VĂ©hicule de l’entreprise : qui doit payer les contraventions ?

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La gestion de vos salariés soulève des questions pour lesquelles vous n’avez pas toujours la réponse ?

Malgré les informations réglementaires à votre disposition, vous manquez de temps ou vous avez des doutes sur l’application des textes ?

DĂ©couvrez un exemple concret de question RH issu du service « Accompagnement juridique RH Â» des Éditions Tissot.

Profil de l’entreprise

Effectif de l’entreprise : plus de 50 salariés

Convention collective concernée par la demande : Convention collective nationale des hôtels, cafés, restaurants – IDCC 1979

Question RH

Bonjour,

Certains de nos salariés bénéficient de véhicules de service et nous recevons de plus en plus d’amendes… Nous souhaiterions effectuer des retenues sur salaire correspondant au montant des contraventions ; est-ce possible ?

Merci

Réponse apportée par l’équipe « Accompagnement juridique RH » des Éditions Tissot

Bonjour Madame,

Voici les réponses que nous pouvons apporter à votre question relative au paiement des contraventions pour infraction au Code de la route.

On distingue les amendes de stationnement et de circulation, mais il est toujours interdit d’effectuer une retenue sur salaire du montant d’une amende.

Infractions au stationnement

Les infractions concernant le stationnement punies d’une amende sont de la responsabilitĂ© du titulaire de la carte grise, « Ă  moins qu’il n’Ă©tablisse l’existence d’un Ă©vĂ©nement de force majeure ou qu’il ne fournisse des renseignements permettant d’identifier l’auteur vĂ©ritable de l’infraction » (C. route, art. L. 121-2).

L’employeur, s’il est propriĂ©taire du vĂ©hicule, est donc pĂ©nalement responsable et a l’obligation de payer les amendes. Il lui est toutefois facile de communiquer aux services de police l’identitĂ© du conducteur et de renvoyer les procès-verbaux Ă  l’intĂ©ressĂ©.

Pour Ă©viter toute difficultĂ©, il est recommandĂ© Ă  l’employeur :

•   de prĂ©ciser dans la charte d’utilisation des vĂ©hicules de fonction que le salariĂ© doit chercher Ă  Ă©viter les infractions et, s’il ne l’a pas pu, acquitter ses contraventions de stationnement ;

•   et/ou d’apporter la mĂªme prĂ©cision dans le contrat de travail ou son avenant Ă©tabli au moment de la remise du vĂ©hicule.

Rien ne lui interdit, par ailleurs, d’infliger, en cas d’abus, des sanctions disciplinaires telles que blĂ¢me, avertissement, voire mise Ă  pied.

Infractions au Code de la route

En revanche, c’est le salariĂ© conducteur du vĂ©hicule de l’entreprise qui est pĂ©nalement responsable de l’infraction au Code de la route commise pendant ses dĂ©placements professionnels et qui s’expose Ă  un retrait Ă©ventuel de points de son permis de conduire (C. route, art. L. 121-1). Pour la plupart de ces faits, il existe d’ailleurs une obligation de dĂ©nonciation par l’employeur. 

En effet, depuis une loi de 2016, lorsque l’entreprise met l’un des vĂ©hicules, immatriculĂ©s Ă  son nom, Ă  la disposition d’un salariĂ©, l’article L. 121-6 du Code de la route impose Ă  celle-ci, en cas d’infraction routière, de rĂ©vĂ©ler aux autoritĂ©s de police l’identitĂ© et l’adresse de la personne physique qui conduisait ce vĂ©hicule. 

L’entreprise en est dispensĂ©e si elle Ă©tablit l’existence d’un vol, d’une usurpation de plaques d’immatriculation ou de tout autre Ă©vĂ©nement de force majeure.

Il s’agit des infractions relatives :

·         au port d’une ceinture de sĂ©curitĂ© ;

·         Ă  l’usage du tĂ©lĂ©phone tenu en main ;

·         Ă  l’usage de voies et chaussĂ©es rĂ©servĂ©es Ă  certaines catĂ©gories de vĂ©hicules ;

·         Ă  la circulation sur les bandes d’arrĂªt d’urgence ;

·         au respect des distances de sĂ©curitĂ© ;

·         au franchissement et au chevauchement des lignes continues ;

·         aux signalisations imposant l’arrĂªt des vĂ©hicules ;

·         aux vitesses maximales autorisĂ©es ;

·         au dĂ©passement ;

·         Ă  l’engagement dans l’espace compris entre les deux lignes d’arrĂªt Ă  un feu de signalisation, rĂ©servĂ© aux cycles et cyclomoteurs ;

·         au port du casque pour les usagers de deux roues, trois roues, quadricycles ;

·         Ă  l’obligation d’Ăªtre couvert par une assurance garantissant la responsabilitĂ© civile.

