La réduction générale des cotisations patronales, couramment appelée “réduction Fillon”, permet aux employeurs de diminuer le coût du travail sous la forme d’une réduction dégressive de cotisations patronales.
En 2026, une réforme de la réduction générale des cotisations patronales a été introduite par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, à la suite de la suppression des taux réduits des cotisations patronales d’assurance maladie et d’allocations familiales.
Cette nouvelle mouture de la réduction Fillon présente un champ d’application élargi concernant les rémunérations éligibles, avec une pente de dégressivité plus progressive afin de ne pas freiner la revalorisation des salaires.
Dans cet article, nous vous proposons de faire le point sur le calcul de la nouvelle réduction générale de cotisations patronales en 2026.
Dans l’attente des informations définitives pour 2026, nous revenons dans cet article sur les règles de calcul en vigueur en 2025.
Qu’est ce que la réduction Fillon ?
La réduction générale de cotisations patronales, renommée réduction générale dégressive unique (RGDU) en 2026, consiste en un dispositif de réduction dégressive de cotisations patronales pour les salariés ne dépassant pas un certain niveau de rémunération.
Mais qui est concerné par cette réduction ? Et quelle est le niveau de rémunération éligible ?
La réduction générale de cotisations patronales (RGDU) : Définition !
La réduction Fillon correspond à une diminution progressive des cotisations patronales applicable aux salariés dont la rémunération brute ne dépasse pas 3 fois le SMIC.
Ce seuil correspond à un montant annuel de 64 864,80 euros (valeur en vigueur en 2025 dans l’attente de la publication du SMIC 2026) pour un salarié à temps plein présent sur toute l’année.
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Je téléchargeÀ la différence d’une exonération fixe, cette réduction est proportionnelle à la rémunération : elle atteint son maximum pour un salarié payé au SMIC, puis décroît au fur et à mesure que le salaire augmente, jusqu’à devenir nulle dès lors que la rémunération atteint 3 fois le SMIC.
Toutefois, la nouvelle formule 2026 intègre un coefficient de puissance ainsi qu’un taux d’exonération minimal (Tmin) afin de créer une pente de dégressivité plus douce et ne pas freine les augmentations des bas salaires.
Qui bénéficie de la réduction Fillon en 2026 ?
La réduction Fillon ne s’adresse pas uniquement aux employeurs du secteur privé : certains établissements publics peuvent également en bénéficier. En 2026, les catégories d’employeurs éligibles sont les suivantes :
- Entreprises privées : Toutes les structures privées, quelque soit l’effectif, TPE ou grande multinationale.
- Entités publiques relevant du régime privé : Les établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC) ou les sociétés d’économie mixte peuvent également en bénéficier, sous réserve qu’ils relèvent du régime général de Sécurité Sociale.
- Employeurs affiliés à l’assurance chômage : L’adhésion à un régime d’assurance chômage demeure une condition indispensable. Certaines entités publiques, non soumises à cette obligation, restent donc exclues du dispositif.
Quels salariés sont éligibles à la réduction ?
La réduction générale peut s’appliquer aux salariés répondant aux conditions cumulatives suivantes :
- Rémunération brute inférieure à 3 fois le SMIC : La réduction s’applique aux salariés dont la rémunération brute ne dépasse pas 3 fois le SMIC. Elle est maximale au niveau du SMIC et devient nulle une fois ce seuil dépassé.
- Présence d’un contrat de travail : Seuls les salariés titulaires d’un contrat de travail sont concernés. Les stagiaires, mandataires sociaux et dirigeants non liés par un contrat de travail en sont exclus.
Comment calculer la réduction Fillon en 2026 ?
La réduction Fillon dépend de plusieurs paramètres : la rémunération du salarié, la valeur du SMIC et le taux de cotisations pris en compte.
Quelle est la formule de calcul de la réduction générale en 2026 ?
