Blocage du 10 septembre : est-ce considéré comme une journée de grève ?

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Le blocage du 10 septembre va imposer quelques ajustements au sein des entreprises. Concernant les salariés absents, cette absence peut-elle être justifiée par le droit de grève ?

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Quand un blocage peut-il être qualifié de grève ?

Le 10 septembre s’annonce comme une mobilisation hors norme, mêlant appels syndicaux, collectifs citoyens et soutiens politiques.

La CGT a ouvertement appelé à la grève dans plusieurs secteurs, mais le mouvement « Bloquons tout » dépasse largement le cadre syndical. 

Pour les directions d’entreprise, cette pluralité d’acteurs soulève une incertitude : faut-il assimiler cette journée à une grève ou à un simple blocage politique ?

En droit, la grève est un arrêt de travail collectif et concerté. Elle doit avoir pour objectif des revendications professionnelles, ce qui la distingue d’un mouvement à visée purement politique.

La jurisprudence rappelle que la protection attachée au droit de grève ne s’applique pas si les revendications ne concernent pas directement les conditions de travail, les salaires ou l’organisation de l’emploi.

Un salarié seul peut néanmoins se déclarer gréviste s’il répond à un appel national. C’est une exception importante, car elle permet de sécuriser juridiquement des arrêts isolés dans une entreprise.

Mais attention : la cessation du travail doit être complète. Une grève perlée ou un ralentissement volontaire de l’activité ne sont pas considérés comme licites.

Le mouvement du 10 septembre illustre cette complexité. Certains syndicats défendent des revendications liées aux salaires et à la protection des services publics, ce qui relève du droit de grève.

Mais une partie de la mobilisation repose sur des motifs politiques plus larges, comme l’opposition au plan budgétaire du gouvernement.

La frontière entre mouvement citoyen et grève encadrée par le Code du travail sera donc scrutée avec attention.

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Les conséquences de cette journée ne seront pas identiques pour les salariés du secteur privé et ceux du secteur public.

Dans le privé, aucun préavis de grève n’est exigé. Un salarié peut se déclarer gréviste le jour même, sans formalité préalable, tant que ses revendications professionnelles sont exprimées. 

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Son absence est alors licite, mais elle entraîne une retenue de salaire équivalente à la durée de l’arrêt.

Dans le public, le régime est plus strict. Un préavis doit être déposé cinq jours francs avant le début du mouvement, notamment dans la fonction publique d’État, hospitalière et territoriale.

C’est également le cas dans certaines entreprises de service public comme la SNCF ou la RATP.

Sans ce préavis, la grève n’est pas licite et les absences peuvent être requalifiées en manquements. Cette distinction est essentielle pour les RH, qui doivent vérifier la validité du cadre légal avant de trancher.

Un autre point important concerne les absences liées aux blocages extérieurs. Le 10 septembre, des barrages routiers, fermetures de dépôts et perturbations de transport sont annoncés.

Si un salarié ne peut rejoindre son poste en raison de ces obstacles, il ne bénéficie pas automatiquement de la protection du droit de grève.

Il doit informer son employeur dans les plus brefs délais, fournir si possible une preuve objective (avis de transport, communiqué officiel) et envisager des alternatives comme le télétravail ou la pose d’un jour de congé.

Pour les services RH, cette journée sera un test de réactivité et d’équité.

Les absences doivent être traitées avec cohérence, en distinguant clairement trois situations : le gréviste déclaré dans un cadre licite, le salarié empêché pour des raisons matérielles indépendantes de sa volonté, et l’absence non justifiée.

Cette distinction doit être rappelée en amont par une communication interne claire, afin de limiter les tensions et d’éviter les contentieux.

Avec plus de 100 000 personnes attendues, le blocage du 10 septembre ne sera pas une mobilisation classique.

Pour les employeurs, l’enjeu ne consiste pas seulement à appliquer la règle de droit, mais aussi à maintenir un dialogue social ouvert, pour traverser cet épisode sans fragiliser la relation de confiance avec les salariés.

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