiment être bien payés, 34% se disent dans la moyenne et 50% être en dessous des prix du marché. De ce fait, 66% des personnes interrogées annoncaient qu’elles allaient demander une augmentation en 2023.
Et selon un Baromètre de Benefiz et OpinionWay, 90% des salariés considèrent mériter une augmentation, compte tenu de la conjoncture actuelle. Même si le sujet reste tabou et opaque pour la majorité des personnes sondées.
Des demandes que les DRH ne peuvent malheureusement pas suivre selon l’enquête puisque seuls 5% des recruteurs sont prêts à accorder à leurs salariés une revalorisation de 8% et plus, quand 43% des salariés comptent demander une augmentation de 8% et plus.
Les départs sont alors inévitables puisque 88% des salariés disent qu’ils envisagent de chercher un emploi ailleurs si leur augmentation est refusée ou inférieure à leurs attentes.
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Autre enjeu important pour les services RH en 2023 : la gestion complexe du travail hybride.
Dans la deuxième édition de leur enquête sur le futur du travail, L’ANDRH (Association Nationale des DRH) et BCG soulignaient que le travail hybride était encore en hausse en 2023, avec 40% des sondés ayant ouvert des postes en télétravail ou envisageant de le faire.
Par ailleurs, 39% des participants s’attendent à ce qu’au moins la moitié de leur personnel éligible travaille depuis leur domicile au moins un jour par semaine d’ici 2025, ce qui représente une hausse de 8 points par rapport à 2020.
L’ANDRH met en lumière plusieurs ambiguïtés dans le Code du travail concernant l’application pratique du télétravail, notamment sur les frais de transport, le calcul du temps de travail et les normes du lieu de travail à domicile.
84% des DRH appellent à une réforme du Code du travail pour mieux gérer le temps de travail et définir la responsabilité de l’employeur en termes de santé et de sécurité.
En détail, les DRH jugent nécessaire de simplifier la section du Code du travail relative au télétravail et 55% souhaitent développer le concept de “responsabilité partagée” (à l’heure actuelle, l’employeur est seul responsable du respect des droits des salariés en télétravail).
Autre souci lié au télétravail : la déconnexion de certains salariés. Selon le rapport 2023 d’HubSpot sur le travail hybride, travailler hors du bureau semble renforcer les liens avec l’entreprise puisque 76% de ceux qui sont en full télétravail se sentent connectés à leur entreprise, contre 73% en flex et 66% au bureau. Mais seuls 34% des collaborateurs, quel que soit leur mode de travail, se sentent encore connectés à leurs collègues.
S’il est important pour les services RH de veiller à ce que les salariés restent “connectés” les uns aux autres, il est également apparu en 2023 que certains étaient trop connectés à leur travail.
En effet, les entreprises Cog’X et Lecko ont découvert via une étude que 20% des envois de mails se faisaient en dehors de la plage de travail “normale” de 09h-18h, démontrant ainsi une forte activité hors horaires et traduisant un travail en débordement important.
Les managers et RHs se doivent ainsi d’être particulièrement attentifs à l’hyperconnexion en ces temps de travail hybride. Notamment pendant les périodes de vacances. En effet, 2023 a vu apparaître le concept de workation (aussi appelé tracances ou bleisure), le travail pendant les vacances, de plus en plus répandu. Selon VVF et VVF Ingénierie, les actifs sont confrontés à une frontière floue entre vie privée et professionnelle.
Environ 64% déclarent que cette frontière est de plus en plus difficile à respecter, et 34% estiment qu’il est très difficile de ne pas travailler pendant les vacances. Même en vacances, deux tiers des Français pensent à leur travail, avec 32% prêts à travailler en cas d’urgence. L’absence de déconnexion pose alors des problèmes de santé mentale au travail auxquels les services RH ont dû être particulièrement attentifs.
IA et RH : comment gérer le changement ?
Une technologie a fortement bouleversé le monde du travail en 2022 : l’Intelligence Artificielle. L’IA fait peur aux collaborateurs et les services RH se doivent de rassurer les équipes.
Le baromètre international “Transformations, Compétences et Learning” du Groupe CEGOS a dévoilé que les services RH étaient globalement très conscients des risques de l’IA en entreprise. Ils sont en phases avec les salariés français :
- 68% d’entre eux (vs 74% à l’échelle internationale) pensent en effet que les enjeux de transformation actuels (technologiques, climatiques, sociétaux…) vont modifier le contenu de leur travail et 25% (vs 30% au global) craignent même de voir leur métier disparaître.
- Cette appréhension est plus prononcée parmi les ouvriers (39% à l’international et 31% en France).
- Quatre salariés sur dix (28% en France) admettent même se sentir dépassés par la technologie, une tendance en nette augmentation tant au niveau international (+8 points par rapport à 2022) qu’en France (+7 points).
- Ce sentiment est particulièrement marqué dans les entreprises de 50 à 499 collaborateurs (33%) et dans le secteur public (35%).
