Face aux vagues de chaleur qui ne cessent de toucher la France, lāon peut se demander quels sont les droits des salariĆ©s (ne pas travailler si absence de climatisation ?) et quels sont ceux des employeurs. Un point sur les obligations lĆ©gales au travail face Ć la canicule en quelques questions rĆ©ponses.Ā
Peut-on demander Ć ne pas travailler en cas de canicule en France ?
Oui et Non. Contrairement Ć lāAllemagne (qui considĆØre quāau-dessus de 35Ā°C, lāemployeur doit pousser ses employĆ©s Ć rester chez eux), le Code du travail franƧais ne prĆ©cise pas le seuil de tempĆ©rature Ć partir duquel il serait dangereux de travailler.
Toutefois, lāInstitut national de recherche et de sĆ©curitĆ© (INRS) souligne que āla chaleur peut constituer un risque pour les salariĆ©s (ā¦) au-delĆ de 30Ā°C pour une activitĆ© sĆ©dentaire, et 28Ā°C pour un travail nĆ©cessitant une activitĆ© physique Ā» (travail sur les chantiersā¦). Et au-dessus de 33Ā°C, le travail Ā« prĆ©sente des dangers.ā
Ainsi, si une situation de travail prĆ©sente un Ā« danger grave et imminent Ā» pour la vie ou la santĆ© d’un salariĆ© ou bien si un collaborateur constate un dĆ©faut Ā« dans les systĆØmes de protectionĀ» (art. L. 4131-1 du Code du travail), il est en droit dāexercer son droit de retrait. Pour cela, il doit immĆ©diatement avertir lāemployeur de cette situation Ć risque et se retirer dāune telle situation (avec maintien de salaire).
Attention, sans justification ni motif raisonnable, lāemployeur peut contester lāexercice de ce droit.
Il est Ć©galement conseillĆ© d’alerter le reprĆ©sentant du personnel ou le ComitĆ© social et Ć©conomique (CSE) pour sāassurer de disposer dāun Ā« motif raisonnable Ā».
Lāemployeur a-t-il des obligations de āsĆ©curitĆ© au travailā en cas de fortes chaleurs ?
Oui. Les employeurs sont obligĆ©s dāappliquer certaines mesures pour āassurer la sĆ©curitĆ© et protĆ©ger la santĆ© physique et mentale des travailleursā (art. L.4121-1 du Code du travail).
L’employeur est Ć©galement tenu dāadapter ces mesures en cas de changement de circonstance, telles que lāapparition de fortes tempĆ©ratures au sein de lāespace de travail par exemple.
Le Code du travail prĆ©cise alors quelques obligations de lāemployeur en la matiĆØre. Il doit, entre autres :
- Mettre Ć la disposition des travailleurs de lāeau potable et fraĆ®che pour la boisson : ālāemployeur dĆ©termine lāemplacement des postes de distribution des boissons Ć proximitĆ© des postes de travail et dans un endroit remplissant toutes les conditions dāhygiĆØne et de conservation. Lorsque des conditions particuliĆØres de travail amĆØnent les salariĆ©s Ć se dĆ©saltĆ©rer frĆ©quemment, lāemployeur doit leur mettre Ć disposition au moins une boisson non alcoolisĆ©eā.
- Mettre en place, dans les locaux fermĆ©s, une ventilation correcte et conforme Ć la rĆ©glementation. Mais la loi nāoblige pas lāemployeur Ć installer un dispositif de climatisation !
- Fournir aux salariƩs des moyens de protection contre les fortes chaleurs et/ou de rafraƮchissement.
- AmĆ©nager les horaires de travail : dĆ©but d’activitĆ© plus matinal, suppression des Ć©quipes l’aprĆØs-midiā¦ (suivant les recommandations du plan canicule).
- Organiser des pauses supplƩmentaires et/ou plus longues aux heures les plus chaudes de la journƩe, si possible dans une salle plus fraƮche.
Quelles sont les mesures Ć prendre sur le lieu de travail en cas de fortes chaleurs ?
Comme expliquĆ© par la CFDT, mĆŖme si elles nāont pas un caractĆØre obligatoire, des mesures prĆ©ventives simples et efficaces permettent de remĆ©dier aux effets de la chaleur :
- Travailler de prƩfƩrence aux heures les moins chaudes.
- Effectuer une rotation des tĆ¢ches avec les postes les moins exposĆ©s.
- Augmenter la frƩquence des pauses.
- Limiter le travail physique.
- Installer des sources dāeau fraĆ®che Ć proximitĆ© des postes de travail.
- AmĆ©nager des aires de repos climatisĆ©es ou des zones dāombreā¦
Par ailleurs, lāemployeur est tenu de respecter les recommandations prescrites dans le cadre du plan national canicule.
En cas dāalerte rouge lancĆ©e par MĆ©tĆ©o France sur le dĆ©partement du lieu de travail, comme expliquĆ© sur le site Ć©conomie gouvernement, lāemployeur doit procĆ©der Ć une rĆ©Ć©valuation quotidienne des risques encourus par chacun des salariĆ©s en fonction :
- De la tempƩrature et de son Ʃvolution en cours de journƩe.
- De la nature des travaux devant ĆŖtre effectuĆ©s, notamment en plein air ou dans des ambiances thermiques prĆ©sentant dĆ©jĆ des tempĆ©ratures Ć©levĆ©es, ou comportant une charge physique.
- De lāĆ¢ge et de lāĆ©tat de santĆ© des travailleurs.
En fonction de cette rĆ©Ć©valuation des risques, il doit procĆ©der Ć :
- LāamĆ©nagement de la charge de travail, des horaires et plus gĆ©nĆ©ralement de lāorganisation du travail qui doivent ĆŖtre ajustĆ©s pour garantir la santĆ© et la sĆ©curitĆ© des travailleurs pendant toute la durĆ©e de la pĆ©riode de vigilance rouge.
- La liste des salariĆ©s bĆ©nĆ©ficiant du tĆ©lĆ©travail doit ĆŖtre rĆ©examinĆ©e, en prĆŖtant une attention particuliĆØre aux femmes enceintes, aux personnes souffrant de pathologies chroniques ou en situation de handicap, etc.
Enfin, dāautres dispositions spĆ©cifiques et propres Ć certains secteurs dāactivitĆ© sont prĆ©vues. Cāest par exemple le cas, pour les salariĆ©s des entreprises de bĆ¢timent et de travaux publics, pour lesquels lāemployeur peut dĆ©cider, en cas dāintempĆ©ries et aprĆØs avis du comitĆ© social et Ć©conomique, de lāarrĆŖt du travail (Art L.5424-9 C.trav.).