La formule de calcul de la réduction générale dégressive unique applicable à compter du 1er janvier 2026 est la suivante :
C = Tmin + ( Tdelta × [ (1/2) × (3 × ( SMIC calculé pour un an + (SMIC horaire × nombre d’heures supplémentaires ou complémentaires) ) / rémunération annuelle brute – 1) ] P
Tmin = Taux minimal d’exonération soit 2%
Tdelta = Différence entre le taux maximal d’exonération et le Tmin
P = 1,75
Une fois ce coefficient C calculé, il est multiplié par la rémunération brute mensuelle du salarié pour obtenir le montant de la réduction applicable.
Dans cet exemple, il est pris en compte le SMIC et la fraction AT/MP en vigueur en 2025, dans l’attente de la publication des nouveaux paramètres applicables en 2026.
Exemple :
- Rémunération brute annuelle : 24 000 €
- Tmin = 0,02
- Tdelta = 0,3813
- Le salarié est présent tout le mois, sans heures supplémentaires
Étape 1 : Calcul du coefficient C
C = 0,02 + (0,3813 X [(1/2) X (64 864,80 / 24 000) -1]1,75 = 0,3077
Étape 2 : Calcul du montant de la réduction
Réduction générale = 24 000 € X 0,3077 = 7 385,06 €
Quelle est la rémunération brute à retenir ?
Il s’agit de la rémunération soumise à cotisations de sécurité sociale, incluant l’ensemble des éléments constituant la rémunération brute.
Depuis le 1er janvier 2025, la prime de partage de la valeur (PPV), qu’elle soit versée immédiatement ou placée sur un plan d’épargne salariale, doit être incluse dans la rémunération brute retenue pour le calcul de la réduction Fillon.
Elle est donc intégrée à la fois dans la formule de calcul et dans la rémunération servant de base au calcul de la réduction.
Quel est le taux de la réduction générale dégressive unique (RGDU) en 2026 ?
Le paramètre TDelta est déterminé en fonction du taux maximal d’exonération entrant dans le calcul de la RGDU. Ce taux dépend de la taille de l’entreprise et des taux de cotisations en vigueur.
Dans l’attente de la publication de la fraction AT/MP pris en compte pour 2026, voici les taux maximaux compte tenu de la fraction AT/MP en vigueur en 2025. Ainsi le paramètre Tdelta est amené à évoluer en 2026.
Entreprises de moins de 50 salariés | Entreprises de 50 salariés ou plus | |
Maladie | 13% | 13% |
Vieillesse plafonnée | 8,55% | 8,55% |
Vieillesse déplafonnée | 2,02% | 2,02% |
Cotisation allocations familiales | 5,25% | 5,25% |
Fraction cotisation AT/MP | 0,50%(1) | 0,50%(1) |
FNAL | 0,10% | 0,50% |
Contribution Solidarité Autonomie | 0,30% | 0,30% |
Retraite AGIRC/ARRCO + CEG (Contribution d’équilibre Générale) | 6,01% (2) | 6,01% (2) |
Assurance chômage | 4% | 4% |
Total | 39,73% | 40,13% |
(2) Ou taux dérogatoire, le cas échéant, dans la limite de 6,01%.
Voici les paramètres T à intégrer dans la formule de calcul en 2026 :
Paramètre T | Entreprises de moins de 50 salariés | Entreprises de 50 salariés ou plus |
---|---|---|
Tmin | 0,02 | 0,02 |
Tdelta | 0,3773 | 0,3813 |
Réduction Fillon : Calculer la valeur du SMIC
Le SMIC constitue un paramètre essentiel dans le calcul de la RGDU. C’est également la variable de la formule de calcul la plus complexe à calculer car elle doit être ajustée en fonction de la situation du salarié et de son temps de travail.
Dans l’attente de la publication du SMIC en 2026, les exemples suivants sont calculés avec la valeur du SMIC en vigueur en 2025.