Selon l’enquête, l’IA et l’utilisation des données sont en tête de liste de leurs préoccupations, citées par 48% d’entre eux (33% en France).
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RSE : répondre aux nouveaux besoins des salariés
Un récent sondage de Kelio, mené par OpinionWay, a révélé l’importance de la RSE dans les ressources humaines. Selon cette étude, 83% des personnes interrogées valorisent les engagements RSE d’une entreprise. Les responsables RH reconnaissent également cette tendance chez les candidats potentiels.
La RSE, incluant l’engagement environnemental, est cruciale pour 69% des salariés. Bien qu’elle ne soit pas le principal critère de choix d’emploi, la RSE augmente l’attrait d’une entreprise. En effet, 77% des employés pensent qu’une entreprise engagée en RSE se distingue positivement.
Cette vision est partagée par 83% des responsables RH. Pourtant, un écart se dessine dans la communication. Alors que 75% des salariés recherchent activement des informations sur la RSE, 47% des responsables RH omettent de mettre cette dimension en avant dans leurs offres d’emploi.
Dans un contexte de pénurie de talents, mettre en avant la RSE pourrait être bénéfique pour les entreprises. L’étude a alors mis en exergue un manque de communication en RSE dans les ressources humaines.
80% des responsables RH pensent communiquer suffisamment sur la RSE, mais seulement 48% des salariés perçoivent cette communication et 25% la jugent insuffisante.
Inclusion, diversité… Comment optimiser l’ouverture de l’entreprise ?
Alors que la génération Z pourrait quitter une entreprise qui ne partage pas ses valeurs, selon toutes les études partagées sur le sujet en 2023, les services RH ont dû faire face à de nombreuses problématiques autour du genre, de l’inclusion, de la diversité, des inégalités hommes-femmes… Des enjeux de plus en plus importants pour tous les salariés, désormais.
Du côté des inégalités hommes femmes, une étude de Capterra démontre que cela touche un peu tous les pans de la vie en entreprise : dans le domaine du recrutement, les hommes semblent avoir plus d’opportunités de poursuivre des processus de sélection pour des postes à responsabilité.
Concernant les promotions, les disparités sont aussi présentes : 65% des hommes contre 53% des femmes ont reçu une promotion. Par ailleurs, 35% des hommes contre 47% des femmes n’ont jamais demandé ou reçu de promotion.
Quant à l’égalité salariale, bien que 53% du panel considère que le sujet de l’égalité salariale est abordé ouvertement, cette perception diffère entre les hommes (58%) et les femmes (48%), avec 33% des répondants déplorant un manque de transparence.
Le guide de Cali et Gali sur les violences sexistes au travail, quant à lui, a dévoilé des chiffres accablants :
- 80% des femmes déclarent être victimes d’agissements sexistes au travail.
- 1 femme sur 3 a déjà subi du harcèlement sexuel dans le cadre professionnel.
- Près d’une femme sur deux a déjà vu sa capacité à manager une équipe disqualifiée en raison de son genre.
- Et plus d’une femme sur deux a été limitée dans son évolution professionnelle en raison de son genre.
Concernant l’inclusion des personnes transgenres et non binaires en entreprise, il reste aussi beaucoup à faire et les services RH sont en première ligne.
Selon l’étude menée par le Boston Consulting Group, en partenariat avec Harvard Business Review et têtu•connect, en France, seules 9% des personnes transgenres et non binaires déclarent leur identité au travail. Comparé à huit pays étudiés, la France est dernière, dix points en dessous de la moyenne.
Plus de 80% des employés transgenres et non binaires ont vécu des expériences négatives liées à leur identité. 43% signalent du harcèlement sexuel, et 47% se sentent rejetées par leurs collègues
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Santé Mentale : les RHs fortement touchés
Face à un monde du travail en perpétuel mouvement, à des problématiques importantes, notamment en ce qui concerne l’engagement des salariés, les exigences des directions, la rétention des talents, les services RH sont constamment sollicités.
Une enquête QBE a révélé qu’en 2023, la Gestion des Ressources Humaines inquiètait les dirigeants d’entreprise. En effet, ce point est devenu une priorité majeure, se positionnant dans le Top 5 avec une augmentation de 12 points (52%).
Presque un dirigeant sur deux craint une diminution de l’enthousiasme de ses collaborateurs, et 46% anticipent une augmentation des départs volontaires.
Face aux problèmes de santé mentale en entreprise à gérer, les services RH sont souvent les premiers à souffrir.
Selon le dernier sondage d’Empreinte Humaine les chiffres sont encore plus alarmants, notamment pour les responsables RH :
- La santé mentale des employés français reste très dégradée, car 44% d’entre eux sont en situation de détresse psychologique
- La proportion de salariés qui présentent à la fois des symptômes de dépression et d’épuisement, est en hausse de 3 points par rapport à juin 2022.
- Les professionnels des ressources humaines étaient 64% en 2022 à être en situation de détresse psychologique, 63% en situation de burn-out, dont 34% de burn-out sévère.
- Près de 4 managers sur 10 sont également victimes d’un burn-out sévère.