L’employeur dispose de 45 jours Ă  compter de l’envoi ou de la remise de l’avis de contravention pour transmettre ces informations soit par lettre recommandĂ©e avec demande d’avis de rĂ©ception, soit de façon dĂ©matĂ©rialisĂ©e (arrĂªtĂ© du 15 dĂ©cembre 2016). Le dĂ©lai de 45 jours dĂ©bute bien Ă  la date d’envoi ou de remise, et non Ă  la date d’édition de l’avis (Cass. crim., 9 novembre 2021, n° 20-85.020).

À l’intérieur de ce délai de 45 jours, l’employeur doit donner :

  • soit l’identitĂ© et l’adresse du conducteur ;
  • soit les Ă©lĂ©ments permettant d’établir l’existence d’un vol, d’une usurpation de plaques ou tout autre Ă©vĂ©nement de force majeure.

Deux modes de transmission s’offrent à l’employeur :

  • par lettre recommandĂ©e avec demande d’avis de rĂ©ception ;
  • ou de façon dĂ©matĂ©rialisĂ©e sur le site www.antai.gouv.fr.

Par lettre recommandée avec accusé de réception

S’il retient cette option, l’employeur doit remplir le formulaire qui est joint à l’avis de contravention.

Il est prĂ©cisĂ© que toute fausse dĂ©claration expose le reprĂ©sentant de la personne morale ainsi que la personne morale elle-mĂªme Ă  des poursuites pĂ©nales.

L’employeur doit également préciser la référence du permis de conduire de la personne qui était présumée conduire le véhicule lorsque l’infraction a été constatée.

En cas de vol, usurpation de plaques ou tout autre événement de force majeure, l’employeur doit joindre à son envoi, selon les cas :

  • la copie du rĂ©cĂ©pissĂ© du dĂ©pĂ´t de plainte pour vol ou destruction du vĂ©hicule ;
  • ou, pour le dĂ©lit d’usurpation de plaques d’immatriculation, la copie de la dĂ©claration de destruction de vĂ©hicule ;
  • ou les copies de la dĂ©claration de cession du vĂ©hicule et de son accusĂ© d’enregistrement dans le système d’immatriculation des vĂ©hicules ;
  • ou une dĂ©claration motivĂ©e expliquant tout autre Ă©vĂ©nement de force majeure, accompagnĂ©e, le cas Ă©chĂ©ant, de documents justificatifs.

Transmission par voie dématérialisée sur le site www.antai.gouv.fr

Sur le site www.antai.gouv.fr, l’employeur indique, sur le formulaire en ligne, les informations figurant sur l’avis de contravention. Cette transmission produit les mĂªmes effets que l’envoi de la LRAR.

Il précise la référence du permis de conduire de la personne qui était présumée conduire le véhicule lorsque l’infraction a été constatée.

En cas de vol, usurpation, etc., il transmet de façon numĂ©risĂ©e, selon les formats indiquĂ©s sur le site, les mĂªmes Ă©lĂ©ments que l’envoi par LRAR.

Il peut également mentionner dans le formulaire en ligne les éléments justifiant la survenance de tout autre événement de force majeure.

Un accusé d’enregistrement de la transmission téléchargeable et imprimable est présenté automatiquement lorsque l’employeur valide et envoie les informations demandées.

S’il ne remplit pas ces obligations, l’employeur encourt une amende de 750 euros (amende de 4e classe). L’entreprise personne morale peut Ă©galement Ăªtre poursuivie (cass. crim., 11 dĂ©cembre 2018, n° 18-82.628).

Nous vous joignons un modèle de « note d’information sur les contraventions pour infraction routières ».

Le salarié doit donc régler directement le montant des amendes dont il est responsable. Mais en aucun cas l’employeur ne peut opérer de retenue sur salaire car cette pratique est illégale.

Un employeur ne peut pas obliger un salariĂ© Ă  lui rembourser les amendes qu’il a rĂ©glĂ©es pour des infractions (stationnement irrĂ©gulier et excès de vitesse) commises lors de la conduite du vĂ©hicule professionnel mis Ă  la disposition de ce salariĂ©, mĂªme si le contrat de travail le stipule. Il ne peut pas pratiquer de retenues sur son salaire. Seule la faute lourde du salariĂ© permet Ă  l’employeur d’engager sa responsabilitĂ© pĂ©cuniaire (Cass. soc., 17 avril 2013, n° 11-27.550).

Enfin, sachez que lorsque l’employeur rembourse les amendes Ă  la charge de ses salariĂ©s suite Ă  une infraction routière, ce paiement est assimilĂ© Ă  un avantage en nature, et le montant pris en charge doit Ăªtre intĂ©grĂ© dans l’assiette des cotisations sociales. Aucune exonĂ©ration sociale n’est alors attribuĂ©e (Cass. civ. 2e, 9 mars 2017, n° 15-27.538, et 14 fĂ©vrier 2019, n° 17-28.047).

​​Souhaitant avoir répondu à votre question et restant à votre disposition pour toute précision que vous souhaiteriez nous voir vous apporter.
​
Bonne journée,
​Très cordialement,

L’Ă©quipe accompagnement juridique RH des Éditions Tissot.

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