Sujet assez tabou en entreprise, la santé mentale des salariés est pourtant l’un des enjeux majeurs d’une meilleure QVT (et donc du travail des services RH) en 2022, surtout après les deux années de crise sanitaire subies par les salariés. Les derniers chiffres de diverses études convergent en effet vers les mêmes conclusions : les cas de burn-out et d’addictions augmentent, les télétravailleurs se sentent seuls et les salariés aimeraient une meilleure écoute autour des risques de mal-être. Et les services des ressources humaines sont particulièrement touchés.
Des burn-out et des addictions en hausse
Le burn-out est, on le sait, un syndrome qui touche de plus en plus de travailleurs. L’épuisement professionnel est à la fois physique et psychologique, D’après un sondage OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine d’octobre 2021, le taux de burn-out dans les entreprises a doublé en un an. En 2021, 2 millions de personnes étaient concernées et 44% des salariés étaient en détresse psychologique.
Mais le dernier sondage de Mars 2022 Empreinte Humaine offre à voir des chiffres encore plus alarmants, notamment pour les responsables RH :
- 2,5 millions de salariés sont en état de burn-out sévère.
- Soit 34% des salariés.
- Les professionnels des ressources humaines sont 64 % à être en situation de détresse psychologique, 63 % en situation de burn-out, dont 34 % de burn-out sévère.
Près de 4 managers sur 10 sont également victimes d’un burn-out sévère. Et les cas de burn-out sévères ont grimpé de 25% entre mai et octobre 2021. Les experts craignaient alors que la situation n’empire en 2022 et c’est le cas puisque 44% des managers sont en détresse psychologique.
Plus de 3 salariés français sur 10 étaient en détresse psychologique (burn-out) en octobre dernier.
Du côté des addictions aussi, la crise sanitaire semble avoir empiré la situation. Interrogés par l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), les médecins du travail, infirmiers, psychologues et ergonomes qui interviennent en entreprise affinement, pour près des deux tiers d’entre eux, que la consommation d’alcool et de cannabis est “répandue” au travail.
Les médecins du travail évaluent à 8,6% la proportion de salariés en difficulté avec l’alcool (chiffre stable par rapport à l’enquête de 2009). L’addiction au cannabis serait en hausse : 7% des salariés, soit deux points de plus qu’en 2009. Selon une récente enquête d’Odoxa, ce serait le télétravail qui pourrait favoriser ces addictions (car moins visibles) : 41% des salariés et 47% des managers estiment que les addictions sont plus fréquentes en télétravail.
Le télétravail : une pratique qui a aggravé la détresse et la solitude de certains salariés
Si le télétravail a permis de cacher certaines addictions, il aurait également aggravé la détresse et le sentiment de solitude de certains salariés. Dans une récente enquête de la DARES sur la réalité du télétravail, l’on apprenait que les femmes étaient particulièrement touchées par les tensions liées au télétravail. Et que la catégorie des plus vulnérables (17% des télétravailleurs), avaient ressenti des troubles du sommeil et musculo-squelettiques ainsi que des symptômes dépressifs (pour 37% du groupe contre seulement 23% pour l’ensemble des salariés) depuis qu’ils ont dû se mettre au télétravail.
Selon une étude IFOP de janvier 2022 pour l’association Astrée sur la solitude en 2022, il semble que “les ressentis liés à la solitude des français continuent d’augmenter pour atteindre 19% de la population soit 10 millions de français”. Et ce sont les télétravailleurs qui sont le plus concernés : 34% des sondés pratiquant le télétravail au moins trois jours dans la semaine se sentent toujours ou souvent seuls (+ 15 points par rapport à l’ensemble de la population française). Et plus d’un tiers des télétravailleurs se dit en situation de burn-out.
Prise en compte et écoute de l’entreprise : des salariés qui se sentent bien seuls
Face à l’aggravation de ces risques psychosociaux, comment se positionnent l’entreprise et les services DRH ? Pas assez à l’écoute de leurs salariés, à ce qu’il semblerait.
Selon une étude My Happy Job de Septembre dernier, 43 % des salariés estiment que leur entreprise ne prend pas assez en compte les situations de souffrance psychologique vécues par leurs salariés. Cette tendance est plus marquée dans les petites entreprises : 45 % dans les entreprises de moins de 250 salariés contre 34 % pour les entreprises de plus de 1 000 salariés.
Et selon une étude Indeed d’avril 2021, 64% des salariés français n’avaient pas eu l’occasion de parler régulièrement de leur bien-être avec leur manager depuis le début de la crise sanitaire.
Anticiper 2025 : enjeux et recommandations
Quels seront les enjeux clés pour redéfinir les priorités RH en 2025 ? Dans un guide interactif réalisé par notre partenaire Lucca, la DRH de Lucca et 3 experts décryptent les 5 enjeux les plus structurants auxquels les professionnels des ressources humaines devront faire face en 2025 : transparence des salaires, augmentation de l’utilisation des données, optimisation des processus de recrutement... Ils livrent leurs recommandations concrètes pour poser les piliers d’une stratégie RH en adéquation avec les objectifs de votre entreprise.
J’accède au contenuDu côté des initiatives positives en la matière, le gouvernement a annoncé début mars le lancement d’une offre de formation au “secourisme en santé mentale” au sein de la fonction publique, pour développer une “culture de la prévention” et “lutter contre la stigmatisation des troubles psychiques”. Et de plus en plus d’entreprises et de services RH proposent à leurs managers et employés des formations de “premiers secours en santé mentale”.