15 jours d’arrêts maladie max : pourquoi les salariés sont inquiets ?

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Le gouvernement Lecornu continue d’égrainer ses propositions pour le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026. Et de nombreuses concernent les salariés. Comme cette prévision de limiter les arrêts de travail à 15 jours maximum.

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Un encadrement de la durée des arrêts de travail pour maîtriser la dépense publique

Dans son projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, le gouvernement veut limiter le premier arrêt de travail à 15 jours maximum. 

Une mesure qui s’appliquerait aux arrêts prescrits en médecine de ville, et jusqu’à un mois en cas d’hospitalisation. Au-delà, le salarié devrait consulter à nouveau son médecin pour une éventuelle prolongation.

Cette décision s’inscrit dans une stratégie de réduction des dépenses d’indemnités journalières. Selon un récent le rapport de Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES), celles-ci ont augmenté de 28,9 % entre 2010 et 2019, puis de 27,9 % entre 2019 et 2023. 

En 2024, elles ont atteint 11,3 milliards d’euros pour les salariés du privé et les contractuels de la fonction publique. Le gouvernement estime cette hausse « non soutenable » et veut « retrouver la maîtrise » des arrêts de travail.

Le ministère de la Santé justifie la réforme par un objectif de « suivi médical plus régulier ». Pour l’exécutif, limiter la durée initiale des arrêts de travail permettrait d’éviter les prescriptions longues sans réévaluation. 

Le gouvernement met aussi en avant une meilleure mobilisation des employeurs pour prévenir la désinsertion professionnelle. Mais derrière cet argument, beaucoup y voient avant tout une logique budgétaire.

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Une mesure jugée déconnectée du terrain par les médecins et les salariés

L’annonce a provoqué une levée de boucliers dans les milieux médicaux. « Les médecins et les patients ne sont pas des escrocs », a dénoncé le Dr Jérôme Marty, président de l’Union des syndicats de médecine libérale, dans Le Point. 

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Selon lui, un arrêt de travail de 15 jours maximum ne correspond pas à la réalité des pathologies. Une dépression au travail nécessite souvent 30 jours d’arrêt, une fracture du fémur plutôt 45. Chaque cas est unique, rappelle-t-il.

Pire, la mesure risquerait même d’alourdir le système de santé. Les consultations de renouvellement d’arrêts de travail deviendraient plus fréquentes, dans un contexte déjà tendu d’accès aux soins. 

Les associations de patients, elles, redoutent une culpabilisation accrue des salariés. La hausse des arrêts de travail traduisant surtout une dégradation de la santé des actifs, marquée par les troubles psychiques, les lombalgies et le stress professionnel.

La DREES le confirme : les arrêts de travail courts, inférieurs à huit jours, représentent la moitié des cas mais seulement 4 % de la dépense totale. Ce sont les arrêts longs, au-delà de six mois, qui pèsent le plus. 

Or, ces situations relèvent souvent de maladies graves ou professionnelles, comme les cancers ou les troubles musculosquelettiques. Limiter la durée initiale des arrêts à 15 jours ne réglerait donc pas la source du problème.

Pour beaucoup, cette réforme risque d’aggraver la fracture entre les réalités médicales et les objectifs budgétaires.

Les salariés pourraient être contraints de reprendre le travail trop tôt, au risque de rechutes. Et les médecins, déjà sous pression, de multiplier les certificats pour respecter un cadre administratif éloigné de leur mission première : soigner.

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