Prendre soin des professionnels RH : un impératif stratégique en 2024 !

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Les professionnels RH veillent au bien-être des salariés… Mais qui veille sur eux ?

Cette interrogation, cruciale et récurrente depuis quatre années consécutives, se pose une fois de plus à la lumière des résultats 2024 de l’enquête « Professionnels RH, comment allez-vous ? », publiée cette semaine par GERESO.

Des professionnels RH au bord de la rupture ?

Les conclusions de ce baromètre annuel dévoilent en effet une situation alarmante : les professionnels RH voient leur charge de travail augmenter constamment (56% des RH ont travaillé plus ou beaucoup plus cette année que l’année précédente, et en 2022 ils avaient déjà travailé davantage qu’en 2021) et ils subissent un stress important (86% des répondants ont ressenti du stress au travail en 2023)

À tel point que beaucoup de professionnels RH s’estiment au bord de la rupture ! 48% des répondants à l’enquête se disent en effet épuisés, même si moralement, ils semblent encore tenir le coup (la note de moral des RH s’établissant à 5,9/10 à la fin 2023).

Une charge de travail importante, un stress persistant, de la fatigue… Comme tout le monde me direz-vous ? Sauf que, être professionnel(le) RH, c’est être au service des autres salariés. Et cela peut conduire à négliger son propre bien-être au travail, voire refuser, consciemment ou non, de se plaindre de ses missions ou de ses conditions de travail…

Une situation analogue à celle de ce médecin généraliste, héros du roman « La Maladie de Sachs », qui, à force d’entendre à longueur de consultations le « trop plaint » de ceux qu’il soigne, développe une étrange maladie, entre extrême fatigue, burn-out et dépression. Et personne pour le soigner, lui !

Les professionnels RH, pivots du lien social dans l’entreprise

Un constat inquiétant donc, qui prend tout son sens lorsque l’on réalise que les professionnels RH sont les garants du lien social dans l’entreprise. Facilitateurs, médiateurs voire parfois psychologues… Ils sont le maillon indispensable entre les Directions, les salariés et les représentants du personnel.

Ils sont également en charge de la plupart des dispositifs visant à améliorer le « mieux travailler ensemble » : projets de QVT, de mobilités internes, d’évolution de carrières, entretiens professionnels, et souvent de la communication interne, essentielle pour partager un projet et une vision commune de l’entreprise… 

D’ailleurs, les professionnels RH eux-mêmes revendiquent cette « vocation sociale » de leur métier ! En effet, 76% d’entre eux ont choisi les ressources humaines pour contribuer en priorité au bien-être des salariés.

Il est donc impératif qu’ils puissent exercer leur métier dans des conditions optimales ! 

Quelles sont alors les sources de tension actuelles chez les gestionnaires et responsables RH, et qui les exposent au burn-out ?

Des missions variées, entre technique, humain, opérationnel et stratégique…

Première cause de stress et de mal-être, les attentes qui pèsent sur les professionnels RH.

Même si la plupart de leurs missions restent opérationnelles et administratives : tableaux de bord RH, bilans sociaux, gestion de la paie, plan de développement des compétences, et que, bien souvent, ces missions sont réparties entre plusieurs collaborateurs RH dans les grandes entreprises, il n’en demeure pas moins que les RH jonglent continuellement entre des tâches techniques, juridiques et humaines, répondant ainsi aux différentes attentes des parties prenantes en interne. 

Cette dichotomie constante entre le « R » de Ressources et le « H » de Humain est de nature à générer à lui seul un stress conséquent. Connaissez-vous une autre profession qui, le matin, peut conduire trois entretiens de recrutement, l’après-midi, produire et commenter un bilan social, et en fin de journée, réviser ligne par ligne les clauses d’un contrat de travail pour un salarié imaptrié ?

Autre source de stress possible, la nécessité de jongler entre les aspects opérationnels et stratégiques. Alors que les salariés réclament une approche individuelle et « de terrain » de la fonction RH, à travers la conduite des entretiens professionnels ou les échanges sur les plans de formation par exemple, les Directions d’entreprise exigent quant à elles des professionnels RH une vision plus stratégique et prospective : quels recrutements prévoir ? Quel bilan social ? Quelle masse salariale ? Sans compter cette dimension de Business Partner qui positionne les professionnels RH comme contributeurs de la performance économique de l’entreprise, et les invite à produire encore plus de données chiffrées et autres KPI…

Ces multiples attentes, ces nombreux rôles à assumer ainsi que cette dualité « terrain/stratégie » des RH peut les conduire à un épuisement professionnel, car elles requièrent des compétences distinctes, et ne s’envisage pas sur le même terme. Les RH doivent ainsi, plus que toute autre fonction de l’entreprise, arbitrer continuellement entre l’urgent, le court terme et la prospective à long terme.

… Mais un rôle stratégique parfois sous-estimé

Malgré leur contribution à la bonne marche et à la performance des entreprises, la reconnaissance du rôle des RH demeure en demi-teinte : en effet, 80 % d’entre eux considèrent cette reconnaissance comme essentielle pour leur engagement, mais paradoxalement, 54 % ne se sentent pas reconnus par leur hiérarchie. 

La valorisation de leur rôle dans les organisations constitue donc un enjeu majeur pour leur engagement et leur épanouissement professionnel.

Des métiers RH impactés par la digitalisation et l’automatisation

Comme de nombreux autres métiers, les RH sont aussi affectés par la digitalisation et l’automatisation de leurs process. Si cela peut être perçu positivement, comme un gain de temps dans le cas de certaines fonctions RH (la gestion de la paie, des absences ou le recrutement par exemple grâce à de nouveaux outils de SIRH), cela ne semble pas alléger la charge de travail des professionnels RH. 31 % des RH affirment d’ailleurs que leur équilibre vie professionnelle / vie privée s’est dégradé en 2023. 

Il faut dire que, compte tenu de l’évolution permanente de la réglementation (réforme des retraites, mise en place du télétravail puis politique de « retour au bureau », réforme de l’assurance chômage, réflexion sur les rémunérations avec la mise en place de la PPV, dialogue social avec le renouvellement du CSE…) et les changements liés à l’actualité (difficultés de recrutement, négociations sur les salaires…), les tâches automatisées sont vite remplacées par de nouvelles missions !

Des professionnels RH à protéger et à valoriser !

Quelles leçons tirer de cette enquête « Professionnels RH, comment allez-vous ? » version 2024 ?

Les professionnels RH sont exigeants envers eux-mêmes, ils contribuent à la performance des entreprises mais se révèlent vulnérables

Il est donc sans doute temps de les considérer, et pas seulement d’un point de vue financier (50% des RH estiment être suffisamment rémunérés). 

La solution réside sans doute dans leur implication accrue dans les décisions stratégiques des entreprises (par exemple lors d’opérations de fusions-acquisitions, les Directions RH se voient de plus en plus sollicitées, car près de 60% des projets de rapprochement d’entreprises échouent pour des questions liées aux RH)

Autre point : envisager un audit du moral des RH au sein de chaque entreprise, afin d’évaluer la charge de travail effective, la satisfaction et la motivation sur les missions menées, et le cas échéant, apporter des correctifs et des améliorations (ajustement à la hausse de l’effectif du service RH, intégration de nouvelles missions de type RSE par exemple, réattribution de tâches…) avant qu’il ne soit trop tard et que les RH ne deviennent elles-mêmes les victimes des burn-out qu’elles combattent au quotidien !

À propos de l’auteur

Hervé RIOCHE, Responsable Marketing Communication de GERESO