Ā« Sauf abus rĆ©sultant de propos injurieux, diffamatoires ou excessifs, le salariĆ© jouit, dans l’entreprise et en dehors de celle-ci, de sa libertĆ© d’expression Ć laquelle seules des restrictions justifiĆ©es par la nature de la tĆ¢che Ć accomplir et proportionnĆ©es au but recherchĆ© peuvent ĆŖtre apportĆ©es. Ā» C’est ce qu’a rappelĆ© la Cour de cassation dans un arrĆŖt du 24 novembre dernier.
Un salariĆ© peut donc, dans une certaine mesure, adresser des reproches Ć son employeur sans qu’il s’agisse d’une faute pouvant conduire Ć un licenciement. L’affaire concerne une chargĆ©e de mission ressources humaines embauchĆ©e en CDI Ć temps partiel par une association, et finalement licenciĆ©e pour faute grave.
Celle-ci avait, Ć l’Ć©poque des faits, contestĆ© sa rĆ©munĆ©ration en demandant Ć son employeur des rappels de salaires au titre d’heures complĆ©mentaires accomplies et des congĆ©s payĆ©s affĆ©rents. Et ce, par le biais de plusieurs courriers recommandĆ©s ou courriels.
Termes neutres et modƩrƩs
Ā« S’agissant d’heures de travail demandĆ©es implicitement par l’employeur, effectivement rĆ©alisĆ©es, et qui vont de surcroĆ®t certainement donner lieu Ć paiement par le client, le refus de me rĆ©munĆ©rer constitue Ć mon sens une faute grave de votre part Ā», expliquait-elle alors.
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Je tĆ©lĆ©charge les 8 fichesEt d’enfoncer le clou : Ā« Mon courrier [..] est restĆ© sans rĆ©ponse de votre part… Je ne comprends pas vos agissements sauf Ć maintenir Ć mon Ć©gard une volontĆ© de harcĆØlement et de nuisances dans la rĆ©alisation de la mission… Ā».
Pour cette salariĆ©e, les choses Ć©taient claires : Ā« Tout a Ć©tĆ© mis en Åuvre par vos soins pour dĆ©grader nos relations de travail et de confiance, pour me mettre devant le fait accompli, pour ne pas respecter nos liens contractuels, pour rompre toute communication et nuire Ć la bonne rĆ©alisation de la mission […].
Ces pressions, mises Ć l’Ć©cart, dĆ©cisions unilatĆ©rales violent mes droits, dĆ©gradent mes conditions de travail et atteignent gravement Ć ma santĆ© […] Ā».
Pas d’intention de nuire
Des propos excessifs justifiant un licenciement pour faute grave ? Pas pour la Cour de cassation, en tout cas. L’exercice de la libertĆ© d’expression, souligne la Haute Juridiction, ne Ā« constitue un abus caractĆ©risant une faute grave qu’en cas d’intention de nuire Ć l’employeur, de malveillance Ć son encontre ou de trouble caractĆ©risĆ© au sein de l’entreprise Ā».
Or, les courriers de la plaignante se limitaient Ć Ā« l’Ć©vocation, en des termes neutres et modĆ©rĆ©s auprĆØs de l’employeur, de l’altĆ©ration de la relation contractuelle et des manquements aux obligations contractuelles et Ć l’exĆ©cution de bonne foi du contrat de travail, sans autre diffusion ni publicitĆ© et sans rĆ©percussion au sein de l’entreprise Ā».