Arrêt maladie de complaisance : un huissier peut-il être mandaté ?

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Les arrêts maladie semblent être de plus en plus importants. Et la suspicion d’arrêts maladie de complaisance peut susciter des tensions au sein de l’entreprise. Mais jusqu’où peut-on alors aller pour vérifier la véracité d’un arrêt ?

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L’absentéisme explose : les arrêts maladie de complaisance dans le viseur

Depuis la crise sanitaire, l’absentéisme ne cesse de progresser dans les entreprises françaises. Selon une vaste enquête menée par Axa auprès de plus de 3 millions de salariés – soit 15 % des travailleurs du privé –, l’absentéisme a bondi de 41 % depuis 2019. En 2024, le taux d’absentéisme a atteint 4,5 %, contre 4,2 % en 2023.

En parallèle, le coût des absences devient difficile à absorber pour de nombreuses structures. Entre le maintien de salaire, la désorganisation des équipes et les remplacements temporaires, une entreprise débourse en moyenne 800 € par salarié et par an.

Face à cette pression économique, certaines choisissent de lutter plus activement contre les arrêts maladie de complaisance.

C’est dans ce contexte que se généralise une pratique jusque-là rare : faire appel à un commissaire de justice – anciennement huissier – pour vérifier la présence du salarié à son domicile durant l’arrêt. En cas d’absence injustifiée, l’employeur peut cesser de verser le complément de salaire. Mais cette démarche, à forte portée symbolique, ne se fait pas à la légère.

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La contre-visite administrative : un outil encadré contre l’arrêt maladie de complaisance

La loi autorise l’employeur à vérifier qu’un salarié en arrêt respecte bien les règles déclarées. Si le médecin traitant autorise des sorties, le salarié doit indiquer une adresse de repos et les créneaux horaires durant lesquels une visite est possible. Sans ces informations, l’entreprise est en droit de demander une contre-visite.

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Olivier Garand, directeur du pôle Accidents du travail / maladies professionnelles du cabinet Spartes, observe une hausse nette du recours à ces contrôles :

Dans deux cas sur trois, le salarié est absent lors de la visite. Cela permet à l’employeur de ne pas verser le complément de salaire, mais surtout de marquer un coup d’arrêt symbolique à une situation jugée abusive.

La visite s’effectue sans prévenir. Le commissaire de justice laisse une trace de son passage et transmet un compte-rendu. Cette procédure ne remplace pas la contre-visite médicale, qui reste la voie prioritaire.

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Mais lorsque celle-ci échoue ou tarde à produire des effets, la contre-visite administrative devient un recours dissuasif.

Pour autant, elle ne doit jamais devenir un réflexe de gestion. Comme le souligne Olivier Garand : “Faire appel à un commissaire de justice doit rester un acte exceptionnel, et ne peut devenir une méthode de management. Cette démarche doit s’accompagner d’une communication claire, pédagogique, et respectueuse des droits de chacun.”


Le contrôle des arrêts maladie de complaisance doit ainsi s’intégrer dans une politique RH cohérente, qui privilégie le dialogue, la prévention et la responsabilisation. Car si la loi permet de vérifier, elle ne dispense pas de construire une relation de confiance.

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