Pour un salarié à temps plein sans heures supplémentaires et sans absence non rémunérée en cours de mois, le SMIC à prendre en compte pour le calcul de la réduction est le suivant :
Période de référence | Montant du SMIC brut |
---|---|
Mensuel | 1 801,80 € |
Annuel | 21 621,60 € |
Salariés à temps partiel
Pour les salariés à temps partiel, la valeur du SMIC doit être ajustée proportionnellement au nombre d’heures réellement travaillées. La formule de calcul à appliquer est la suivante :
SMIC mensuel / 151,67 × nombre d’heures contractuelles
Exemple : Un salarié à temps partiel travaille 28 heures par semaine, soit 121,33 heures par mois. Le SMIC mensuel de référence étant de 1 801,80 €, le SMIC proratisé sera :
(1 801,80 € / 151,67) × 121,33 = 1 441,37 €
Heures supplémentaires et complémentaires
Lorsque le salarié effectue des heures supplémentaires (ou complémentaires s’il est à temps partiel), la valeur du SMIC doit être ajustée à la hausse. Dans ce cas, il convient de prendre en compte l’intégralité de la durée rémunérée. La formule applicable est :
SMIC horaire × (durée contractuelle mensuelle + heures supplémentaires ou complémentaires)
Exemple : Un salarié à temps plein effectue 5 heures supplémentaires sur le mois. La valeur du SMIC ajustée est :
11,88 € × (151,67 + 5) = 1 861,20 €
Absence en cours de mois
Lorsqu’un salarié est absent sur une partie du mois (maladie non rémunérée, congé sans solde, etc.), le SMIC de référence doit être ajusté pour tenir compte du temps effectivement travaillé.
La formule à appliquer est la suivante :
SMIC mensuel × (rémunération brute perçue / rémunération théorique pour un mois complet)
Attention : les éléments de rémunération qui ne sont pas affectés par l’absence (comme une prime forfaitaire versée intégralement) doivent être exclus à la fois de la rémunération perçue et de la rémunération théorique.
Le décret instaurant le nouveau calcul de la réduction a apporté des précisions sur la notion d’élément de rémunération affecté par l’absence et donc à intégrer dans le calcul de la proratisation.
Ainsi, un élément de rémunération est considéré affecté par l’absence en cas de proratisation strictement proportionnelle au temps d’absence sur le mois.
Afin d’aider les employeurs à bien calculer la valeur du SMIC en cas d’absence sur le mois, le GIP-MDS a mis en ligne la fiche 2681 dans la base de connaissance DSN.
Cette fiche apporte des exemples concrets d’éléments non affectés par l’absence ainsi qu’un outil (arbre de décision) afin de bien déterminer les éléments de paie à prendre en compte ou non dans le calcul du SMIC.
Exemple : Un salarié est en congé sans solde pendant une partie du mois. Sa rémunération habituelle pour un mois complet est de 2 000 €, mais il ne perçoit que 800 € ce mois-là. Parmi ces 800 €, une prime forfaitaire de 100 € est versée intégralement et n’est pas affectée par son absence.
Dans ce cas, il convient de retirer cette prime des deux montants pour ne conserver que les éléments variables selon la présence :
- Rémunération perçue ajustée : 800 € – 100 € = 700 €
- Rémunération théorique ajustée : 2 000 € – 100 € = 1 900 €
Le SMIC ajusté pour ce mois sera donc : SMIC mensuel × (700 / 1 900)
1 801,80 € × (700 / 1 900) = 663,82 €
Entrée/sortie
Le principe est identique à celui appliqué en cas d’absence en cours de mois. Lorsqu’un salarié entre ou quitte l’entreprise en cours de mois, le SMIC de référence doit être ajusté en proportion du temps réellement travaillé.
La formule est donc la même :
SMIC mensuel × (rémunération brute perçue / rémunération théorique pour un mois complet)
Comme pour les absences, les éléments de paie non impactés par la présence effective doivent être exclus de la rémunération prise en compte dans le calcul.
Historique de la réduction Fillon
Voici l’historique du paramétrage paie de la réduction générale de cotisations patronales des 3 dernières années :
Paramètre T | SMIC annuel | 1,6 SMIC | |
Du 1er mai au 31 décembre 2025 | 0,3193 ou 0,3233* | 14 414,40 | 23 063,04 |
Du 1er janvier au 30 avril 2025 | 0,3194 ou 0,3234* | 7 207,20 | 11 531,52 |
2024 | 0,3194 ou 0,3234* | 21 272,80 | 34 036,48 |
2023 | 0,3191 ou 0,3231* | 20 814,73 | 33 303,57 |
*En fonction de l’effectif de l’entreprise (taux FNAL)